Kilan Jornet a adopté une stratégie minimaliste dans des conditions extrêmes
Pour son grand retour à la Western States, quatorze ans après sa victoire de 2011, Kilian Jornet a fait ce que seul lui peut se permettre : courir 160 km, en plein cagnard californien, sans sac d’hydratation, sans flasque visible, sans marge de sécurité. Juste une casquette, un débardeur léger, un short noir, et sa volonté.
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Dans une édition marquée par une chaleur accablante (jusqu’à 45 °C à l’ombre sur certaines portions), cette décision interpelle. D’autant plus que le Catalan a couru 1 h 15 plus vite que lors de son succès en 2011, terminant troisième en 14 h 19. Devant lui, deux Américains, Caleb Olson et Chris Myers, plus sobres dans leur style, mais manifestement plus constants dans leur gestion.
Kilian Jornet : est-ce que son minimalisme lui a coûté la victoire ?
La Western States, contrairement aux courses alpines comme l’UTMB ou la Hardrock, demande une gestion d’allure et d’hydratation rigoureuse. Ici, pas de longues montées pour souffler. C’est du roulant, du rapide, de l’exposé. Et c’est justement là que le choix de courir sans eau devient une variable critique.
À chaque ravitaillement, Jornet devait se réhydrater entièrement, sans autonomie entre les points. Cela signifie des arrêts plus courts mais une prise de risques maximale : une fenêtre météo plus chaude que prévu, un retard au ravito, une défaillance intestinale… et tout peut s’effondrer.
Dans la portion Peachstone–Ford’s Bar, il a tenté de rattraper Olson à grandes foulées. Il gagne une minute, mais entame dangereusement son stock glycogénique. Sans boisson énergétique, sans apport liquide régulier, le corps puise, s’assèche, chauffe, et perd peu à peu de sa capacité à encaisser l’effort.
Caleb Olson, plus lent… mais plus malin ?
Ce n’est pas la première fois que Kilian choisit l’ultra-minimalisme. Mais à la Western States, ce pari ne passe pas. Olson, lui, a adopté une approche plus classique : un sac, une stratégie d’hydratation continue, une allure linéaire. Résultat ? Moins spectaculaire, mais plus efficace sur ce type de parcours.
Jornet a certes fini au sprint, acclamé, sublime. Mais il n’a jamais réussi à revenir sur Olson, qui a tenu son rythme de bout en bout. À ce niveau, ce n’est pas toujours le plus talentueux qui gagne, mais le plus adapté à la situation.
Kilian Jornet, un choix assumé… mais peut-être trop audacieux
Interrogé après la course, Kilian a déclaré avoir « couru pour apprendre, pour jouer, pas pour battre un record ». Il n’a donc pas raté sa course. Mais il a pris un risque tactique énorme, qui a montré ses limites dans un format exigeant, où l’ultra-performance passe aussi par une logistique irréprochable.
À 37 ans, il prouve qu’il est encore capable de rivaliser avec les meilleurs. Mais l’absence de sac ne lui a laissé aucune marge d’erreur. Et face à des adversaires affûtés, bien ravitaillés, méthodiques, cela ne pardonne pas.
Il est impossible de réécrire l’histoire. Mais une chose est sûre : dans une course aussi sèche, aussi chaude, aussi roulante que la Western States, le choix de courir sans eau était un pari à haut risque. Peut-être trop.
Avec un sac ? Peut-être une hydratation plus régulière, un meilleur confort digestif, une relance plus facile dans le dernier tiers. Et pourquoi pas… quelques minutes de moins sur le chrono. Juste assez pour espérer la gagne. On ne le saura jamais. Mais cette 3e place, brillante et frustrante, relance le débat.
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