Le gut training est devenu le sujet le plus explosif du trail en 2025.
Entre les marques qui poussent les cent grammes de glucides par heure, les athlètes qui n’en peuvent plus de tomber malades en course, et les scientifiques qui appellent à la prudence, cette page pilier regroupe tout ce qu’il faut comprendre pour courir loin… sans ruiner son estomac.
Définition du gut training : ce que c’est vraiment
Gut training : comment entraîner son estomac pour mieux réussir en trail
Le gut training consiste à entraîner son système digestif comme on entraîne un muscle. L’objectif est d’améliorer la tolérance digestive à l’effort, d’absorber plus de glucides et de limiter les nausées, vomissements et coups de chaud. Cette méthode repose sur un principe simple : habituer l’intestin à recevoir, transformer et faire passer davantage de sucres, plus vite, en réduisant le stress digestif induit par l’effort prolongé.
Les études récentes rappellent cependant que ce n’est ni magique, ni anodin. Le microbiote, le foie, les reins, la perméabilité intestinale, et même la glycémie de longue durée peuvent être impactés par des apports très élevés de glucides mal contrôlés. Les bénéfices existent, mais les risques aussi, et c’est précisément cette nuance qui disparaît souvent dans les discours marketing.
Le dogme des “100 g/h” : un chiffre devenu religion
Mathieu Blanchard dit non au dogme des 100 g de glucides par heure en trail
Depuis deux ans, certaines marques ont transformé l’objectif de cent grammes de glucides par heure en vérité absolue. Pour beaucoup de coureurs, ce seuil a été présenté comme un minimum, presque un passage obligé pour exister dans le haut niveau. Blanchard, lui, a été l’un des premiers à rappeler que ce chiffre n’a rien d’universel, qu’il peut être dangereux pour certains coureurs, et que des quantités massives de sucres peuvent fragiliser, au lieu d’aider.
L’American College of Sports Medicine, comme plusieurs équipes de recherche, explique d’ailleurs que ces quantités concernent des athlètes très entraînés, testés en laboratoire, et uniquement si la tolérance digestive est optimale. Pour un coureur moyen, la zone de confort se situe plutôt entre trente et soixante grammes par heure. Tout le reste doit être construit progressivement.
Les abandons en trail : quand l’estomac décide tout
Plus d’un coureur sur deux abandonne un ultra pour des raisons digestives, selon les données UTMB et les études menées sur les épreuves de plus de vingt heures. Vomissements, diarrhées, crampes abdominales et hypoglycémies sont les premières causes d’arrêt, devant les chutes et les blessures musculaires.
Même des athlètes très expérimentés, comme Mathieu Blanchard ou Casquette Verte, ont connu des journées où leur estomac a dit stop. Ce n’est pas une faiblesse. C’est un mécanisme physiologique : le sang déserte le système digestif pour alimenter les muscles et refroidir le corps, rendant la digestion compliquée, voire impossible lors des efforts les plus longs.
La guerre des glucides : athlètes vs marques vs scientifiques
Baouw, Blanchard, Cyril Forestier : la guerre des glucides secoue le trail
L’année 2025 a vu éclater un conflit ouvert entre ceux qui prônent l’hyper-glucidation, ceux qui appellent à la prudence et ceux qui dénoncent une normalisation dangereuse. Les marques poussent des apports très élevés pour des raisons de performance, mais aussi parce que leur modèle économique repose sur la consommation de produits énergétiques. Les athlètes, eux, ne vivent pas dans un labo. Ils courent dans la chaleur, la boue, l’altitude, la fatigue, avec un système digestif déjà fragile.
Plusieurs diététiciens du sport de haut niveau alertent sur les risques : surcharge hépatique, hyperinsulinémie répétée, perturbation du microbiote et inflammations intestinales chroniques. Les performances ne doivent pas masquer les signaux d’alerte.
Le gut training en ultra : opportunité ou danger de long terme ?
Gut Training : entraîner son intestin à digérer beaucoup de glucides
Le gut training fonctionne. Il améliore l’absorption et repousse les limites digestives. Mais il n’efface pas les risques associés à des apports très élevés, répétés semaine après semaine. Plusieurs gastro-entérologues, dans leurs publications de 2024 et 2025, expliquent que sursolliciter en permanence le système digestif peut générer une inflammation chronique, augmenter la perméabilité intestinale et créer, avec le temps, un terrain favorable à des troubles métaboliques.
Le microbiote évolue avec l’entraînement, mais aussi avec les agressions répétées. L’équilibre glycémique peut se fragiliser. Les reins doivent gérer une charge supplémentaire de filtration. Le foie doit tamponner des reflux métaboliques plus fréquents. Rien n’indique aujourd’hui que les pratiques extrêmes de gut training soient sans conséquence sur cinq ou dix ans de carrière.
Pourquoi cette mode peut devenir dangereuse
Pourquoi la mode du gut training est dangereuse pour la santé
Cet article rappelle que la popularisation actuelle du gut training n’a rien d’un progrès contrôlé : c’est une mode imposée. Les recommandations très agressives — 90 à 100 g de glucides par heure — se sont installées comme des vérités absolues, alors qu’aucune étude sérieuse n’a démontré l’innocuité d’une telle consommation répétée de sucres rapides sur plusieurs années de pratique. Cette dérive comporte des risques concrets : surcharge métabolique pour le foie et le pancréas, déséquilibre du microbiote, fragilisation du système digestif, acidité dentaire et perturbations glycémiques. Le trail est un sport de longévité : pousser les coureurs vers des excès alimentaires répétés sans recul scientifique, c’est prendre le risque d’affecter durablement leur santé.
Ce que les études scientifiques réellement disent
Les revues publiées en 2023–2025 convergent sur un point : le gut training est utile, mais doit être individualisé. La vitesse d’oxydation des glucides varie d’un coureur à l’autre. Le seuil de tolérance digestive aussi. L’absorption maximale ne dépend pas seulement du type de sucre, mais du volume sanguin disponible, de la chaleur, du stress, de l’altitude, de l’entraînement, du microbiote et… de la génétique.
Les cent grammes par heure sont une limite haute, pas un objectif obligatoire. Tous les experts sérieux disent la même chose.
En résumé, le gut training n’est ni un miracle, ni un poison. C’est un outil.
La vérité se situe entre les extrêmes. Oui, le gut training améliore la tolérance digestive. Oui, il réduit les abandons. Mais non, ce n’est pas une méthode sans risque, ni un objectif universel. Les meilleurs performeurs sont ceux qui trouvent la zone juste, adaptée à leur corps, leur vitesse, leur vécu et leur alimentation quotidienne. Le reste n’est que storytelling.
