Ils vivent de leur passion, voyagent à travers le monde et s’alignent sur les courses les plus mythiques. Mais que faut-il vraiment pour devenir coureur professionnel en trail ?
Dans l’imaginaire collectif, le traileur professionnel incarne la liberté absolue : courir en montagne, explorer le monde, vivre au rythme des kilomètres et des sommets. Pourtant, derrière l’image d’Épinal se cache une réalité beaucoup plus exigeante, souvent méconnue. Devenir traileur pro ne se résume pas à gagner une course ou à avoir un compte Instagram actif. C’est un projet à long terme, qui demande du temps, de l’intelligence, des résultats, et un positionnement clair. Alors, que faut-il vraiment pour y parvenir ?
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Courir vite ne suffit pas pour passer pro en trail
Le premier malentendu est sans doute le plus tenace : croire qu’il suffit d’avoir du talent pour être repéré. Or, si les résultats sont évidemment indispensables, ils ne suffisent plus. Dans un sport aussi jeune et peu structuré que le trail, les marques cherchent avant tout des athlètes complets. Cela signifie des coureurs performants, réguliers, visibles, fiables, capables de s’exprimer, de raconter leur parcours, de porter une image.
L’exemple Rod Farvard : un parcours typique de trail pro
Rod Farvard, traileur américain de 28 ans, en est un bon exemple. Après plusieurs saisons solides mais discrètes, il réalise en 2024 une année exceptionnelle : victoire à Lake Sonoma, record au Canyons 100K, et surtout une deuxième place retentissante à la Western States, dans l’une des éditions les plus relevées de l’histoire. Deux jours après cette performance, son contrat ambassadeur avec The North Face expire. Il envoie des mails à huit marques. Hoka lui répond. Un vrai contrat pro est signé. Il peut enfin envisager de quitter son emploi salarié. Mais ce contrat, il ne l’a pas décroché par hasard. Il a su attendre, progresser, frapper au bon moment.
Un parcours vers le trail pro se construit sur plusieurs années
Tous les pros vous le diront : devenir coureur professionnel ne se fait pas en un an. Il faut du temps. Du volume. Des saisons entières passées à construire un profil crédible, à accumuler de l’expérience, à se montrer sur des formats variés, à apprendre de ses erreurs. La plupart des athlètes aujourd’hui sous contrat ont mis cinq à dix ans avant d’en vivre. Ils sont passés par les courses régionales, les Skyrunning, les formats UTMB, les sélections nationales, les blessures, les remises en question. Ils ont appris à courir, mais aussi à gérer. À se préserver. À tenir dans la durée.
Et surtout, ils ont choisi leurs batailles. Le trail est un sport où la visibilité compte autant que le palmarès. Un Top 10 à la CCC ou à la Transvulcania vaut parfois plus qu’une victoire sur une course confidentielle. Il faut viser juste, construire un calendrier qui parle aux marques, se placer là où ça compte. Et accepter que tout ne dépend pas que de ses jambes.
Pour devenir pro, il faut maîtriser l’image autant que la performance
C’est sans doute la plus grande évolution de ces dix dernières années. Le traileur professionnel n’est plus seulement un coureur. Il est aussi une vitrine, un ambassadeur, une marque à part entière. Cela ne signifie pas céder au marketing vide ou à la surenchère d’images. Mais il faut savoir se raconter. Expliquer ce que l’on fait. Donner envie. Être lisible. Inspirer.
Courtney Dauwalter, Jim Walmsley, Mathieu Blanchard : tous ont compris cela. Leur style est différent, mais leur exposition est constante. Ils parlent à un public, racontent une trajectoire, construisent un lien. Les marques, elles, investissent là où le récit existe. Pas uniquement là où il y a des trophées.
Construire un modèle économique viable en trail pro
Devenir traileur pro, c’est aussi accepter de ne pas avoir de structure autour de soi. Pas de club, pas de contrat fédéral, pas de revenu garanti. Tout repose sur vous. Vos choix, vos partenariats, vos déplacements, votre communication. La plupart des pros cumulent plusieurs activités pour compléter leurs revenus : coaching, stages, vidéos, conférences, publications, collaborations. Certains animent des podcasts, d’autres publient des livres. Tous diversifient. Car le contrat de sponsoring, même stable, ne couvre pas tout. Et surtout, il n’est jamais acquis.
La réalité financière est encore loin des standards du cyclisme ou du marathon. Très peu de coureurs gagnent plus de cent mille euros par an. La majorité tourne entre vingt et soixante mille. Et souvent, une partie de cette somme est versée sous forme de primes ou de remboursements de frais. Il faut donc savoir gérer, anticiper, négocier, construire un écosystème. On ne devient pas pro en restant passif.
Trail pro : s’installer ou s’entraîner dans les bons lieux
La professionnalisation du trail ne concerne pas seulement l’argent. Elle implique aussi une forme de géographie. Chamonix est devenue le centre nerveux du circuit. Les marques y organisent leurs stages, leurs tests produits, leurs tournages. Les coureurs s’y croisent, s’y entraînent, s’y exposent. Jim Walmsley y a élu domicile. D’autres, comme Rod Farvard, y séjournent régulièrement pour préparer des courses clés. Il est possible de percer depuis n’importe où, mais être au bon endroit, au bon moment, facilite les choses. Le trail est un sport d’exposition. Il faut aller là où l’objectif est braqué.
Le mental, clé de voûte d’une carrière dans le trail pro
La transition vers le professionnalisme modifie profondément la relation à la course. Il ne s’agit plus seulement de courir pour soi. Il faut assumer un statut, répondre à des attentes, produire un résultat. Cela crée une pression nouvelle, parfois lourde. Certains la transforment en énergie. D’autres s’y perdent. Devenir pro, ce n’est pas seulement courir vite. C’est tenir. Gérer les périodes creuses. Accepter les blessures. Rebondir. Continuer à aimer ce sport quand il devient un métier.
Devenir traileur pro : possible, mais exigeant
Il est possible de vivre du trail. De plus en plus d’athlètes y parviennent. Mais ce n’est ni facile, ni rapide, ni garanti. Il faut des résultats, bien sûr. Mais aussi une stratégie, une constance, une présence, une lucidité. Il faut construire sa place, sans attendre qu’on vous la donne. Ce n’est pas un hasard si ceux qui réussissent sont aussi ceux qui s’en donnent les moyens depuis longtemps. On ne devient pas pro du jour au lendemain. On le devient parce qu’on a travaillé, choisi, investi, cru. Et souvent, parce qu’on a su frapper à la bonne porte au bon moment.
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