Le 08 octobre 2017, je me prépare pour une nième course, mais la première de la saison avec mon nouveau club Je suis tout excité et heureux car je m’entraîne comme un fou depuis deux mois en vue d’un marathon, celui de Rennes Je suis sur place, récupère mon dossard, celui de ma fille, retourne à la voiture pour me mettre en tenue.
Je pars à l’échauffement et là, tout bascule Le mollet gonfle subitement, le souffle est court, je ne comprends pas ce qui se passe. Retour à la voiture, je prends la décision de ne pas courir, mais ne dit rien à ma fille afin qu’elle y aille tranquille À l’issue de sa course, mon mollet a encore pris du volume, une tension extrême y règne
On prend la décision d’aller aux urgences.
Après moults examens, le verdict tombe… Embolie bilatérale pro image 5 caillots de sang, consécutifs à une phlébite sournoise, se promènent dans mon organisme. Ma chance, c’est d’être sportif avec un cœur puissant, et aussi qu’aucun de ces caillots ne soient montés au cerveau. Le cardiologue n’y va pas par quatre chemins. Rester couché, sans mettre le moindre pied par terre pour une durée de cinq jours, sinon c’est la fin de l’histoire pour
moi. Il me dit aussi, qu’un jour d’attente supplémentaire m’aurait été fatal. Tout se bouscule dans ma tête.
D’athlète en super forme je me retrouve collé dans un lit ayant failli mourir. Le coup est rude, je ne réalise pas, que se passe t’il. On me donne des piqûres afin de fluidifier mon sang. Un médicament anti coagulant m’est prescrit également, à vie. Cette vie qui a failli me quitter, va changer dorénavant.
Il va falloir revoir mes priorités.
Ma carrière de policier de terrain risque de se finir là, ma carrière de coureur de trail aussi, car la moindre chute avec un choc crânien, le moindre coup à la tête peut être mortel, la moindre blessure saignante abondamment elle aussi peut sonner le glas pour moi. J’encaisse, je déprime, 35 ans de course à pied qui s’arrête ainsi, ce n’est pas possible, non pas comme ça. Je dois mettre des bas de contention, et surtout je dois respecter
le repos absolu. Le cardiologue m’a dit au moins 6 semaines de repos absolu. C’est long, très long, mais je suis vivant, et ça c’est l’essentiel. Au bout de ce laps de temps, je reprends la marche,4 petit km, mais l’impression d’avoir fait le tour du monde. Je suis fatigué…
Je vais marcher ainsi pendent 15 jours à raison d’une sortie tous les deux jours, l’envie de courir est la, mais je n’ose pas, je n’ose plus… j’ai perdu toute ma confiance. Un matin je me lance tout de même… mon dieu que c’est difficile, j’ai l’impression de ne plus savoir courir, peur que le mollet regonfle, j’avance à 8,5 /9 km-h
Tout est à reconstruire, mon défi est de refaire 10 km avant la fin décembre, mais sans chrono, juste avec le plaisir d’en être.
Je cours maintenant trois fois par semaine, cela fait 10 semaines que c’est arrivé, et je cours à nouveau. Mais plus d’objectif chrono, plus d’obsession performance, plaisir simple d’être vivant, juste vivant et c’est le plus important. Ma femme, mes enfants sont à mes côtés, m’admirent et m’encouragent, ces soutiens sont importants, primordiaux.
Je n’ai pas encore repris le travail, il attendra, ce n’est plus la priorité Ma famille oui… Fin décembre j’ai le privilège d’accrocher un dossard, pour un petit 8,5 km, et mon fils de 17 ans me fait l’honneur de m’accompagner. Toute la course, nous resterons ensemble, et franchissons la ligne au bout de 42’. C’est loin de ce que je courais avant, mais peu importe, l’essentiel est ailleurs, dans cette fierté que je lis dans les yeux de mon fils. Un moment unique et pur…
Je décide de remettre un peu d’intensité dans mes entraînements, m’attache les services d’un entraîneur, et décide
d’avancer progressivement… je reste prudent, car tout est fragile, mais surtout je veux garde la notion de plaisir Un second dossard début janvier sur un 11,5 km, me donnera beaucoup de plaisir, je le couvre en 53’, oubliant toujours la notion de performance, j’ai l’impression d’être un coureur tout neuf, je redécouvre la vie.
Mon coach m’écoute, me conseille, m’encourage, me fait redécouvrir les joies de la course à pied plaisir. Aujourd’hui j’ai prévu au calendrier le semi marathon d’Annecy, qui si je le réalise, sera une belle revanche
sur le sort La vie est belle aujourd’hui, et j’ai, au travers de cette épreuve qui a faillit être la dernière, compris que le plus important n’est pas la performance, ni la compétition Le plus important, c’est la famille, la vie, le plaisir et surtout ne pas se tromper de priorité.
Voilà par ce témoignage j’espère que ceux qui ne jurent que par la performance changeront un peu leur façon de voir la vie.