Le trail est un sport devenu massif, donc un sport où ça râle… comme partout
Il suffit d’observer ce qui se passe depuis trois ou quatre ans pour comprendre pourquoi les débats s’enflamment. Le trail d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui d’avant le covid. Avec l’arrivée du PPS, la professionnalisation des organisations et l’explosion des inscriptions, on est passé d’un sport confidentiel à un phénomène de société. Résultat logique : quand les foules grandissent, les comportements se diversifient. Et oui, ça râle. Pas plus qu’ailleurs, pas moins non plus. Simplement autant que dans n’importe quel domaine devenu populaire.
Les listes d’attente interminables, les dossards qui disparaissent en quelques minutes, les majors UTMB qui affichent complet dès la pré-ouverture… Tout cela crée un rapport différent entre le coureur et l’événement. Celui qui a eu du mal à s’inscrire n’est plus juste un passionné : c’est un participant qui a “payé sa place” et veut que l’expérience soit à la hauteur.
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Quand on paie un dossard, on paie un service : l’exigence fait partie du contrat
Il y a un point que beaucoup ont tendance à oublier : une course, aujourd’hui, ce n’est plus seulement un dossard et une ligne de départ. C’est une prestation complète. Balisage, sécurité, ravitaillements, gestion météo, communication, prise en charge en cas d’incident… Ce sont des éléments que les coureurs n’ont pas inventés. Ce sont les organisations qui les ont mis au centre de leur communication, de leur tarif, de leur identité.
Dès lors, est-ce vraiment surprenant que les traileurs réclament un minimum de cohérence ? Si un ravitaillement manque d’eau, s’il y a un problème de balisage, si une annonce météo n’est pas suivie d’ajustements, l’organisation ne peut plus se retrancher derrière l’argument “le trail, c’est l’aventure”. Quand on vend une expérience, on assume la promesse. Dire que “les coureurs n’ont qu’à connaître leur niveau” devient trop simple, trop commode, presque injuste.
Puristes contre nouveaux pratiquants : un débat qui masque la réalité
On entend souvent les puristes expliquer que “c’était mieux avant”. On pouvait courir avec un short, une frontale et un casse-croûte. On pouvait partir sans technologie, sans textile technique, sans pack d’inscription premium. Ces discours ont une part de vérité, mais ils ne décrivent plus le monde dans lequel le trail évolue.
Le marché a changé et, qu’on le veuille ou non, il a poussé tout le monde à évoluer. Qui sort une nouvelle montre GPS tous les ans ? Qui met en avant les packs “expérience premium” ? Qui propose des vidéos officielles, des dossards VIP, des t-shirts techniques numérotés ? Ce ne sont pas les coureurs. Ce sont les marques et les organisateurs. Les traileurs suivent le mouvement parce que le mouvement est global. Les blâmer pour cela revient à reprocher aux consommateurs de consommer alors que tout est fait pour les y inciter.
Un écosystème complet vit de cette consommation — et personne ne veut revenir en arrière
Les marques de chaussures, les boutiques spécialisées, les coachs, les médias, les photographes, les stations de montagne, les destinations touristiques : tout le monde vit du dynamisme actuel. Il est donc incohérent de demander aux traileurs d’être minimalistes alors que tout l’écosystème se nourrit de l’enthousiasme, des achats, des voyages et des inscriptions.
Il n’y a pas de “bons” ou de “mauvais” traileurs. Il y a un sport devenu massif, et donc un public qui se comporte comme n’importe quel public face à un produit qu’il achète.
Les bénévoles insultés : le tabou qu’on refuse d’ouvrir
C’est probablement le sujet le plus sensible. À chaque polémique, on entend : “les bénévoles se font insulter, les coureurs sont ingrats”. Personne ne contestera que c’est inacceptable. Mais il faut aussi oser regarder la structure elle-même.
Un événement payant, parfois très lucratif, repose en grande partie sur des personnes non rémunérées, non formées, parfois placées en première ligne dans des situations à forte tension. Dans n’importe quel autre secteur, on embaucherait des personnes qualifiées, capables de gérer les flux, les crises, les comportements difficiles. Ici, on s’en remet à la bonne volonté de citoyens qui donnent de leur temps.
Ce n’est pas un problème moral, c’est un problème structurel. Si l’on veut un sport mature, avec des standards professionnels, peut-être faudra-t-il accepter l’idée que certains postes doivent être professionnalisés. Pas pour remplacer les bénévoles, mais pour les protéger.
En résumé, le trail ne perd pas son âme, il change de dimension
Il n’y a pas une seule dérive, pas un seul coupable. Il y a un sport qui grandit, qui se transforme, qui attire une population toujours plus large. Quand un sport devient massif, il devient un produit de consommation. C’est inévitable. Ce n’est ni une trahison, ni une fatalité. C’est simplement l’évolution logique d’une discipline devenue centrale dans le paysage sportif français.
Les traileurs ne sont pas plus râleurs que les autres. Ils vivent en 2025. Ils paient, ils s’équipent, ils voyagent, ils s’inscrivent à des courses qui affichent complet en quelques minutes. Ils ne sont pas différents des spectateurs d’un concert, des clients d’un parc d’attractions ou des skieurs qui achètent un forfait journée.
Le trail n’a pas perdu son âme. Il a simplement cessé d’être un refuge isolé. C’est devenu une industrie, une culture, un marché, un produit. Et les traileurs, qu’on le veuille ou non, sont désormais des consommateurs comme les autres.
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Mention : Cet article fait suite à des échanges récents avec un journaliste autour de l’évolution des relations entre coureurs et organisations.






