Le trail est mort, vive le trail !
Le trail a fait une pause pendant le covid
Pendant la crise du covid, d’un seul coup, on a eu du temps pour réfléchir un peu à ce qu’on faisait. Mine de rien, c’est un sacré luxe. Quel que soit notre métier, le métro/boulot/dodo a pu être mis un tout petit peu en pause. Et chez les sportifs de haut niveau, la pause a été un peu plus « violente » que d’habitude. En effet, excepté les périodes de blessure, les sportifs de haut niveau ne se sont jamais arrêtés aussi longtemps. C’est encore plus vrai pour les trailers, car en général, de mi-décembre à début février, c’est plus calme et c’est donc le moment où ils rechargent les batteries. Jornet n’a plus fait de course depuis la finale du GTWS en fin d’année, D’Haene depuis le 1er décembre et l’ultra trail de Cape Town…
Comment les élites trail organisent l’après covid
A partir du moment où les élites ont eu le temps de ré-interroger leur pratique, on a vu se dessiner trois tendances.
1) Ceux qui n’avaient qu’une seule hâte, c’était que ça recommence.
Ce n’est pas sur eux qu’on va se pencher aujourd’hui, mais plutôt sur les deux autres tendances ;
2) Les écolos avec Xavier Thévenard ;
3) les traileurs à l’écoute de soi avec Michel Lanne.
Le trail autour du monde, ce n’est pas écolo
On le sait bien, et on le dénonce suffisamment, le trail marche sur la tête depuis plusieurs années. Entre un circuit UTWT qui fait n’importe quoi, la multiplication des championnats (tant au niveau national que continental que mondial), on ne peut pas dire qu’on contribue à améliorer la situation du réchauffement climatique.
C’est un peu dans cette optique que Xavier Thévenard a décidé d’arrêter de prendre l’avion pour faire des ultras. D’un côté, je trouve ça très bien et je me dis qu’il a raison. D’un autre côté, je me dis que c’est plus facile de prendre ce genre de décisions après avoir fait le tour du monde autant de fois qu’il a pu le faire.
Il faut privilégier les petites organisations aux énormes, et quand on voit comment l’UTMB, le tor des géants ou l’ultra marin ont décidé de se comporter (en ne remboursant pas les dossards), je suis encore plus convaincu par mon choix).
Le trail ne contribue pas au développement personnel
François D’Haene et Kilian Jornet ont tout doucement fait évoluer leur pratique en allant de la compétition vers des projets un peu plus personnels (Kilian vers l’alpinisme et François vers des coins plus déserts en mode « bande de potes »).
Il semblerait que la crise actuelle ait donné cette envie à d’autres. Ainsi, un Michel Lanne souhaite faire moins de compétitions pour profiter plus de sa famille et pour accomplir des projets qui lui tiennent un peu plus à cœur, Grégoire Curmer a fait un peu la même chose avec son défi de juillet. Et je crois que Xavier Thévenard voulait s’attaquer au record du GR20 un peu dans la même optique.
Alors, le trail ne va certainement pas mourir, car c’est finalement la masse d’anonymes que nous sommes qui le fait vivre, mais il va évoluer, et probablement d’une manière qui me le rendra plus chouette.