Inside Kilian Jornet : par delà les réseaux sociaux
A l’occasion du documentaire intitulé « Inside Kilian Jornet » (qui n’a absolument aucun rapport avec une vidéo de sa dernière coloscopie), Kilian Jornet fait un peu le tour de la presse spécialisée. Et dans la mesure où il s’était fait plutôt rare en dehors de ses propres canaux de communication, c’est toujours agréable de pouvoir lire un peu ce qu’il peut raconter.
Le trail et Kilian Jornet, par delà les réseaux sociaux
S’il y a bien un art dans lequel Kilian Jornet excelle (hors sport, j’entends), c’est dans la gestion de son image via les réseaux sociaux. Et un des buts de son dernier reportage, de son propre aveu, était de montrer tout ce qu’on ne voit pas dans la vie d’un trailer. Je trouve ça assez sympa, car ça permet de voir la différence entre
– la manière qu’on a de vivre le trail (comme une passion en tant qu’amateur)
– et la manière qu’ont les pros de le vivre (comme un métier).
Quand on n’a que les côtés sympas, eux ont tout un pan d’aspects qu’on n’aurait pas spécialement en tête, et en cela, « Inside KJ » est plutôt bien. Ça permet de voir que derrière une vidéo tournée pour un sponsor en skyrunning, ou une photo à poil en haut d’un sommet, il y a toujours une part de travail invisible que l’on ne soupçonnerait pas nécessairement.
Kilian Jornet : ce qu’il aime, ce qu’il aime moins
Kilian explique qu’il y a toute une partie du métier de trailer qu’il aime moins. Voici ce qu’il déclare à l’Equipe :
« L’idée était de montrer le quotidien d’un athlète dans sa plus grande transparence : la vie de traileur de haut niveau, ce ne sont pas que des beaux moments en montagne. Et la promotion fait partie de ma vie de sportif. Je ne dirais pas que j’aime cet aspect de mon activité, mais j’apprécie de pouvoir transmettre ma passion, mon expérience, et rencontrer les gens qui me soutiennent partout dans le monde. Après, c’est vrai, ce n’est pas facile pour moi de passer dix jours dans certaines des plus grandes villes du monde, entouré de plein de monde (rires). Ce n’est pas un environnement dans lequel je me sens très à l’aise. Mais j’ai survécu. J’avais intégré cette tournée dans mon planning d’entraînement comme mes dix jours de « repos ». Puis, j’ai tout de même eu deux petites heures pour aller courir à Los Angeles, c’est toujours ça de pris (rires). »
Cela nous montre bien que comme dans tout métier, il y a toujours des choses qu’on aime bien faire et d’autres qu’on aime moins, et le trail ne déroge pas à la règle. Après, la question que je me pose, c’est de savoir si Kilian n’est pas un peu victime du fait qu’il n’a pas d’autre activité professionnelle en parallèle. En effet, sur le très haut niveau, à part lui et Jim Walmsley, je crois que quasiment tous les athlètes ont un job (on a des vignerons, des kinés, des médecins, des architectes, des profs…).
Kilian Jornet : un paradoxe rigolo
C’est quelque chose qu’on avait déjà évoqué il y a quelques temps, mais que je trouve toujours amusant, et qui montre bien que Kilian est définitivement différent des autres. La majorité d’entre nous a commencé sur la piste ou le bitume, et c’est, à un moment, pour sortir de notre zone de confort , que nous sommes venus au trail. Kilian, lui, c’est l’inverse, c’est pour sortir de sa zone de confort qu’il va aller sur le bitume en 2020. Cette inversion est sympa.
Kilian Jornet est un peu superstitieux
Un des quelques objectifs de Kilian cette année, c’est (comme souvent) la Pierra Menta. Et il a décidé de la refaire cette année en binôme avec Jakob Hermann. Quand on sait que c’était avec lui que Kilian s’était fracturé le péroné en 2018, on se dit qu’il est un peu superstitieux. Et d’ailleurs, il ne s’en cache pas, il y retourne avec Hermann « pour conjurer le mauvais sort ».
Kilian Jornet a l’obsession du record de Carpenter
Depuis 2018, où il a un peu cumulé (entre la blessure et l’abandon à l’UTMB), Kilian s’est un peu détourné de la compétition. De son propre aveu, celle-ci le stimule moins.
Vous aurez
– ses groupies qui vous diront que c’est parce qu’il n’a plus rien à prouver
– et ses détracteurs qui vous diront qu’il a la trouille de se frotter à Walsmley sur du court et à D’Haene sur du long,
– et les modérés qui diront que c’est ni l’un ni l’autre, ou un peu des deux.
Cependant, Kilian Jornet reste compétiteur. Et ce n’est pas pour rien qu’il a fait du Pikes Peak Marathon son gros objectif. Il ne veut pas le gagner (car soyons honnêtes, il n’aura aucune difficulté à cela, a priori), mais il veut surtout battre le record de Matt Carpenter, qui dure depuis plus de 35 ans. Est-ce qu’il peut le faire ? C’est tout à fait possible, il a les capacités pour y arriver en descente, il devra juste s’accrocher un peu en montée (qui était le point fort de Carpenter). On a en tout cas hâte d’y être !