Le trail devient spectacle : les Golden Trail Series en pleine mutation
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Lancée en 2018 par Salomon, la Golden Trail World Series (GTWS) avait une promesse simple : offrir un circuit international de courses courtes mais ultra-techniques, avec les meilleurs traileurs mondiaux et un storytelling dynamique.
Au fil des années, ce format explosif a séduit par sa lisibilité : des épreuves d’environ 20 à 40 km, des profils nerveux, une diffusion facile à suivre.
Mais depuis quelque temps, le ton change.
La série s’éloigne de ses racines. Certaines épreuves historiques ont été écartées. D’autres, plus accessibles aux caméras et au public, sont préférées. La priorité semble être donnée à la retransmission TV, au formatage des parcours (boucles, centres-villes, arrivées spectaculaires)… et à la médiatisation des athlètes stars.
Le partenariat entre Salomon et Warner Bros Discovery, officialisé en avril 2025, en est la preuve : l’ambition est de transformer le trail en sport-spectacle grand public, avec caméras drones, documentaires, diffusion sur Eurosport et vidéos calibrées pour les réseaux.
Rémi Bonnet quitte le navire : un désaccord assumé
C’est dans ce contexte que Rémi Bonnet, l’un des plus grands noms du circuit, a annoncé qu’il ne viserait plus le classement général des Golden Trail Series après 2025. Dans le podcast Dans la tête d’un coureur, puis lors d’un échange téléphonique, il a expliqué sa décision :
« Ils enlèvent certaines courses pour en privilégier d’autres, plus courtes, ou avec des boucles. Ce n’est pas mon truc. »
Champion suisse connu pour sa puissance en montée et sa polyvalence, Bonnet a déjà presque tout gagné… sauf Sierre-Zinal. Mais plus que le palmarès, c’est l’évolution du circuit qui le déçoit. Il ressent une perte de motivation, le besoin de se reconnecter à la pratique pure, loin des impératifs télévisuels.
Son départ sonne comme un signal : quand l’un des coureurs les plus médiatiques refuse de continuer, c’est que quelque chose ne tourne plus rond.
Spectacle ou authenticité ? Les autres circuits montrent d’autres voies
La GTWS n’est pas seule sur la scène mondiale. Et face à sa volonté de séduire les écrans, d’autres circuits défendent d’autres visions du trail :
– L’UTMB World Series, piloté par Ironman, joue la carte de l’ultra. Longs formats, émotions extrêmes, territoires mythiques. Ici aussi, la médiatisation est forte… mais l’effort reste central. Les courses comme l’UTMB, la Diagonale des Fous ou la Transgrancanaria misent sur la durée, le dépassement, la solitude. Ce n’est pas un format aussi « vendable » que du 30 km explosif, mais c’est un récit plus profond.
– Le Skyrunning World Series reste fidèle à ses origines : pentes raides, terrains techniques, haute montagne, peu de public. Ce circuit résiste à la logique marketing en mettant en avant la technicité et l’engagement plus que la visibilité.
– D’autres formats hybrides émergent aussi : le TORX, les 100 Miles du Sud-Ouest, ou encore la Chartreuse Terminorum (style Barkley) proposent des défis atypiques, presque underground, qui séduisent une communauté lassée des formats trop propres.
En comparaison, le Golden Trail Series semble de plus en plus s’éloigner du trail de terrain pour devenir un produit audiovisuel, calibré pour le scroll ou la télé, au risque de perdre son âme.
Conclusion : peut-on médiatiser sans trahir ?
Le succès médiatique d’un sport ne se discute pas : plus de visibilité, c’est plus de sponsors, plus de reconnaissance, plus de moyens. Mais le trail est-il fait pour devenir un show ? Peut-on concilier caméras et cols isolés, drones et authenticité, réseaux sociaux et silence de la montagne ?
Le retrait de Rémi Bonnet est peut-être un avertissement. Si les organisateurs veulent conquérir le grand public, il faudra réinventer le modèle sans effacer ce qui fait l’essence du trail : la liberté, l’engagement, la nature, et la vérité de l’effort.
Découvrez notre dossier complet : Golden Trail Series – le circuit mondial qui redéfinit le trail running, un article de fond analysant les origines, le format, les stars, les enjeux, et l’évolution spectaculaire (et parfois controversée) de ce circuit emblématique.
Résumé
Les Golden Trail Series, circuit phare du trail court soutenu par Salomon, prennent un tournant médiatique avec un partenariat signé avec Warner Bros. Objectif : transformer le trail en spectacle international. Mais ce virage commercial ne plaît pas à tous : Rémi Bonnet, l’une des figures emblématiques du circuit, annonce qu’il ne visera plus le classement général après 2025, dénonçant un format trop calibré pour la télévision. Comparé aux circuits comme l’UTMB ou le Skyrunning, la GTWS semble sacrifier l’authenticité du trail sur l’autel du show.
FAQ – Tout comprendre sur la polémique autour des Golden Trail Series
Qu’est-ce que les Golden Trail Series ?
C’est un circuit international lancé par Salomon qui regroupe des courses de trail courtes (20 à 40 km), techniques et spectaculaires, avec les meilleurs athlètes mondiaux.
Pourquoi parle-t-on d’un virage commercial ?
La série mise de plus en plus sur la retransmission télé et les formats courts, au détriment de certaines courses historiques. Le partenariat avec Warner Bros. vise à médiatiser encore plus le circuit, via Eurosport et des contenus vidéos grand public.
Pourquoi Rémi Bonnet quitte-t-il le circuit ?
Le traileur suisse critique l’orientation prise par la GTWS, qu’il juge trop tournée vers le formatage pour les caméras. Il préfère désormais explorer d’autres courses plus longues et plus authentiques.
Comment la GTWS se compare-t-elle aux autres circuits ?
Contrairement à l’UTMB World Series (axé ultra-endurance) ou au Skyrunning (très technique), la GTWS cherche à séduire un public plus large avec des formats plus courts et plus « TV-friendly ».
Ce changement est-il bénéfique pour le trail ?
Il pourrait permettre à la discipline de gagner en visibilité, mais risque aussi de faire fuir les puristes et les coureurs attachés à l’esprit d’origine du trail.