Faut-il courir uniquement des trails locaux ?
La compétition étant encore à l’arrêt pour quelques semaines, on en profite pour s’entretenir, mais aussi pour s’interroger sur la direction qu’on aimerait donner à notre pratique à l’avenir. Et pas mal d’entre nous sont tiraillés par deux sentiments un peu antagonistes.
– D’un côté, le confinement nous a donné envie de pouvoir voyager et découvrir le monde.
– D’un autre côté, nous avons pu découvrir (et allons continuer de le faire) une quantité de belles choses à côté de chez nous. Le tout sous fond de crise climatique (qui n’a certainement pas disparu comme par magie pendant la pandémie) et de la consommation (on s’est souvent rendus compte que même si on avait moins consommé pendant ces derniers mois, on ne s’en portait pas forcément plus mal).
Aussi, entre la nécessité de rester chez soi et le fait qu’on n’avait pas forcément besoin de surconsommer et de se suréquiper, on peut se poser la question de savoir s’il est absolument nécessaire de courir uniquement des trails locaux.
Alors, l’idée ici ne sera certainement pas d’utiliser une méthodologie à la Xavier Thévenard, à savoir donner du poids à son argumentaire en étant grossier, un peu condescendant et faussement énervé. Car qu’on le veuille ou non, les gens font ce qu’ils veulent, et les culpabiliser de ne pas avoir un mode de vie « éthique » (je mets des guillemets car entre consommation responsable, écologique et locale, il y a parfois des divergences), c’est une technique éculée et excessivement inutile. Vouloir interdire aux gens de faire l’UTMB car ils sont pauvres, les insulter parce qu’ils ne font pas assez de vélo, ou expliquer qu’ils méritent de choper une forme grave du covid juste parce qu’ils vont au macdo de temps en temps, on va dire que ça ne fait pas avancer le débat.
Trails : des paysages magnifiques partout en France
A défaut de ne devoir courir que des trails locaux, on doit bien reconnaître que, où qu’on vive en France, il est possible d’en faire des magnifiques sans aller trop loin. Quelques exemples non exhaustifs :
– Vous habitez dans le nord ? Le nord trail du Mont des Flandres, le grand trail de la Côte d’Opale ou le trail des Pyramides noires sont à faire absolument
– Vous habitez dans le Centre ? Vous avez l’Ecotrail de Paris ou l’Oxytrail (plutôt dans le centre Nord) qui sont quand même chouettes, malgré la réputation qui leur colle à la peau. Plus au sud, il y a l’Aquaterra ou l’Ultra Trail du Puy Mary, voire le Grand Trail d’Auvergne
– Dans l’ouest, vous avez l’Ultra Marin ou le trail du Mont Saint Michel qui peuvent être sympas
– Dans le sud ouest, vous pourrez faire l’Ultra du Périgord, le trail de Saint Emilion, le Biscatrail, le Grand Raid des Pyrénées, le Festival des Templiers ou le Grand Raid des Cathares
– Dans le sud est, vous aurez l’Ultra Trail Côte d’Azur Mercantour ou le trail de Haute Provence (pour ne citer qu’eux)
– En ce qui concerne les Alpes, il suffit de se baisser pour trouver des courses absolument magnifiques, que ce soit l’UT4M, le trail des Passerelles du Monteynard, l’Ultra tour du Beaufortain, la 6000D, la Maxirace, le Grand Trail de Serre-Ponçon, le marathon du Mont Blanc, ou encore la Saintélyon, voire éventuellement l’UTMB (même s’ils ne méritent pas forcément qu’on leur donne encore le moindre euro).
– Dans le Grand Est, vous avez bien sûr l’infernal Trail des Vosges, le marathon du Grand Ballon, l’Ardennes Mega trail, ou encore l’Ultra tour en Terres du Jura
– Si vous remontez sur le Bénélux, vous avez l’Ultra Tail de Mullerthal, The Great Escape, La Bouillonnante, le Trail des Hautes Fagnes, l’Ultra Trail des Sources, Le Trail de Bruxelles, voire l’Ecotrail de Bruxelles.
– Enfin, en Corse, comment ne pas évoquer le Restonica ou l’Ultra Terre des Dieux
Il y a de quoi faire de très beaux trails à côté de chez nous, et ce où qu’on vive. De plus, n’oublions pas qu’avec ce qui est arrivé, les trails locaux et plus petits vont avoir besoin de nous. Et quand on voit comment certaines grosses organisations ont traité les coureurs, on n’a certainement plus besoin d’eux.
Trails : faut-il rester chez soi pour autant ?
Quand bien même on a toujours des beaux coins à côté de chez soi, continuer de s’ouvrir aux autres pays, voire aux autres régions, permet de voir un peu plus loin que le bout de son nez. Ça n’immunise pas contre la connerie, mais ça peut aider à retirer ses œillères. Par exemple, ça peut mettre un peu de plomb dans la cervelle de quelqu’un qui dira qu’on doit interdire l’UTMB aux pauvres, qu’on est forcément une moisissure si on ne fait pas de vélo, ou qu’on mérite le covid si on va au macdo…
Un juste milieu
A partir du moment où, juste, on interroge sa pratique et qu’on y trouve son compte, le plus gros est fait. Voyager en train ou faire du covoiturage pour des trails un peu plus loin que d’habitude, c’est relativement faisable. Oui, c’est un budget (notamment le train), oui, ça peut être plus cher que l’avion. Peut-être que ce juste milieu peut consister à faire un long voyage en train par an plutôt que deux à trois voyages en avion ? Et se limiter à un long courrier une fois par an ? (après, c’est facile à dire pour moi, vu que j’ai peur de l’avion…)
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