States of Elevation n’est pas qu’un projet sportif monumental.
C’est aussi une expérience scientifique à ciel ouvert. Grâce aux capteurs de sa montre COROS, Kilian Jornet partage des données précises sur les effets d’une telle charge d’entraînement. Et les chiffres sont sans appel : en 16 jours, sa fréquence cardiaque au repos est passée de 43 à 52 battements par minute, son HRV s’est effondrée, et son sommeil s’est évaporé. Décryptage.
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FC de Kilian Jornet : de 43 à 52 BPM , un signal clair de fatigue
Avant de démarrer States of Elevation, Kilian présentait une FC au repos très basse, autour de 43 battements par minute — un chiffre normal pour un athlète d’endurance de son niveau. Mais après l’enchaînement de 56 sommets dans le Colorado, ce chiffre a grimpé jusqu’à 52. Une hausse de 9 battements par minute.
C’est loin d’être anodin : une augmentation de plus de 10 % de la fréquence cardiaque au repos est souvent considérée comme un signe d’épuisement ou de surmenage. Cela signifie que même au repos, le corps de Kilian travaille davantage pour assurer ses fonctions de base.
HRV en chute libre : de 50 à 31 ms
Autre indicateur clé : la variabilité de fréquence cardiaque, ou HRV (heart rate variability). Chez Kilian, elle est passée de 50 millisecondes à seulement 31 millisecondes.
Plus la HRV est basse, plus le système nerveux autonome est stressé. Concrètement, cela traduit un déséquilibre entre les phases de stress et de récupération. Un signe que le corps est en mode alerte permanente.
Moins de 5 heures de sommeil par nuit… parfois zéro
À ces données s’ajoute un autre facteur majeur : le sommeil. Kilian indique dormir en moyenne moins de 5 heures par nuit depuis le départ. Et certains jours, il n’a tout simplement pas dormi du tout.
Cela affecte bien sûr directement sa récupération musculaire, mais aussi son immunité, sa régulation hormonale, et même sa lucidité. En ultra-endurance, le manque de sommeil est l’un des risques les plus sous-estimés.
Un effort constant, malgré tout
Malgré ces indicateurs, Kilian affirme se sentir mieux qu’au début. Comment est-ce possible ? La réponse tient en un mot : pacing.
Après un départ difficile marqué par le jetlag et la déshydratation, il a su ralentir, gérer ses efforts, et respecter davantage ses besoins. Une stratégie déjà payante sur la Western States 2025, où il avait amélioré son chrono de 1 h 20 grâce à une gestion d’allure rigoureuse.
Des chiffres… mais pas d’alerte
Fait notable : Kilian ne présente pas ces données comme des signaux d’alarme, mais comme des indicateurs utiles pour ajuster son rythme. Il les analyse, les comprend, et les utilise pour optimiser son autonomie dans le projet.
Ce qui pourrait être interprété comme une mise en danger est, chez lui, un outil de pilotage.
Résumé
States of Elevation, ce n’est pas seulement l’histoire d’un ultra XXL. C’est aussi celle d’un corps scruté dans ses moindres variations, confronté à une charge d’effort hors normes. La fréquence cardiaque au repos, la HRV et le sommeil racontent une vérité froide : même les meilleurs encaissent, adaptent, et flirtent avec la limite.