Figure mythique du trail running, Kilian Jornet n’est pas seulement reconnu pour ses exploits sportifs : il est aussi une voix influente dans les débats sur l’écologie, l’évolution du trail et les règlements de course. On se souvient de son appel au boycott de l’UTMB pour dénoncer la commercialisation de l’événement, une prise de position qui lui avait valu autant de soutiens que de critiques. Sa sincérité est régulièrement remise en question par certains observateurs, qui estiment que ses engagements ne sont pas toujours en accord avec ses actes.
Dernièrement, c’est sur l’assistance en course que le champion a choisi de s’exprimer, appelant à plus d’autonomie pour les coureurs.
Qu’est-ce que l’assistance en trail ?
Dans le monde du trail running, l’assistance désigne l’aide apportée à un coureur sur des points précis du parcours. Elle peut prendre plusieurs formes :
-
Ravitaillement personnalisé : nourriture, boissons, gels énergétiques, préparés à l’avance pour correspondre aux habitudes du coureur.
-
Matériel : changement de chaussures, ajout ou retrait de vêtements selon la météo.
-
Support moral : encouragements directs, échanges rapides pour remotiver l’athlète dans les moments difficiles.
Cette assistance est souvent assurée par des proches ou une équipe officielle, et elle est strictement encadrée par le règlement des courses. Les points d’assistance sont généralement situés sur des ravitaillements autorisés par l’organisation, et toute aide en dehors de ces zones peut mener à une pénalité, voire à une disqualification.
Le point de vue de Kilian Jornet sur l’assistance en trail
Dans ses dernières déclarations, Kilian Jornet estime que l’assistance a pris trop de place dans certaines compétitions. Selon lui, la discipline devrait évoluer vers un modèle plus autonome, où chaque coureur gère ses besoins alimentaires, son hydratation et son matériel du départ à l’arrivée.
« L’essence du trail, c’est de savoir se débrouiller seul en montagne. Aujourd’hui, certaines courses se transforment en opérations logistiques géantes. Cela change la nature même de l’effort », explique-t-il.
L’athlète catalan met en avant plusieurs arguments :
-
Équité sportive : un coureur avec une équipe expérimentée bénéficie d’un avantage énorme par rapport à un concurrent sans moyens.
-
Impact environnemental : limiter l’assistance, c’est réduire les déplacements en voiture des équipes de soutien.
-
Retour à l’esprit originel : pour Jornet, le trail doit conserver sa dimension d’aventure et de gestion personnelle.
Exemples de formats plus autonomes
Certaines courses ont déjà adopté des formats qui réduisent, voire interdisent, l’assistance. On peut citer :
-
La Diagonale des Fous (Grand Raid de La Réunion), où l’assistance est limitée et où les ravitaillements sont essentiellement gérés par l’organisation.
-
Le Tor des Géants en Italie, qui impose une gestion du matériel et de l’alimentation sur des sections très longues.
-
Des courses nord-américaines comme la Hardrock 100, où les règles limitent strictement les zones où une aide extérieure est permise.
Ces formats valorisent la capacité du coureur à anticiper ses besoins, à gérer ses ressources et à faire face à l’imprévu, ce qui correspond parfaitement à la vision défendue par Kilian Jornet.
Un débat ancien, mais ravivé
La question de l’assistance en trail n’est pas nouvelle. Depuis plusieurs années, certains puristes dénoncent une « professionnalisation logistique » du sport, où le succès dépend presque autant de l’équipe d’assistance que du coureur lui-même.
D’autres, au contraire, estiment que l’assistance fait partie intégrante du haut niveau. Dans des courses où chaque minute compte, optimiser les transitions et l’alimentation grâce à une équipe dédiée peut faire la différence entre la victoire et une place en dehors du podium.
L’intervention de Kilian Jornet relance ce débat, car il est lui-même l’un des athlètes les mieux équipés et les plus entourés lors des grandes courses internationales. Sa remise en question du système interpelle donc d’autant plus.
