Mont-Blanc : quand le réchauffement climatique redéfinit l’alpinisme et le trail
Le Mont-Blanc, sommet emblématique de l’Europe, est devenu un témoin dramatique des effets du réchauffement climatique en haute montagne.
Lundi 5 août 2024, une avalanche déclenchée par la chute d’un sérac sur la face nord du Mont-Blanc du Tacul a rappelé à quel point les dangers en montagne se multiplient. Bien que ce passage ne soit pas réputé particulièrement dangereux, cet incident illustre l’instabilité croissante des environnements d’altitude. La communauté des alpinistes prend de plus en plus conscience des risques climatiques, obligeant à repenser les pratiques de l’alpinisme.
Mont-Blanc : des accidents qui marquent les esprits
Au cours des deux dernières décennies, plusieurs événements tragiques ont secoué le massif du Mont-Blanc, chacun soulignant l’impact croissant du réchauffement climatique.
L’incident du 5 août 2024, avec l’effondrement d’un sérac à 4100 mètres d’altitude, est le plus récent d’une série de catastrophes naturelles.
De tels effondrements sont fréquents dans cette zone, mais ils sont rarement mortels. Néanmoins, leur répétition met en lumière l’évolution des dangers en montagne.
Pour ceux qui souhaitent atteindre le sommet du Mont-Blanc, le passage par le couloir du Goûter est devenu un chemin particulièrement périlleux.
Connu sous le nom de « couloir de la mort », ce passage enregistre en moyenne 3,7 décès par an, principalement dus à des chutes de pierres. Ces accidents sont directement liés à la dégradation du permafrost, un phénomène exacerbé par le réchauffement climatique.
En 2022, le maire de Saint-Gervais a même dû fermer le refuge du Goûter en plein mois d’août en raison des risques accrus.
Un autre événement marquant a été l’éboulement de la face ouest des Drues en 2005.
Cet effondrement massif, avec 800 000 tonnes de granit détachées, a choqué la communauté des alpinistes et des scientifiques, soulignant que même les zones autrefois considérées comme stables pouvaient devenir dangereuses. Cet incident a marqué un tournant dans la compréhension des risques en haute montagne.
L’arête des Cosmiques, itinéraire prisé pour son accessibilité et ses vues spectaculaires, a également été affectée par les bouleversements climatiques.
En 2018, un éboulement a conduit à l’arrêt temporaire de cette course, bien que l’incident n’ait pas fait de victimes. Ce genre de précautions devient de plus en plus courant, les conditions en montagne étant désormais imprévisibles en été.
Les récents événements sur le massif du Mont-Blanc soulignent l’importance pour les alpinistes d’adopter une approche plus prudente et informée. Il faut prêter attention aux signaux de la montagne, comme l’augmentation des fissures ou les petites chutes de pierres, indicateurs potentiels de déstabilisations imminentes. Certains phénomènes, comme la fonte du permafrost, restent invisibles et difficiles à anticiper.
Ces bouleversements ne concernent pas uniquement les alpinistes, mais aussi les amateurs de trail. Les courses en haute montagne, qui attirent de plus en plus de passionnés, sont également affectées par ces changements climatiques. Les sentiers autrefois sûrs peuvent devenir dangereux, et les conditions météorologiques imprévisibles nécessitent une préparation encore plus rigoureuse. Le trail, comme l’alpinisme, doit se réinventer face à ces nouvelles réalités, avec une attention particulière portée à la sécurité et à la préservation de l’environnement. Les coureurs devront, tout comme les alpinistes, être plus vigilants et respectueux de cette nature en perpétuelle évolution.
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