Alors qu’Ariane Brodier a récemment été blessée par un chien lors d’un entraînement trail, l’affaire a déclenché une avalanche de commentaires virulents envers les propriétaires de chiens, mais aussi envers les chiens eux-mêmes.
Une inquiétude compréhensible, certes, mais qui révèle aussi une crispation croissante dans l’espace naturel entre joggeurs, randonneurs, vététistes et promeneurs accompagnés d’un compagnon à quatre pattes.
Une peur des chiens qui ne fait pas toujours la part des choses
Les réactions suscitées par ce fait divers mettent en lumière une tendance inquiétante : assimiler tous les chiens non tenus en laisse à une menace potentielle. Pourtant, les données sont claires : l’immense majorité des chiens rencontrés sur les sentiers ne présentent aucun danger si on ne les provoque pas.
Un chien qui trottine librement avec son maître n’est pas un animal errant. Ce n’est pas un chien de garde, ce n’est pas un chien dressé pour défendre une propriété, ce n’est pas un chien agressif. C’est souvent un chien socialisé, équilibré, et habitué à croiser des gens.
Un chien, ce n’est pas un chasseur armé dont la balle va ricocher…
Il ne tue pas par accident, il ne blesse pas à distance, et il ne t’efface pas sans bruit. Un chien, quand il agit, c’est en réaction directe, ici et maintenant.
Et surtout, dans 99 % des cas, il n’a aucune intention de nuire. Il vit, il explore, il communique. Il n’a pas besoin d’être diabolisé.
Ce qui mérite d’être surveillé, ce ne sont pas les chiens, mais certains usages humains de la nature.
Le problème ne vient pas de là. Il vient de certains contextes spécifiques : chiens laissés seuls à l’intérieur d’une propriété sans surveillance, chiens dressés pour protéger un terrain, chiens issus de filières peu scrupuleuses sans sociabilisation, voire chiens utilisés à des fins dissuasives ou agressives. Ce sont ces situations, et non la promenade d’un chien de famille en forêt, qui génèrent les vraies agressions.
Un chien qui se balade en liberté avec son maître sur un sentier n’est pas une menace.
On ne peut pas imposer la laisse en permanence partout et tout le temps, simplement parce que certaines personnes projettent leur peur sur tous les chiens. Ce n’est pas parce qu’un animal n’est pas attaché qu’il est dangereux. Dans les faits, un chien bien élevé, calme, qui suit son maître en liberté sur un chemin rural ou forestier ne représente aucun danger… sauf si on le provoque, si on lui crie dessus, ou si on court vers lui en panique. Le vrai problème, ce ne sont pas les chiens de famille, ce sont ceux qu’on utilise comme alarmes vivantes, gardiens agressifs ou objets de virilité mal placée.
La loi est d’ailleurs très claire : en dehors de la période du 15 avril au 30 juin, un chien peut légalement être en liberté en forêt, tant qu’il reste sous le contrôle de son maître. Ce qui compte, ce n’est pas la laisse, mais le lien. Éducation, rappel, vigilance… Voilà ce qui fait un bon duo humain-chien. Et c’est à cela qu’on reconnaît les gens responsables.
🟠 Que dit la loi sur les chiens en liberté en forêt ?
Selon l’article R. 424-5 du Code de l’environnement, les chiens peuvent être laissés en liberté en milieu forestier tout au long de l’année, à l’exception d’une période stricte : du 15 avril au 30 juin, il est obligatoire de les tenir en laisse pour protéger la faune sauvage pendant la période de reproduction et de mise bas.
En dehors de cette fenêtre, un chien peut légalement être en liberté, tant qu’il reste sous la surveillance et le contrôle effectif de son maître. La légalité repose donc sur le comportement, pas sur la laisse.
Un climat de peur entretenu par les réseaux sociaux. L’affaire Ariane Brodier a montré autre chose : dès qu’une célébrité est impliquée, l’emballement numérique ne tarde pas.
Sur les réseaux sociaux, les images sont interprétées, les intentions prêtées, les amalgames construits. « Les chiens sont dangereux », « il faut les interdire », « un jour ils tueront quelqu’un »… Ces raccourcis sont dangereux. D’autant que, dans cette affaire précise, une confusion persiste sur le nombre de chiens impliqués et le niveau réel de menace. Certains parlent de trois chiens, d’autres précisent qu’un seul a mordu. Une plainte a été déposée, c’est légitime. Mais faut-il en faire une généralité ?
En résumé, les chiens sont des êtres d’amour… à condition qu’on les respecte
La grande majorité des chiens sont affectueux, stables, sociables et dévoués à leur maître. Ils ne demandent qu’à sentir, jouer, courir et vivre. Les stigmatiser en bloc, sous prétexte de quelques cas d’agressions réelles mais minoritaires, est une erreur de perception. Ce n’est pas la nature du chien qui est en cause, c’est le contexte dans lequel on l’éduque et on le place.
Les tensions grandissantes entre “teams” — team chiens vs team joggeurs — n’aident personne. Elles alimentent une guerre d’usages au lieu de favoriser l’intelligence partagée. Courir avec des écouteurs à fond sans voir un chien qui vous approche, ce n’est pas plus raisonnable que promener un chien incontrôlable sans laisse. Le respect est une voie à double sens.
- La peur des chiens ne doit pas devenir un réflexe anti-chien.
- Un chien tenu en laisse ne garantit pas qu’il soit maîtrisé.
- La cohabitation en nature demande des efforts des deux côtés.
- La vraie menace vient de l’irresponsabilité humaine, pas du chien lui-même.
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