Les réactions de la communauté trail
Comme souvent avec les prises de parole de Kilian Jornet, la communauté trail s’est divisée :
-
Les partisans saluent un discours cohérent avec l’esprit montagne et soulignent qu’une limitation de l’assistance rendrait la compétition plus équitable.
-
Les opposants estiment qu’il est facile pour un champion déjà reconnu de prôner l’autonomie, alors que pour beaucoup d’athlètes, l’assistance est indispensable pour finir dans de bonnes conditions.
Sur les réseaux sociaux, certains rappellent que de nombreuses courses populaires ne pourraient pas garantir un tel niveau d’autonomie à tous les coureurs, notamment pour des raisons de sécurité.
Vers une évolution des règles ?
La Fédération internationale de skyrunning, certaines organisations locales et même des courses de l’Ultra-Trail World Tour ont déjà réfléchi à limiter l’assistance. Cela pourrait passer par :
Une réduction du nombre de points d’assistance autorisés.
L’imposition d’un matériel obligatoire plus complet, obligeant les coureurs à transporter tout ce dont ils ont besoin.
Des sections « no assistance » pour tester la capacité d’autonomie des participants.
Si ces mesures venaient à se généraliser, elles modifieraient en profondeur la préparation des athlètes, la stratégie de course, et même l’ambiance des grands événements.
L’avis de uTrail
Chez uTrail, on ne va pas se mentir : ce débat sur l’assistance ressemble un peu à une tempête dans un verre d’eau. Certes, limiter les aides peut changer la stratégie de course, mais au final, ce ne sont pas les gourdes ou les ravitos sur mesure qui font franchir la ligne en premier… ce sont les jambes.
On a vu récemment Mathieu Blanchard ou Germain Grangier briller avec des équipes solides, mais aussi des coureurs comme Benoît Girondel ou Anthony Bouillard l’emporter sans tout ce “cirque” logistique autour d’eux. Preuve que, même à haut niveau, l’assistance n’est pas la clé absolue de la victoire.
Source : Kilian Jornet, The aid station debate, publié le 5 août 2025 sur le blog mountain athletes (fjell.cc).fjell.cc
Résumé
Kilian Jornet, légende du trail, a récemment pris position sur la question de l’assistance en course. Selon lui, les coureurs devraient être plus autonomes et moins dépendants des équipes de soutien, afin de préserver l’esprit originel du trail, d’assurer plus d’équité sportive et de réduire l’impact environnemental.
Il cite comme exemple certaines épreuves qui limitent déjà l’assistance, obligeant les participants à gérer eux-mêmes leur alimentation, leur hydratation et leur matériel. Cette vision divise la communauté : certains y voient un retour aux sources, d’autres soulignent que l’assistance reste essentielle pour la sécurité et la performance.
Cette prise de parole relance un débat ancien sur la professionnalisation logistique du trail et pourrait influencer l’évolution des règlements à venir.
FAQ – Kilian Jornet et l’assistance en trail
Qui est Kilian Jornet ?
Kilian Jornet est un athlète espagnol né en 1987, considéré comme l’un des plus grands traileurs de l’histoire. Il a remporté l’UTMB, la Hardrock 100, la Western States et détient plusieurs records d’ascension en montagne.
Qu’est-ce que l’assistance en course ?
C’est l’aide fournie par une équipe ou des proches à un coureur, dans des zones autorisées, pour le ravitailler, l’équiper ou le soutenir moralement.
Pourquoi Kilian Jornet veut limiter l’assistance ?
Il estime que cela rendrait les courses plus équitables, plus respectueuses de l’environnement et plus proches de l’esprit originel du trail.
Est-ce déjà appliqué sur certaines courses ?
Oui, certaines épreuves limitent ou interdisent l’assistance, obligeant les coureurs à s’organiser seuls.
Est-ce que cela concerne aussi les amateurs ?
Les changements de règlement pourraient s’appliquer à tous les participants, mais les organisateurs devraient adapter ces mesures pour garantir la sécurité.
Lire aussi
- POUR ou CONTRE l’assistance en trail ?
- Comment fonctionne l’assistance de Alexandre Boucheix (Casquette Verte) ?