Sept semaines sans chausser des chaussures de trail, c’est long pour un ultra-traileur.
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Mais pour François D’Haene, c’est aussi la condition pour durer, retrouver du plaisir, et repartir sur des bases saines après un été trop intense.
François D’Haene a beau être l’un des plus grands ultra-traileurs de tous les temps, il reste avant tout humain. Et cet automne, il s’accorde le luxe le plus précieux dans ce milieu : celui de ne rien faire. Pas de course, pas d’entraînement structuré, pas de chasse au chrono. Juste du temps pour récupérer, reconstruire et profiter de la vie loin des lignes de départ.
Depuis son abandon à l’UTMB fin août, le quadruple vainqueur savoyard a coupé. Sept semaines de vraie pause, sans se forcer à « performer » ni à publier. Et ce silence n’est pas un signe de faiblesse, mais une marque d’intelligence.
François D’Haene ose s’arrêter
Dans un long message posté sur les réseaux, François D’Haene confie avoir besoin de ce moment pour « ne plus réfléchir à l’entraînement ». Chaque automne, il accorde à son corps une période de décompression totale. Pas d’ultra, pas de fractionné, pas de contrainte. Le vélo et le ski de rando prennent le relais, les travaux à la maison et la vie de famille remplissent le reste.
Cette coupure volontaire, il la planifie depuis des années. « J’essaye de m’appliquer des règles sur le nombre de courses par an, les objectifs à court et long terme, la motivation et ces moments OFF », explique-t-il. Et il faut reconnaître que cette méthode fonctionne : plus de trente ans de course à pied, vingt ans de trail, et encore l’envie intacte.
Pour lui, c’est simple : le trail n’est pas un sport doux. Chaque impact, chaque descente, chaque choc laisse une trace. L’ultra, par nature, pousse tout à l’extrême : ultra-contraintes, ultra-chocs, ultra-fatigue. Alors sans ces périodes de vide, le corps finit par rompre.
Un vase qui a débordé
François D’Haene le reconnaît : cet été, il s’est laissé emporter. Porté par son objectif de fin de saison à Chamonix, il a moins écouté les signaux d’alerte. « Mon corps s’est adapté, il a compensé petit à petit, comme des gouttes d’eau qui remplissent un vase… sauf que le vase a débordé au mauvais moment », raconte-t-il.
Résultat : pas de blessure grave, mais une accumulation de tensions, de petits déséquilibres, de fatigue mentale. L’abandon à l’UTMB, en pleine nuit, a été un électrochoc. Une expérience qui, loin d’être une défaite, devient une leçon. Il veut comprendre, corriger, repartir plus fort.
« Cet abandon doit me servir pour la suite », écrit-il. Et il le dit sans pathos. Juste avec la lucidité d’un athlète qui connaît ses limites, et qui sait que la vraie victoire, c’est de durer.
Une philosophie du long terme
Cette façon d’aborder le sport — équilibrée, réfléchie, humaine — inspire. Dans les commentaires, les fans ne s’y trompent pas. Ils saluent son humilité, son recul, sa fidélité à ses valeurs. « Un grand champion, mais surtout un grand monsieur », écrit l’un d’eux. D’autres évoquent le lien entre repos et longévité, entre patience et sagesse.
Cette lucidité, elle explique aussi pourquoi François D’Haene reste au sommet depuis deux décennies. Là où beaucoup brûlent en deux ou trois saisons, lui gère, temporise, coupe quand il faut. « On ne repousse pas le cartilage », rappelle un internaute, soulignant la nécessité du repos.
Dans un monde où tout le monde veut enchaîner les défis et poster ses kilomètres, D’Haene choisit la lenteur. Et ce choix, paradoxalement, est ce qui le rend encore plus fort.
La coupure : une étape d’entraînement comme une autre
On parle souvent de la période de “coupure” avec inquiétude, comme si elle faisait perdre le niveau. Mais chez les élites comme chez les amateurs, elle fait partie du processus. C’est un vrai cycle d’adaptation. Le corps se régénère, les tendons se réparent, les hormones se rééquilibrent, et surtout : l’envie revient.
Comme le résume un fan : « Savoir faire deux pas en arrière pour mieux repartir. » Cette phrase pourrait être la devise de D’Haene. Le repos n’est pas un recul, c’est une stratégie. Ceux qui se ménagent durent, les autres explosent.
Et quand on voit la longévité de François D’Haene, ou celle d’un Ludovic Pommeret, difficile de dire le contraire. Le trail n’est pas un sprint de carrière. C’est une course d’endurance, y compris dans le temps.
2026 sera une nouvelle page.
Il veut repartir sur de bonnes bases, sans forcer, sans précipitation. Il se reconstruit, à la fois physiquement et mentalement. Et pendant que d’autres s’épuisent à chercher la prochaine start-list, lui construit sa durabilité.
Dans le fond, il applique à sa carrière ce qu’il applique à ses ultras : patience, régularité, confiance. L’ultra n’est pas un effort contre soi, c’est un dialogue avec soi. Et pour continuer à l’écrire, il faut savoir parfois tourner la page quelques semaines.
Son message est limpide : prenez le temps. Laissez reposer votre corps. Le plaisir reviendra. Et avec lui, la performance.
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Chez uTrail, nous avons choisi d’employer l’expression « UTMB raté » pour désigner le fait que François D’Haene, quadruple vainqueur de l’épreuve et pilier incontesté du trail français, a été contraint d’abandonner l’UTMB 2025 au kilomètre 70 après un départ difficile et une douleur à la jambe droite. Ce choix de mots n’a rien d’un manque de respect, ni envers l’athlète, ni envers ses partenaires, mais correspond à un constat sportif factuel déjà documenté par plusieurs médias au moment des faits.Nous rappelons qu’avant la course, l’ensemble du monde du trail – nous compris – attendait avec impatience son retour à Chamonix après trois ans d’absence. Nous lui avions consacré plusieurs éditos d’anticipation, dont l’un intitulé « Tout le monde veut voir François D’Haene gagner sur l’UTMB, mais ça n’arrivera pas », où nous évoquions la densité du plateau 2025 et les interrogations liées à sa blessure de 2022. Ce ton analytique, parfois direct, s’inscrit dans la tradition de notre ligne éditoriale : parler franchement des performances, sans dénigrer les personnes.Notre article s’appuie sur les données officielles du suivi live et sur les déclarations publiques de l’athlète et de son équipe, notamment celles expliquant qu’il s’était présenté diminué sur la ligne de départ. L’expression « raté » doit donc être comprise comme une lecture sportive : une course où le résultat n’a pas reflété la valeur de l’athlète, mais qui fait partie intégrante du parcours d’un champion.Nous tenons à préciser que cet article est rédigé de bonne foi, sans aucune intention de diffamation ni de dénigrement, que ce soit à l’encontre de François D’Haene ou de ses sponsors. uTrail est un média indépendant qui ne reçoit aucune directive éditoriale de la part de ses partenaires commerciaux ou affiliés.
Enfin, nous souhaitons réaffirmer toute notre admiration pour François D’Haene : un modèle de régularité, de sagesse et d’humilité. Son palmarès, sa vision du sport et sa personnalité font de lui une figure essentielle du trail français. Nous nous langui(sson)s sincèrement de le revoir au plus haut niveau, avec le plaisir, la sérénité et la force tranquille qui font sa marque.