Ultra-trail : Beñat Marmissolle alerte sur les dérives mentales d’un sport devenu obsessionnel
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Quand la passion pour l’ultra-trail devient un piège, le problème de la santé mentale dans le trail trail
Longtemps perçu comme un refuge pour les amoureux de la nature et de la solitude, l’ultra-trail attire aujourd’hui un public de plus en plus large, séduit par la quête de dépassement de soi. Mais derrière l’image du coureur libre, Beñat Marmissolle, figure du trail français, alerte sur une réalité plus sombre : une pratique qui bascule parfois dans l’addiction, avec des conséquences graves sur la santé physique et mentale, y compris chez les amateurs.
Parrain d’un protocole de préparation mentale développé pour le Grand Raid des Pyrénées 2025, Beñat s’est entouré du chercheur Pierrick Laulan pour explorer les impacts psychologiques de ce sport extrême. Son constat est sans détour : “Même chez les amateurs, ça devient une addiction.”
Une génération de coureurs sous pression
Pour Beñat Marmissolle, l’explosion du trail ces dernières années n’est pas sans effets pervers. La médiatisation, les réseaux sociaux, l’ultra-compétition entre participants… tout concourt à faire monter la pression, y compris chez ceux qui ne vivent pas de leur passion. “En quinze ans, le nombre de traileurs a été multiplié, et avec lui, le besoin de se prouver des choses”, explique-t-il.
Le problème ? Cette surenchère mène certains à multiplier les entraînements, allonger les distances, raccourcir les périodes de repos. Une spirale qui pousse parfois jusqu’à la désocialisation, aux troubles alimentaires, ou encore aux déséquilibres hormonaux – notamment chez les jeunes femmes. “J’en connais des couples qui ont explosé à cause de ça”, confie-t-il.
Beñat Marmissolle : de l’ombre à la lumière… et aux doutes
Originaire de Tardets, au cœur de la Soule, Beñat s’est révélé sur l’UTMB avec une sixième place impressionnante, avant de briller à la Diagonale des Fous. Soutenu par La Sportiva, il décide alors de quitter l’aéronautique pour devenir athlète professionnel. Mais cette nouvelle vie a un prix : celui d’une pression constante à la performance… et à la représentation. “Je suis devenu mon propre produit marketing, il faut gérer son image, ses sponsors, ses résultats.”
Et même les meilleurs peuvent sombrer. Lors de la TDS, Beñat s’effondre à dix kilomètres de l’arrivée, victime d’un mélange de déshydratation et d’hypoglycémie. Pire : des accusations infondées de dopage circulent. “Ça m’a fracassé mentalement”, résume-t-il. Depuis, il a renoncé à plusieurs grandes compétitions, notamment la Diagonale 2025, pour faire face à des difficultés personnelles.
Beñat Marmissolle rappelle que l’ultra-trail est un sport magnifique, mais exigeant. À trop vouloir performer, certains oublient de vivre. L’équilibre est fragile. Et quand la passion devient obsession, elle peut emporter tout le reste avec elle.
L’importance de la préparation mentale
Le protocole testé sur le GRP 2025 n’est pas une solution miracle, mais une première étape pour accompagner les coureurs dans cette exigence mentale. Quatre participants ont ainsi passé un week-end immersif chez Beñat, dans ses montagnes, pour mieux comprendre comment gérer le stress, la fatigue, les moments de doute.
L’objectif de ce travail est aussi de déboucher sur une application accessible à tous les coureurs, amateurs comme élites, pour favoriser une pratique plus saine. Une façon d’ancrer l’idée que la préparation mentale ne doit plus être réservée aux pros.
En résumé, l’intervention de Beñat Marmissolle marque un tournant dans la manière dont on perçoit le trail.
Ce n’est plus seulement une histoire de mollets et de cardio. C’est aussi une question de lucidité, de gestion émotionnelle, de respect de soi. Et si les records et les podiums font rêver, le vrai défi, peut-être, est de savoir s’arrêter à temps.






