Il suffit de parcourir les longues déclarations pré-course d’Alexandre Boucheix pour comprendre que l’enjeu de cette édition 2025 de la LyonSaintéLyon ne se résume pas aux 160 km ni aux 4 150 mètres de dénivelé positif. Avant même d’aborder les questions de rythme, de stratégie ou d’équipement, c’est un coureur qui se livre, en toute transparence, sur son état d’esprit du moment. Et ce qu’il partage va bien au-delà des considérations techniques habituelles : il parle de fatigue, de pression, d’un corps qui résiste mal aux sollicitations et d’un mental pesé par l’accumulation des engagements. Ce n’est pas un aveu de faiblesse : c’est un rare moment de lucidité publique dans un univers qui valorise trop souvent l’invincibilité.
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Cet article ne propose aucune lecture psychologique, aucune projection extérieure, aucun jugement. Il s’appuie exclusivement sur les propos rendus publics par l’athlète, tels qu’il les a formulés lui-même. Nous nous contentons ici de les organiser, de les restituer, de les contextualiser — sans jamais les interpréter.
Précision éditoriale — L’expression « pression médiatique » utilisée dans cet article n’est ni une analyse psychologique ni une extrapolation. Elle désigne, de manière strictement factuelle, l’ensemble des sollicitations, engagements publics et apparitions que l’athlète évoque lui-même dans ses publications officielles. Aucune critique, aucune insinuation et aucune accusation ne sont formulées. L’article ne fait que relayer et contextualiser les déclarations publiques d’Alexandre Boucheix, dans un cadre strictement informatif.La photo utilisée dans cet article est une simple capture d’écran issue du compte Instagram public de l’athlète, dans le strict respect du droit à l’information.
La lassitude d’un coureur très exposé
En annonçant sa 11e liaison entre Lyon et Saint-Étienne, Casquette Verte confirme sa fidélité à l’épreuve — mais il laisse aussi entrevoir, entre les lignes, le poids grandissant de sa notoriété. Il n’est plus un simple coureur dans le peloton. Il est devenu une figure, un repère, un symbole. Et cette exposition, il le dit lui-même, n’est pas sans conséquences.
Il écrit noir sur blanc que « la casquette Casquette Verte pèse un peu » lorsqu’il participe à des événements d’envergure comme la doyenne. Cette formule, à la fois sobre et révélatrice, en dit long : elle désigne autant le personnage public que la pression symbolique qui l’accompagne. Car derrière l’humour, il y a la réalité d’un coureur qui doit gérer, en plus de sa course, l’attente d’un public, les sollicitations des partenaires, les obligations médiatiques, et ce regard permanent posé sur lui.
Un agenda surchargé qui épuise
Parmi les éléments les plus frappants de son message figure la liste de ses engagements en amont de la course. Trois séances de dédicaces sont prévues : une le jeudi soir dans une boutique lyonnaise, une autre le vendredi midi à la Halle Tony Garnier, et une dernière le dimanche matin après son arrivée. Il précise que ces rendez-vous sont choisis, voulus, qu’ils lui font plaisir… mais il ajoute, sans détour, que cela l’épuise littéralement.
Il va même jusqu’à écrire qu’il ferait « mieux de dormir un peu ». C’est une phrase simple, mais chargée de sens. Elle dit l’accumulation, la fatigue qu’on n’ose pas toujours avouer, surtout dans le milieu de l’endurance où l’on cultive souvent l’image du coureur inaltérable.
Une fatigue mentale pleinement assumée
S’il détaille sans tabou ses douleurs physiques — une cheville toujours douloureuse, des appuis instables, des compensations musculaires risquées, une sinusite installée — c’est surtout la dimension mentale de sa fatigue qui frappe.
Il écrit lui-même :
« Je suis assez fatigué. Les nuits ne sont pas récupératrices, et j’ai une forme de fatigue mentale liée à un niveau assez élevé de sollicitations en tout genre. »
Il ne cache rien. Il ne minimise rien. Il ne dramatise pas non plus. Il dit simplement ce qu’il ressent, avec une sincérité rare à ce niveau. Et en le disant, il rend visible ce que tant d’autres préfèrent taire.
Moins un “pestacle”, plus une “soutenance”
Avec son humour habituel, il prévient que cette édition ne sera pas un show. Il écrit que ce sera « plus une soutenance qu’un pestacle ». Là encore, il ne s’agit pas d’une boutade anodine. C’est une manière détournée d’exprimer une vérité : il ne vient pas faire le spectacle. Il vient assurer, gérer, traverser.
Il demande même pardon par avance à celles et ceux qui l’attendent sur les sentiers pour un sourire, un mot, un moment de partage. Ce qu’il annonce, c’est une présence plus discrète, plus concentrée, plus tendue. Un engagement sur la retenue, et non sur l’éclat.
Un coureur lucide sur ses limites
Dans ses propos, on ne trouve ni posture victimaire, ni fausse humilité, ni fuite en avant. Juste un constat. Celui d’un coureur qui connaît son corps, son seuil de tolérance, et qui refuse de se mentir à lui-même.
Il l’écrit sans détour : il ne vise pas la victoire. Non par renoncement, mais par lucidité. Parce qu’il sent que les conditions ne sont pas réunies, que sa cheville reste fragile, que son organisme ne répond pas pleinement. Et qu’il vaut mieux traverser proprement que risquer inutilement.
« Je n’ai nullement envie de me mettre en risque vis-à-vis de Shakira (ma cheville). »
« Objectif principal : ne pas se blesser jusqu’à la mi-course du retour. »
Il ne fait pas semblant. Il n’annonce pas un coup de bluff. Il partage simplement un plan de route réaliste. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne sera pas capable de surprendre. Mais il refuse de partir avec une injonction de performance vissée dans la tête. Et c’est sans doute là, paradoxalement, qu’il est le plus dangereux.
Une transparence inhabituelle dans le milieu du trail
Ce que livre Casquette Verte dans ce long message pré-course, c’est un fragment de vérité rare. Peu d’athlètes, dans le trail ou ailleurs, osent parler ainsi. Fatigue mentale, doutes, pression, déséquilibre entre image publique et état réel : il met tout sur la table, sans filtre et sans mise en scène.
Il raconte qu’il improvise souvent sur le parcours, qu’il ne visualise pas les bosses, qu’il sait simplement qu’il faut partir vite, tenir bon, et tenter quelque chose au bon moment. Il explique aussi que son alimentation sera basique — sucre, sucre, et encore sucre — car la vitesse de la course ne laisse guère de place à autre chose.
Tout cela donne un message humain, brut, et à sa manière, courageux. Car dans le monde du trail, comme ailleurs, dire qu’on est fatigué est encore un acte d’audace.
En résumé, à deux jours de la SaintéLyon, Casquette Verte n’arrive ni en conquérant, ni en favori affiché.
Il se présente en coureur réaliste, un peu cabossé, très exposé, parfaitement conscient de ses limites et lucide sur ses chances.
Mais parce qu’il ose cette transparence, parce qu’il avance sans masque, parce qu’il n’a plus besoin de prouver, il pourrait bien — encore une fois — retourner la table.
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