La grenade est une vedette des superaliments. Elle est surtout connue pour la prévention et le cotraitement du cancer de la prostate, mais son potentiel est beau- coup plus vaste.
Au fond, tous les fruits très riches en polyphénols sont des superaliments : rouges comme les fraises, les fram- boises, les groseilles, les canneberges, les baies de goji ou les yumberries (des « fraises chinoises »), violets comme les myrtilles, les cassis, l’aronia, les mûres, l’açaï…
Les polyphénols dominants sont des ellagitanines, comme la punicalagine, et des acides phénoliques, comme les acides ellagique et gallique. La punicala- gine est considérée comme spécifique de la grenade. On trouve aussi des anthocyanes et de la quercétine.
Des études ont montré que ces polyphénols étaient plus efficaces ensemble (totum) que séparément.
Quels sont les intérêts de la grenade ?
La teneur moyenne en polyphénols totaux dans les jus de grenade frais est de 1,4 mg/l et de 2,29 mg/l dans les jus fabriqués à partir de concentrés.
L’évaluation des capacités antioxydantes par l’analyse TEAC donne 489 mmol/l – le vin rouge et le thé vert obtiennent respectivement 6 et 8 mmol/l ! Le jus de grenade est le jus le plus riche en polyphénols, d’après l’équipe de Seeram.
Les chercheurs du Centre de nutrition humaine de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont pu vérifier chez 64 personnes en surpoids que la prise d’un complément dosé à 710 mg ou à 1 420 mg de polyphénols de grenade démontrait une activité antioxydante sur les lipides circulants.
Grenade pour les artères et le cœur
Les polyphénols de la grenade activent une voie méta- bolique – la voie des PPAR gamma –, ce qui fait bais- ser les lipides circulants, a des effets cardioprotecteurs et favorise la perte de poids.
L’équipe d’Aviam et Rosenblat a pu montrer que le jus de grenade réduisait l’accumulation de cholestérol par les macrophages (les globules blancs « éboueurs »). Cette équipe a mené d’autres d’études qui ont constaté la capacité des polyphénols de la grenade à réduire l’oxydation du cholestérol LDL, l’agrégation plaquet- taire et la tension artérielle, que ce soit chez des sujets sains, diabétiques ou atteints d’athérome.
Le résultat le plus intéressant sur le plan clinique a été obtenu dans une étude randomisée contre placebo par cette même équipe, chez des patients ayant des plaques d’athérome avec rétrécissement des artères carotides. La consommation pendant un an de 50 ml de concentré de jus de grenade a réduit l’épaisseur de la carotide de 35 %, alors qu’elle avait augmenté de 9 % dans le groupe contrôle.
Une autre étude en double aveugle randomisée et contrôlée placebo réalisée par l’université de Cali- fornie, publiée en 2005 par Sumner dans le Journal of Cardiology, a montré qu’en consommant tous les jours 250 ml de jus de grenade, l’irrigation sanguine du myocarde s’était améliorée de 17 %, ce qui est asso- cié à une diminution de moitié du nombre de crises d’angine de poitrine.
Grenade contre l’impuissance
Louis Ignarro (Prix Nobel de Médecine en 1998) a obser- vé que le jus de grenade était le produit naturel testé le plus puissant pour stabiliser l’oxyde nitrique vasodilatateur, potentialiser ses effets et optimiser la fonction érectile.
Le Dr Azadzoi de l’université de Boston a confirmé que le jus de grenade était capable de favoriser la dilatation du corps caverneux du pénis et d’y augmenter l’afflux sanguin.
Dans le Journal international de recherches sur l’impuis- sance, le Dr Forest (The Male Clinic, University of Sou- thern California, Beverly Hills) a conduit une étude en double aveugle avec 53 hommes souffrant de dysfonc- tion érectile. Ils ont reçu soit du jus de grenade soit un placebo. Avec le jus de grenade, 25 hommes ont enregistré une amélioration de leur fonction érectile.
Grenade et cancer
Un des sujets les plus étudiés quant aux polyphénols de la grenade est leur activité anticarcinogène. Les études ont montré une inhibition de la prolifération des cellules cancéreuses de la prostate, du sein, du côlon et du poumon en culture, et une inhibition de la croissance tumorale chez l’animal en ce qui concerne les cancers de la prostate, du côlon, de la peau et du poumon.
L’étude la plus spectaculaire a été réalisée par l’équipe d’Allan Pantuck qui, en donnant 240 ml de jus de grenade tous les jours à des patients atteints de cancer de la prostate, a vu un allongement significatif du temps de doublement du taux de PSA de 15 à 54 mois – marqueur du ralentissement de la croissance tumorale et de l’allonge- ment de la durée de la survie. De plus, les patients qui continuaient à prendre du jus de grenade n’ont pas subi de métastases pendant les trente-trois mois qui ont suivi.
Plusieurs équipes ont mis en évidence les mécanismes par lesquels les polyphénols de grenade ont des effets cothérapeutiques dans le cancer. Apparemment, ils bloquent NF kappa B, un chef d’orchestre de l’inflam- mation indispensable à la prolifération des cellules. Ils interfèrent avec les récepteurs aux androgènes qui jouent le rôle de promoteurs. Ils s’opposent à IGF1, un second messager de l’hormone de croissance qui est aussi un facteur promoteur. Ils bloquent le fer et le cuivre, des minéraux pro-inflammatoires aux effets prolifératifs. Ils empêchent le développement de nouveaux vaisseaux qui nourrissent la tumeur – effet anti-angiogène. On a mon- tré qu’ils étaient capables de s’opposer au développement des cellules souches (les plus dangereuses). Enfin, ils faci- litent le suicide cellulaire des cellules cancéreuses.
Pour le cancer du sein, des études mettent en évidence de puissants effets antiprolifératifs sur les cellules can- céreuses présentant des récepteurs aux œstrogènes et une capacité d’inhiber l’enzyme aromatase, qui pro- duit encore des œstrogènes promoteurs du cancer dans le tissu adipeux.
Et une étude de Loma Linda University a montré la capacité du jus de grenade à réduire de moitié le dépôt de la protéine bêta-amyloïde caractéristique de la ma- ladie d’Alzheimer chez des animaux.
Informations pratiques
La grenade en tant que fruit peut agrémenter de nombreux plats, mais les apports en polyphénols restent faibles sous cette forme.
Les polyphénols sont plus concentrés sous forme de jus. Cependant, les teneurs varient énormément en fonction des marques (entre 897 à 4 265 mg/l selon les analyses). Le jus Elixir de Grenade (NaturaMédicatrix) est bien plus riche en polyphénols que les autres (30 198 mg/l). Ses polyphénols sont fermentés (pour améliorer leur assimilation) et préactivés en urolithines (le métabolite actif retrouvé dans les tissus prostatiques). Son inconvénient, c’est qu’il est trop sucré pour masquer le caractère astringent dû à sa très grande richesse en polyphénols.
Il est donc préférable d’employer des gélules de grenade titrées à 300 mg par comprimé, chez Thérascience (Physiomance Grenade), ou sous forme fermentée à 180 mg par gélule, chez NaturaMédicatrix (GranaProsan).
Je vous conseille d’alterner vos sources de polyphénols : grenade, myrtilles, aronia, açaï, thé matcha…
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