Qui est le meilleur traileur de l’année?
La multiplication des championnats en trail donne l’impression bizarre qu’il y a autant de champions que de coureurs élite… C’est bien sûr faux. Et c’est dommage, car d’une certaine manière, ça fausse les cartes en ce sens que ça pousse à comparer l’incomparable. Je m’explique.
Kilian Jornet est-il encore me meilleur traileur?
On va dire que Kilian Jornet est le meilleur, car il a remporté le Golden Trail Series avec une facilité déconcertante, et c’est peut-être vrai.
Ok, mais alors, le titre de champion du monde de Jonathan Albon compte pour du beurre ?
Et le probable futur titre de Jim Walmsley en Patagonie, on en fait quoi ?
Et la performance de Pau Capell sur l’UTMB ?
Et la victoire de François au MIUT et à l’Echappée Belle ?
Et la victoire de Grégoire Curmer à la Diagonale des fous ?
Et Ludovic Pommeret qui nous fait deux remontées phénoménales sur la TDS et sur la Diagonale des fous ?
Pour résumer, Kilian Jornet, Jonathan Albon François d’Haene, Jim Walmsley, Pau Capell, Grégoire Curmer et Ludovic Pommeret (pour ne citer qu’eux, car par exemple, Angermund-Vik et Magnini pourraient légitimement être mentionnés) ont tous été absolument énormes cette année et/ou vont encore l’être en novembre et décembre.
Mais est-ce qu’un d’entre eux a été au-dessus des autres ? J’aurais bien du mal à répondre à cette question d’un point de vue purement objectif, car on n’a pas eu d’affrontements véritables, ni sur un seul et même championnat, voire sur une seule et même course. Les sponsors sont contents car ils ont forcément un vainqueur et peuvent s’en gargariser. Les coureurs sont contents, car les armoires à trophée se remplissent, mais ça me frustre.
Je sais que je parle souvent de l’UTMB 2017, mais c’est peut-être la dernière grosse course où on a eu un affrontement énorme en plusieurs pointures (D’Haene, Jornet, Thevenard, Walmsley, Capell, pour ne citer qu’eux).
Trois Solutions pour départager Kilian Jornet, Jonathan Albon François d’Haene, Jim Walmsley, Pau Capell, Grégoire Curmer et Ludovic Pommeret
Alors, que faire ? Trois pistes de solutions s’offrent à nous.
1- Soit on s’en fout, on se dit que l’esprit trail se fiche de qui est le meilleur et qu’on est tous des champions. C’est débile.
2- Soit on se décide à réduire le nombre de challenges et de championnats pour un championnat du court, un championnat du long, et on y intègre les plus grosses courses. Autrement dit, on élargit et on adapte un peu l’UTWT ainsi que le GTS. Au moins, tout le monde est logé à la même enseigne et en fin de saison, le vainqueur est celui qui aura été le plus régulier sur l’année. Ça passe également par une suppression des championnats du monde de trail, de montagne, et autres conneries du genre. Car j’ai beaucoup de mal avec l’idée qu’on puisse être champion (au sens de gagner un championnat) sur une seule course.
3- Enfin, en attendant des jours un peu plus excitants, on peut se dire que le meilleur traileur est celui dont la côte ITRA est la plus élevée. L’idée n’est pas mal, mais si on y regarde de plus près, ça peut encore être amélioré. Prenons le top 6 masculin actuel. On y trouve Kilian Jornet en tête, Jim Walmsley juste derrière, Petro Mamu, Pau Capell, Davide Magnini et Stian Angermund-Vik. Ça présente l’avantage d’avoir les vainqueurs de grosses épreuves, mais aussi les plus réguliers (Angermund-Vik n’a, je crois, rien gagné cette année, mais a fait pas mal de podiums ou de top 5). Je dis juste que ça peut être amélioré, car ça me fait mal au cœur de voir Petro Mamu à la troisième place d’une part, et devant Pau Capell d’autre part.
L’autre raison pour laquelle ça me laisse un arrière-goût amer est qu’on mélange les champions de trail court (où Kilian a été fabuleux cette saison) et de trail long (une victoire comme celle de Capell à l’UTMB, on ne va probablement pas en revoir de sitôt) ; mais j’imagine que c’est la moins pire des solutions.