On l’entend partout. Dans les clubs, sur les réseaux, dans les vestiaires, parfois même dans la bouche de professionnels : si tu veux progresser en course à pied, commence par perdre du poids.
Cette injonction, aussi banale que brutale, s’est transformée en dogme. Elle circule comme une vérité absolue, comme si les kilos étaient l’ennemi numéro un du chrono. Pourtant, cette croyance n’est pas seulement fausse ou simpliste — elle est aussi dangereuse, culpabilisante et souvent empreinte d’une grossophobie ordinaire que le monde du running ne prend pas toujours la peine d’interroger.
À force de répéter que « courir léger, c’est courir vite », on oublie une chose essentielle : ce n’est pas le poids qui fait le coureur. C’est la régularité, l’entraînement, l’endurance, le mental, et une multitude de facteurs physiologiques ou techniques qui n’ont rien à voir avec le chiffre sur la balance. Alors pourquoi ce cliché a-t-il encore autant de succès ? Et surtout, pourquoi faut-il le déconstruire, une bonne fois pour toutes ?
ACHETER UNE VESTE DE TRAIL
lien affilié
veste homme Mizuno Waterproof 20K ER
7 raisons pour lesquelles vous ne devez pas perdre du poids pour courir plus vite
Parce que la performance ne se résume jamais à un chiffre sur la balance
Le premier piège de ce cliché, c’est la réduction de la performance à un indicateur corporel unique : le poids. On oublie que la course à pied est une mécanique complexe, où interviennent le volume d’entraînement, la VO₂ max, la technique de foulée, la capacité de récupération, la gestion de course, le mental, la nutrition, et bien d’autres variables encore. Croire qu’on court plus vite simplement parce qu’on pèse moins, c’est faire abstraction de tout ce qui fait un vrai coureur. Ce serait comme dire qu’un cycliste va plus vite uniquement grâce à la légèreté de son vélo — sans parler de sa caisse, de ses jambes, de son cerveau.
Parce que perdre du poids ne garantit ni santé ni progrès
Ce que la croyance collective oublie de dire, c’est que maigrir ne veut pas dire mieux courir. En réduisant l’apport calorique sans encadrement, beaucoup de coureurs perdent aussi du muscle, fragilisent leurs articulations, ralentissent leur récupération et baissent leur niveau d’énergie. Résultat : ils s’épuisent, se blessent, régressent. La perte de poids n’est pas une garantie de performance. Elle peut, au contraire, devenir un frein si elle n’est pas accompagnée d’un vrai travail musculaire, d’un suivi médical et d’un respect des besoins du corps.
Parce que cette obsession est une pression sociale… pas une nécessité sportive
Derrière l’idée selon laquelle il faudrait « s’alléger pour aller plus vite », il y a surtout une injonction sociale profondément ancrée. Dans une société obsédée par la minceur et la performance, on valorise les silhouettes fines, sèches, affûtées. Et dans le monde du sport amateur comme professionnel, cette norme visuelle pèse lourd. Elle crée une pression silencieuse, souvent intériorisée, qui pousse de nombreux coureurs et coureuses à surveiller leur alimentation plus que leur récupération, à s’inquiéter de leurs poignées d’amour plus que de leur capacité à finir une course. C’est une forme de violence symbolique, insidieuse, qui n’a rien à voir avec le sport mais tout à voir avec les diktats esthétiques.
Parce que la grossophobie touche aussi le monde du running
Il faut oser le dire : cette obsession de la légèreté masque souvent une grossophobie ordinaire, parfois même involontaire. Elle repose sur l’idée fausse qu’un corps plus lourd serait paresseux, incapable, non athlétique. De nombreux coureurs en surpoids ou avec un IMC « hors norme » en font les frais : moqueries, regards condescendants, remarques sur leur silhouette plutôt que sur leur engagement sportif. Pourtant, ces coureurs sont présents sur les lignes de départ, dans les chemins, sur les stades. Ils s’entraînent, transpirent, progressent, tombent et se relèvent. Ils méritent le même respect que n’importe quel autre athlète. Mais tant que le mythe du poids idéal dominera, ces profils continueront d’être invisibilisés.
