Pour tenir 31 jours d’effort à travers les sommets de l’ouest américain, Kilian Jornet a plus misé sur l’huile d’olive que sur les gels énergétiques.
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Kilian Jornet vient de traverser les États-Unis avec une stratégie alimentaire surprenante.
Au guidon d’un vélo gravel, à pied sur les plus hauts sommets, enchaînant les cols, les plateaux, les volcans, les forêts et les déserts. Cinq mille cent cinquante-quatre kilomètres au total, près de cinq cents heures en mouvement, des journées à plus de quatorze heures d’effort, une moyenne de six heures de sommeil par nuit.
Le projet States of Elevation est peut-être le plus complet jamais tenté par Kilian Jornet. Il s’est attaqué à tous les sommets de plus de 4 267 mètres (soit 14 000 pieds) dans les 48 États contigus des États-Unis, en reliant tous ces massifs à vélo. Il a commencé dans le Colorado, poursuivi jusqu’en Californie, puis remonté jusqu’au Mont Rainier, dans l’État de Washington.
Gravel, routes forestières, single tracks, routes désertiques : il a tout connu. Avec ou sans assistance, souvent seul, parfois accompagné de figures comme Lael Wilcox ou Ryan Hall, il a sillonné le Grand Ouest américain comme un pionnier des temps modernes.
9 000 calories par jour : mission impossible sans lipides
Quand on dépense neuf mille calories par jour, les gels énergétiques ne suffisent plus. Kilian l’a bien compris. Son carburant principal ? L’huile. « Olive ou coco, peu importe », dit-il. « Ce qui compte, c’est la densité calorique. »
Concrètement, il ajoutait de l’huile dans ses bidons, avec l’eau. Non pour le goût, mais pour survivre. « Je ne mangeais pas un gel toutes les vingt minutes comme en compétition. Peut-être cinq dans la journée, maximum. L’objectif, c’était de manger réel, de limiter l’inflammation, et de laisser le système digestif au repos. »
Oui, l’huile d’olive. Pas en toast, pas sur une salade. Dans l’eau. À raison de plusieurs cuillères par jour. Une idée qui a fait rire les réseaux sociaux… mais qui se tient.
Pédaler pour vivre, manger pour durer
Pendant trente et un jours, Kilian a vécu un paradoxe très simple : dépenser plus d’énergie qu’il ne pouvait en consommer. L’huile d’olive, dans ce contexte, devient logique. Un litre d’huile apporte plus de 9 000 kcal, là où un gel classique n’en offre que 100 à 200. En réduisant la fréquence des prises, en respectant des cycles alimentaires toutes les quatre heures, il a évité les fringales et limité les troubles digestifs.
Il n’a jamais utilisé autant son vélo, avec plus de 4 200 km roulés. Des chiffres supérieurs au Tour de France. Des jours entiers sur la selle, avec des passages dans la neige, sous des orages, dans des zones désertiques sans ravitaillement. C’est là que les calories lipidiques deviennent vitales.
L’huile d’olive comme symbole d’un ultra minimaliste
Il y a chez Jornet une obsession du dépouillement. De la légèreté. Cette approche minimaliste se retrouve dans tout ce qu’il fait, y compris sa nutrition. Pas de surconsommation. Pas de superflu. Pas de gels surdosés aux promesses marketing. Juste ce qu’il faut. Et souvent, ce qu’il faut se trouve dans une simple bouteille d’huile d’olive.
On se croirait revenu à l’époque des pionniers de l’alpinisme, qui se nourrissaient de graisse et de pain dur pour affronter les éléments. Sauf que cette fois, c’est un des athlètes les plus connectés, les plus médiatisés du monde outdoor qui en fait l’éloge.
“Je dépensais 9 000 calories par jour. Je devais les remplacer. L’huile d’olive, c’est ce qui a fonctionné.”
Cette phrase résume tout. En ultra, la science et la tradition se rencontrent parfois dans une simple cuillère à soupe d’huile.
En résumé, un plaidoyer pour la liberté
Au-delà de la performance sportive, Jornet a aussi profité de cette aventure pour pointer un problème bien américain : l’accès restreint aux montagnes. Dans plusieurs États, les sentiers sont privés, les sommets réservés, les panneaux « no trespassing » omniprésents.
Dans une déclaration très politique, il regrette ce contraste avec l’Europe ou la Scandinavie, où le droit d’accès à la nature reste protégé par la loi. Sur Culebra Peak, par exemple, il a renoncé à grimper. Trop risqué : chasseurs armés, propriété privée, législation obscure.
Ce discours résonne particulièrement à l’heure où les écosystèmes sauvages sont menacés par l’exploitation minière, l’urbanisation ou les restrictions d’accès. Jornet veut garder ces territoires ouverts. Il plaide pour que les espaces sauvages restent publics et accessibles. Il a vu la beauté brute de ces paysages. Et il veut que d’autres puissent, comme lui, en profiter… à condition de venir avec un peu d’huile d’olive.
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