Et si la vraie clé de l’endurance ne se trouvait ni dans les jambes, ni dans le mental, mais dans le ventre ? Kilian Jornet, pionnier de la haute performance en montagne, mise sur son microbiote intestinal pour repousser les limites.
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Alpes, au-delà des limites
On connaissait Kilian Jornet pour ses records d’altitude, ses exploits en ultra-trail, sa sobriété matérielle et son approche quasi mystique de la montagne. Mais derrière la légende du skyrunner se cache aussi un homme qui écoute son corps jusqu’aux tréfonds de son système digestif.
Depuis plusieurs années, le Catalan travaille avec des chercheurs pour analyser en détail son microbiote intestinal et comprendre son rôle dans la performance.
Oui, le champion emporte des kits de prélèvement avec lui. Oui, il ramène ses selles des montagnes. Mais loin d’un simple détail insolite, ce geste révèle une révolution silencieuse : celle d’une nouvelle approche de l’endurance, centrée sur la flore intestinale.
Le microbiote, un organe à part entière
Le microbiote, c’est l’ensemble des micro-organismes qui vivent dans nos intestins. Des milliers de milliards de bactéries qui interagissent avec notre système immunitaire, nos muscles, notre cerveau… et notre capacité à tenir sur un ultra.
Chez les sportifs d’endurance, un microbiote équilibré permettrait notamment :
- une meilleure assimilation des nutriments,
- une réduction de l’inflammation chronique,
- une récupération accélérée,
- une tolérance accrue aux efforts longs et répétés.
C’est ce que Kilian Jornet veut objectiver, en se soumettant à des analyses régulières avant, pendant et après ses aventures extrêmes. En étudiant l’évolution de ses bactéries intestinales, il cherche à affiner ce lien intime entre physiologie et performance.
Ce que montre l’expérience Jornet
Dans le cadre de son projet States of Elevation, où il a gravi 72 sommets de plus de 4 200 mètres en 31 jours, Jornet a embarqué plusieurs échantillons biologiques, conservés dans des conditions précises, afin de permettre un suivi de son microbiote en situation réelle.
Ses résultats (non encore publiés mais évoqués dans ses interviews) confirment :
- une modification importante de la flore bactérienne en altitude,
- une adaptation progressive aux conditions extrêmes,
- et un lien probable entre certaines souches (comme lactobacillus) et une endurance plus stable malgré la fatigue, la déshydratation et le stress oxydatif.
Pour Kilian, cela renforce une conviction : prendre soin de son microbiote, c’est prendre soin de sa longévité sportive.
Une stratégie nutritionnelle centrée sur la flore
Concrètement, Kilian adapte son alimentation pour nourrir ses bactéries « alliées ». Il privilégie :
- les aliments fermentés (comme le kimchi, le kéfir, le yaourt non pasteurisé),
- les fibres prébiotiques (présentes dans l’avoine, les légumes, certaines légumineuses),
- et en voyage, des probiotiques spécifiques sous forme de compléments, notamment de la marque Lyvecap.
Mais il va plus loin : en renforçant sa flore intestinale, il affirme ne plus avoir besoin de filtrer l’eau en montagne. Pour lui, un microbiote robuste permet de faire face aux éventuelles bactéries pathogènes rencontrées dans les torrents d’altitude. Une pratique non recommandée au grand public, mais révélatrice d’un nouveau modèle d’autonomie physiologique.
Ce que les traileurs peuvent en retenir
Sans forcément aller jusqu’à prélever ses selles ou boire l’eau des torrents, il est possible pour tout traileur d’optimiser son microbiote au quotidien :
- Favoriser une alimentation variée et riche en fibres,
- Intégrer régulièrement des aliments fermentés à son régime,
- Éviter les excès d’ultra-transformés, de sucre ou d’antibiotiques non nécessaires,
- Envisager des probiotiques ciblés, en particulier en période de forte charge ou avant un ultra exigeant.
Cette nouvelle approche du trail de haut niveau montre que le corps est un tout : ce qui se passe dans les intestins a des répercussions jusqu’au sommet d’une crête.
En résumé, Kilian Jornet, une fois de plus, anticipe ce que sera peut-être l’entraînement du futur.
En prenant soin de son microbiote, il cherche à protéger sa santé autant que sa performance, à gagner en résilience, en adaptation et en clarté d’esprit.
Dans un monde saturé de gadgets, de données et d’optimisations numériques, il nous rappelle que la révolution la plus puissante est peut-être intérieure, invisible et organique.
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