Le Nice Côte d’Azur by UTMB 2025 aurait pu se conclure sur une image de carte postale : des finishers émus sur la Promenade des Anglais, une météo idéale, et des victoires françaises éclatantes.
Mais en marge des performances sportives, un malaise s’est installé.
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Le village des Alpes-Maritimes, Peille, a vu rouge à cause du Nice UTMB.
Son maire, Cyril Piazza, a publiquement dénoncé un chaos généré par les suiveurs de coureurs, allant jusqu’à déclarer qu’il ne voulait « plus jamais entendre parler de l’UTMB ».
Ce coup de colère local n’est pas anodin. Il révèle, une fois encore, une tension bien française dans le monde du trail : celle entre l’explosion de la pratique et la fragilité des territoires qu’elle traverse.
À Peille, un ras-le-bol mis en lumière
Les faits sont clairs. Le village de Peille était identifié comme point de ravitaillement sur le 100 km. Mais selon le maire, une centaine de véhicules ont envahi les rues dès le matin du départ. Stationnements anarchiques, routes bloquées, sécurité compromise : la gendarmerie a dû intervenir, une trentaine de verbalisations ont été dressées, et un véhicule a même fini à la fourrière. « Aucun véhicule de secours n’aurait pu passer pendant quarante minutes », a déclaré l’édile à France 3.
Des réunions avaient bien eu lieu avec la préfecture, mais sans anticipation de ce type d’affluence. Le plus étonnant ? La commune n’était même pas partenaire officiel de l’événement.
La course vers la professionnalisation… et ses dérives
C’est là que le bât blesse : le trail évolue vite, trop vite peut-être. Ce sport, autrefois confidentiel, s’est transformé en vitrine marketing, en rendez-vous élite, en produit touristique. Et avec cette mutation, de nouveaux codes sont apparus : équipes d’assistance, photographes personnels, suiveurs en van ou en scooter, et parfois, des comportements difficilement compatibles avec les valeurs de la discipline.
Comme le souligne le maire de Peille, « ce sont des comportements contre le sport ». Et il n’a pas tort. Quand un événement censé célébrer la nature et l’effort solitaire finit par engorger un village de montagne, la contradiction devient violente.
Faut-il interdire l’assistance ? Kilian Jornet avait prévenu
Le débat sur l’assistance revient régulièrement sur la table, et Kilian Jornet l’avait déjà ouvert. Dans un article publié il y a plusieurs mois, il critiquait le recours systématique aux accompagnants motorisés, plaidant pour un trail plus autonome, plus sobre, plus fidèle à l’esprit montagnard. Il alertait sur les dérives : ravitaillements hors zones officielles, encombrement des sentiers, perte de l’éthique du sport.
Le cas de Peille vient le confirmer. Et la réaction de l’organisation, bien que responsable et pleine de regrets, souligne une réalité : l’assistance, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, n’est plus soutenable.
Un malaise français ?
Ce qui frappe, c’est à quel point ce type de polémique est récurrent en France. À chaque grande course, les critiques pleuvent : sur la cohabitation avec les habitants, les droits d’accès, l’impact sur la faune, les nuisances sonores… Mais dans d’autres pays, ces tensions semblent moins vives. En Espagne par exemple, le trail est un événement communautaire, populaire, presque festif. Aux mondiaux 2023, les Français ont été littéralement humiliés à cause de la culture de la critique permanente qui freinait le développement du trail chez nous.
Le contraste est frappant : quand ailleurs on célèbre, ici on râle. Quand là-bas on s’adapte, ici on dénonce.
Que faire maintenant ?
L’erreur serait de balayer cette affaire d’un revers de main. Ce qui s’est passé à Peille n’est pas un simple accroc logistique, c’est un signal faible, un symptôme, d’une fracture plus large. Entre le trail amateur et le trail ultra-médiatisé. Entre les organisateurs et les territoires. Entre la passion du sport et les réalités de terrain.
Si la discipline veut continuer à grandir sans se dénaturer, elle devra trancher : soit elle cadre plus strictement les assistances, les suiveurs et les flux logistiques ; soit elle risque de perdre peu à peu l’adhésion des territoires. Car sans villages comme Peille, sans bénévoles, sans montagne accueillante, il n’y a pas de trail.
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