Signes d’une pression sociale ou d’une grossophobie intériorisée

Parce qu’on peut courir longtemps, vite et bien à n’importe quel poids
Ce que montre l’expérience, c’est qu’il n’existe pas de poids idéal universel pour courir. Il y a des morphologies très différentes parmi les bons coureurs, qu’ils soient de 10 km ou d’ultra-trail. Certains sont légers, d’autres plus massifs. Certains ont un physique nerveux, d’autres plus charpenté. Ce qui compte, c’est la capacité à encaisser la charge d’entraînement, à rester en bonne santé, à trouver du plaisir dans la pratique. Le poids de forme est une notion personnelle, variable, qui ne se mesure pas à l’œil. Un coureur de 80 kilos peut parfaitement boucler un 10 km en 40 minutes. Et un traileur au physique imposant peut terminer un 100 miles sans problème. Il n’y a pas de gabarit obligatoire pour mériter d’être appelé coureur.
Parce que viser la minceur absolue nuit souvent à la performance
Plus on approche de son poids de forme, plus la perte de poids devient risquée. Les gains deviennent minimes, les sacrifices énormes. On rogne sur la masse musculaire, on affaiblit son système immunitaire, on expose son corps aux blessures. Dans le haut niveau, certains athlètes ont payé cher cette quête obsessionnelle de la minceur. Car le corps ne suit pas toujours l’objectif esthétique. Et l’esprit non plus. Troubles alimentaires, fatigue chronique, perte de plaisir… le prix est souvent trop élevé pour un bénéfice douteux. Il vaut mieux courir solide que courir fragile. Et mieux vaut être un peu plus lourd, mais heureux, que plus mince et cassé.
Différence entre perte de poids saine et perte de performance

Parce que cette croyance empêche trop de gens de se lancer
Ce mythe fait des dégâts dès le départ. Beaucoup de débutants, surtout des femmes, n’osent pas se mettre à courir parce qu’elles se pensent trop grosses pour ça. Trop visibles. Pas légitimes. Parce qu’elles ont intégré que courir, c’était fait pour les corps fins. Ce cliché crée de l’auto-censure, de la honte, de la peur du regard. Alors qu’il suffit d’une paire de baskets, d’un trottoir ou d’un sentier, et de l’envie de bouger. La course à pied devrait être inclusive, ouverte, libératrice. Mais tant qu’on répétera que pour courir, il faut d’abord maigrir, on fermera la porte à trop de monde.
Guide et références trail sur la perte de poids
Poids de forme ≠ poids idéal esthétique.
Le poids de forme, c’est celui auquel tu te sens fort, endurant, en bonne santé et capable d’enchaîner les séances. Il varie selon ta morphologie, ton volume d’entraînement, ton âge et ton vécu. Le poids idéal, lui, est souvent une construction sociale ou une image fantasmée véhiculée par les réseaux. Ne laisse pas un idéal visuel t’éloigner de ta réalité sportive.
En résumé, il est temps de courir pour soi, pas contre soi
Ce cliché doit être déconstruit. Courir plus vite n’implique pas forcément de peser moins. La perte de poids peut être un levier, mais ce n’est ni un passage obligé ni un gage de réussite. L’essentiel reste la régularité, la progressivité, l’écoute de soi. Il est temps de sortir de la logique punitive et de renouer avec une course à pied plus libre, plus inclusive, plus respectueuse des corps et des trajectoires. Car ce n’est pas la balance qui fait le coureur. C’est l’élan qu’il choisit de suivre.
Lire aussi
- Notre dossier ultra complet sur les régimes (en lien avec la course à pied et le trail bien sûr)
- Macron : la question sur l’obésité de Tibo InShape -accusé de grossophobie en 2022- fait polémique






