Ecouter cet article sur les règles de politesse quand on va courir
La question paraît anodine, presque enfantine, et pourtant certains coureurs se la posent encore ou s’offusquent quand on ne leur répond pas : faut-il saluer toutes les personnes que l’on croise en footing ou en trail ?
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Dès qu’on enfile ses chaussures, un code social invisible s’installe. Entre le besoin de rester poli, la peur d’être impoli sans le vouloir, et le simple fait qu’on est là pour courir — pas pour devenir maire de quartier —, le sujet mérite un vrai éclairage.
La réponse n’est jamais binaire. Elle dépend du lieu, du type de personnes croisées et même du rythme auquel on court. On passe en revue les trois grands contextes pour comprendre ce qui se fait… et ce qui ne se fait pas vraiment.
En ville : dire bonjour à toutes les personnes qu’on croise quand on est en train de courir, c’est vite ingérable
Lorsqu’on court en milieu urbain, on croise souvent une foule compacte : parents, étudiants, personnes âgées, travailleurs pressés, cyclistes, trottinettes, poussettes, touristes… La densité est telle qu’un salut systématique deviendrait physiquement impossible.
Personne ne s’attend à ce qu’un coureur dise bonjour à toutes les deux secondes en traversant un centre-ville. Non seulement cela casserait totalement le rythme, mais ce serait perçu comme étrange, voire intrusif. En ville, la règle tacite est simple : on salue uniquement si un contact visuel clair s’établit, si l’espace est calme, ou si quelqu’un vous laisse passer. On reste poli, mais on s’adapte au flot.
La plupart des citadins l’ont compris : un coureur ne snobe personne, il avance. Et s’il ne dit pas bonjour à tout le monde, ce n’est pas un manque de respect mais un contexte qui ne s’y prête pas.
Toujours en ville : quand on croise un autre joggeur
C’est un cas à part. Entre coureurs, un micro-code se crée. Mais là encore, ce n’est pas automatique. Deux raisons :
D’abord, certains sont en plein effort.
On croise régulièrement des coureurs qui font leur fractionné sur de longues avenues, passent à pleine vitesse, respirent fort et n’ont pas de marge pour lever la main ou dire un mot. Ils ne sont pas impolis : ils sont dans leur séance.
Ensuite, la reconnaissance entre coureurs se fait souvent par un signe discret
Un petit hochement de tête, un sourire rapide, un léger mouvement de main. Cela suffit. L’idée n’est pas de discuter ou de briser le tempo, juste de montrer qu’on partage la même passion.
Dans ce contexte urbain, dire bonjour reste une option, pas une obligation. On salue si cela vient naturellement, mais personne ne s’attend à ce qu’un coureur s’interrompe dans son intervalle pour faire preuve d’une politesse parfaite.
En nature : une autre culture, un autre rythme
Dès qu’on quitte les trottoirs pour les sentiers, la règle change. En forêt, en montagne, dans les chemins agricoles, dire bonjour fait presque partie de l’expérience. C’est un marqueur de respect, un moyen de rappeler qu’on partage un espace commun où chacun a sa place.
Croiser un autre traileur
Ici, le salut est presque systématique. Un simple “salut” ou un sourire suffit. On croise moins de monde, on prend le temps, et on reconnaît une personne qui vit la même sortie que nous. C’est un petit rituel, une façon d’appartenir à une communauté.
Croiser un randonneur
Même logique. Les randonneurs ont l’habitude d’échanger avec les gens qu’ils croisent, et saluer un coureur est naturel pour eux. Un bonjour posé, même en courant, entretient cette convivialité.
Croiser un chasseur
C’est un cas particulier. Dire bonjour ne garantit pas la paix du monde, mais c’est un geste important pour instaurer le respect. On montre qu’on a conscience de partager un territoire et qu’on n’est pas là pour créer un conflit. Un salut franc, même rapide, apaise immédiatement l’atmosphère.
Croiser un agriculteur ou un paysan
Eux aussi travaillent ou se déplacent dans leur environnement quotidien. Dire bonjour montre que l’on respecte leur lieu de travail. C’est aussi un moyen d’éviter les malentendus lorsqu’on traverse un espace rural.
Croiser des promeneurs, cavaliers, familles
Le bon sens prime. Un bonjour courtois, une voix douce pour ne pas effrayer un cheval, un petit signe aux enfants… En nature, tout le monde cultive le même esprit : celui du partage serein des espaces.
Comment ne pas passer pour un dragueur quand on croise une jolie runneuse
Rien de plus simple : on reste neutre, on garde son rythme, on agit exactement comme avec n’importe quel autre coureur. Un salut bref si le contexte s’y prête, ou aucun si l’effort est trop intense. Pas de regard insistant, pas de ralentissement, pas de mise en scène. Cette sobriété naturelle suffit largement à montrer que vous êtes là pour courir, pas pour draguer.
Que faire si la personne en face ne répond pas à votre bonjour ?
Rien du tout.
Un salut qui reste sans écho n’est pas un affront : peut-être qu’elle n’a pas entendu, peut-être qu’elle était dans sa bulle, peut-être qu’elle était simplement essoufflée. Il ne faut jamais interpréter un silence comme un manque de respect.
Et si vous la recroisez plus tard, surtout dans un parc où les boucles se répètent, inutile d’insister en redisant systématiquement bonjour. Un premier salut suffit : la fois suivante, un simple sourire ou un hochement de tête fait parfaitement le travail. L’idée n’est pas de forcer l’échange, mais d’entretenir une courtoisie légère, adaptée au rythme de chacun.
En résumé la politesse en courant n’a rien d’un protocole figé.
On ne juge pas un coureur à son “bonjour”, mais à son intention, à son contexte et surtout… à son allure du moment. Quelqu’un qui trottine tranquillement a toutes les chances de répondre à un salut, tandis qu’un coureur en plein fractionné, dans le rouge, ne peut matériellement pas lever la main ou articuler un mot. Ce n’est pas de l’impolitesse, c’est juste de la physiologie.
En ville, la densité rend le salut systématique impossible. Sur les sentiers, le bon sens veut que l’on prenne le temps de reconnaître ceux avec qui l’on partage l’espace : randonneurs, traileurs, chasseurs, travailleurs agricoles. Là encore, la manière de saluer s’adapte à la respiration, à l’effort et à la situation.
Alors, est-ce malpoli de ne pas dire bonjour quand on court ?
Pas vraiment. Ce n’est considéré comme impoli que si l’on refuse délibérément un échange simple dans une situation où saluer ne coûte rien. Dans tous les autres cas, l’allure, l’effort et les contraintes du moment priment. La véritable politesse consiste surtout à rester attentif à l’autre, même lorsque le souffle manque.
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