L’essence même du Trail est un sport de liberté en pleine connexion avec la nature. À l’image un peu du surf, c’était presque un sport marginal pour les fous qui étaient prêt à courir des heures en pleine montagne. Pourtant depuis quelques années, on aperçoit un profil de coureurs qui devient de plus en plus majoritaire. Ces derniers manquent terriblement de fraicheur, ils pratiquent ce sport comme un expert-comptable qui fait un bilan. Sans passion, sans saveurs.
Les coureurs du type de Courtney Dauwalter ou de Jim Walmsley, qui se permettent de la folie dans leurs gestions de course, se font de plus en plus rare.
Aujourd’hui, tout est anticipé, prévu, calculé. L’aventure et le risque fondent comme le plaisir de la découverte.
La grande majorité des coureurs fait des tas de recos avant la course. Si bien que le jour J, il n’y a absolument aucune place au hasard. Les assistants sont placés au mètre près et le ravitaillement est calculé à la calorie. En amont, on aura également prévu le matériel adéquat au profil des sentiers traversés.
L’aventure passe au second plan, au profit de la performance.
Preuve en est du succès des challenges connectés.
Pendant les différents confinements où les courses étaient annulées les unes après les autres, un nouveau type de course a vu le jour : les challenges connectés. Exemple parfait de l’aseptisation du Trail. En effet, dans ces formules, les coureurs ne se croisent pas et il n’y a donc plus d’interactions sociales. Aussi le plaisir disparait et le seul le chrono compte. On se moque bien d’une éventuelle histoire de course où par exemple le vainqueur refait son retard dans le dernier km et rattrape le premier pour finir la course avec lui. Ce qui compte ce sont les CHIFFRES.
Strava, en société innovante, a bien senti le vent tourner.
C’est pour cette raison qu’elle prépare chaque année son éternel « bilan de l’année ». Une masturbation du cerveau où viennent se mêler le nombre total des km, le nombre de sorties, le nombre de dénivelé, le nombre de jours de repos, etc.
les clubs d’athlétisme peinent à recruter des licenciés
Enfin, de nombreux coachs proposent des formules d’entrainement personnalisés et cela séduit de plus en plus. Si bien que les clubs d’athlétisme peinent à recruter des licenciés. La convivialité et les interactions sociales ne sont plus un objectif pour le traileur. Il lui faut désormais des outils qui lui sont propres et peu importe s’il s’isole de plus en plus.
En continuant à oublier le plaisir, au profit de la performance, le trail perd de son identité pour devenir un sport qui n’a absolument plus rien à voir à ce qu’il était à ses débuts. Nous sommes probablement au début de la professionnalisation de ce sport.
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