Si je vous parle de Jason Pecoraro, il y a de grandes chances pour que vous me demandiez qui c’est. Et ce serait plutôt logique, car ce n’est pas forcément quelqu’un de connu. En revanche, il fait partie de ces « gueule » (dans le beau sens du terme) qui gagnent à être connues. C’est un trailer, voire ultratrailer américain (il vient plus précisément du sud de la Californie) qui approche de la cinquantaine.
Son niveau est plutôt honorable. En 2019, il a bouclé les 100km de Transylvanie en 17h24, pas mal de trails autour de 50km qu’il termine en général en 8h00 (parfois un peu plus, parfois un peu moins). Il a aussi connu pas mal d’abandons, puisqu’il compte autant de courses finies que non finies (16 chacune). Ça pourrait sembler un peu bizarre, car comme je le disais quelques lignes plus haut, il est loin d’être risible.
Alors, on pourrait se dire qu’il la joue à la Walmsley, qu’il part comme une fusée et qu’il explose en plein vol ? Pas sûr. Car quand on regarde de plus près, on s’aperçoit qu’il a une marque de fabrique bien à lui, à savoir qu’il court en tongs !
Il court des trails en tongs
Oui, vous avez bien lu… Alors oui, ça m’a est déjà arrivé de croiser des mecs un peu barrés courir le marathon de Paris en tongs, soit pour une cause, soit parce qu’ils souffrent d’un cruel manque d’attention, mais ce n’est pas la question. Courir un trail n’est pas forcément la chose la plus facile au monde. Un ultra trail, n’en parlons pas. Et encore, ça, c’est dans le cas où on est bien chaussés. Vous vous imaginez attaquer le marathon du Mont Blanc en tongs ? C’est quelque qui m’impressionne autant que ça me dépasse. Et forcément, on comprend un peu mieux qu’il soit à 50% de courses non finies… Personnellement, déjà quand je marche une heure en tongs, je finis par chialer à cause des ampoules et tout le toutim.
Un mix entre ZZ Top, Brian Johnson et Anton Krupicka
Par delà cette particularité qui est de courir pratiquement pieds nus, c’est qu’il a une apparence absolument décapante ! Loin du côté premier de la classe propre sur lui à la D’Haene, Jornet, Thévenard, voire Capell et Walmsley, quand on le voit, on a l’impression qu’il a pris les fringues qu’il avait à sa disposition, qu’il les a mises et qu’il est parti courir avec. C’est pour ça qu’il a vraiment un faux air de Brian Johonson à sa grande époque d’AC/DC avec ses kilts et ses chemises incroyables, un peu de ZZ Top avec sa barbe exceptionnelle et beaucoup d’Anton Krupicka avec son côté néo-hippie.
Un second degré dans le trail dont beaucoup devraient s’inspirer
S’il y a bien quelque chose qui me plait beaucoup chez cet athlète atypique, c’est ce côté jemenfoutiste face à la dictature de l’apparence. Il est tatoué, il est mal habillé, il est mal chaussé, il est barbu, et il s’en fout ! Il donne un petit côté roots au trail qui manque cruellement en Europe ! Jornet pour le côté provocateur (en se mettant à poil sur le Mont Blanc), Baronian pour le recul et le second degré, Stuck pour le côté un peu punk s’en approchent un peu, et c’est entre autres pour ça qu’ils font partie de mes trailers favoris.
On va dire que je préfère des mecs comme ça, qui se prennent pas forcément au sérieux, à d’autres qui se croient dans une chanson de Kyo en expliquant à qui veut l’entendre qu’il ne faut pas prendre l’avion après avoir fait le tour du monde 4 fois.