Depuis plusieurs années, l’ultra-trail ne cesse de repousser les limites de l’endurance humaine, mais cette surenchère soulève des questions sur la véritable nature de ces défis. Le Tor des Géants, une course emblématique de 330 km et 24 000 mètres de dénivelé positif dans la vallée d’Aoste, incarne cette tendance. Pour beaucoup, il fait même passer l’UTMB pour un “échauffement”. Cette année, le retour de François D’Haene, après une longue absence, ajoute un nouvel éclairage à ce phénomène.
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Le Tor des Géants, une course hors norme qui défie l’UTMB
Depuis sa création en 2010, le Tor des Géants est devenu une course incontournable pour les amateurs d’ultra-endurance. Comparé à l’UTMB, déjà considérée par certains comme une épreuve extrême avec ses 170 km, le Tor des Géants semble d’une autre dimension. Avec ses 330 km et 24 000 mètres de D+, cette course fait passer l’UTMB pour une simple mise en jambe. D’ailleurs, certains traileurs abordent l’UTMB comme une préparation à ce défi surhumain.
Ce phénomène ne s’arrête pas là. En 2019, les organisateurs ont ajouté une épreuve encore plus impressionnante : le Tor des Glaciers, 450 km pour 32 000 mètres de dénivelé. Cette course réservée à un nombre limité de participants est le symbole ultime de cette surenchère. Face à des parcours toujours plus longs et exigeants, il est légitime de se demander si le trail ne s’éloigne pas de ses racines, qui valorisaient l’effort, la connexion à la nature, et le dépassement de soi, au profit d’une quête incessante de records et de performances extrêmes.
François D’Haene : le retour du géant des sentiers
Cette édition 2024 du Tor des Géants marque aussi le grand retour de François D’Haene sur la scène internationale après une longue absence due à une blessure sérieuse en 2022. Le multiple vainqueur de l’UTMB et de la Diagonale des Fous a subi une triple fracture de la cheville, le forçant à une rééducation exigeante qui l’a tenu éloigné des courses majeures. Mais il est désormais de retour, plus motivé que jamais pour affronter ce défi monumental.
D’Haene a toujours été attiré par l’inédit et le dépassement de soi, et il voit dans le Tor des Géants un terrain de jeu à la hauteur de ses aspirations. Cependant, malgré son palmarès impressionnant, il sait que cette course représente un défi sans précédent, tant par sa longueur que par les conditions extrêmes qu’elle impose, notamment la gestion du sommeil et des conditions météorologiques difficiles.
Une course qui re pousse les limites du corps humain
Le Tor des Géants n’est pas seulement une course de 330 km, c’est aussi une véritable épreuve d’endurance mentale. Les coureurs doivent traverser 25 cols à plus de 2 000 mètres, grimper jusqu’à 3 300 mètres d’altitude, tout en gérant de longs moments en autonomie partielle. Avec une limite de 150 heures pour terminer la course, la gestion du repos et des ravitaillements devient une science à part entière.
François D’Haene, de retour après sa blessure, est parfaitement conscient des risques inhérents à ce type d’épreuve. Il a d’ailleurs axé sa préparation sur des aspects souvent négligés comme la gestion du sommeil, entouré d’experts pour optimiser ses performances. Son retour symbolise non seulement la ténacité du champion, mais aussi l’évolution de l’ultra-trail vers des formats toujours plus extrêmes.
Le Tor des Géants : une caricature d’ultra-trail ?
Au fil des années, des voix se sont élevées pour critiquer cette surenchère dans l’ultra-trail. Certains estiment que le Tor des Géants et d’autres courses de ce calibre représentent une déviation de l’esprit originel du trail, qui mettait l’accent sur l’effort, la nature et le plaisir. En poussant les limites toujours plus loin, ne risque-t-on pas de transformer l’ultra-trail en une compétition où seuls les élites peuvent participer, au détriment d’une communauté qui valorisait avant tout la simplicité et le partage ?
Le Tor des Géants, avec ses 330 km, ou encore le Tor des Glaciers, avec ses 450 km, posent cette question de manière aiguë. La distance, le dénivelé et les conditions extrêmes font de ces courses des épreuves d’élite, où les amateurs doivent redoubler de préparation pour ne pas subir ces parcours colossaux. Toutefois, pour des champions comme François D’Haene, ces défis représentent l’essence même de leur motivation : se dépasser, explorer leurs limites, et offrir un spectacle unique à tous les passionnés de trail.
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