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Aurélien Sanchez a renoncé au confort de la technologie pour mieux se reconnecter à l’essentiel.
Aurélien Sanchez, figure bien connue du monde du trail, vient de signer un exploit hors norme en ralliant à pied, et en totale autonomie numérique, les Forteresses royales du Languedoc. Au total : 240 kilomètres et plus de 10 000 mètres de dénivelé positif avalés en 41 heures et 3 minutes. Un défi qui dépasse la seule performance sportive et s’inscrit dans une démarche patrimoniale, historique et profondément engagée.
Un itinéraire historique, une démarche minimaliste
Parti mercredi soir à 20 heures depuis Montségur, dans l’Ariège, Aurélien Sanchez a traversé une série de citadelles emblématiques du Sud-Ouest : Puilaurens, Peyrepertuse, Quéribus, Aguilar, Termes, Carcassonne… jusqu’à atteindre Lastours, dans l’Aude, le vendredi peu après 13 heures. Le coureur n’a bénéficié que d’un seul ravitaillement, situé à mi-parcours, au pied de Quéribus. Le reste du temps, il a avancé avec une simple carte et une boussole, sans montre GPS, ni téléphone, ni trace GPX.
Ce choix n’est pas anodin : il s’inscrit dans une volonté de soutenir la candidature des Forteresses royales du Languedoc à l’UNESCO, mais aussi de mettre en lumière une pratique du trail plus brute, plus proche de l’origine de cette discipline qui mêle nature, histoire et dépassement de soi. Dans cette démarche, chaque décision compte, chaque détour est assumé, chaque foulée est posée avec conscience.
Aurélien Sanchez, un traileur qui cultive l’audace
Ce projet n’est pas un coup d’éclat isolé dans la trajectoire d’Aurélien Sanchez. En 2023, il avait déjà marqué les esprits en devenant le premier Français à terminer la redoutable Barkley Marathons, un exploit qui l’a placé d’emblée parmi les figures les plus respectées du milieu. Et en septembre 2025, il s’était offert une belle 16e place sur le mythique Tor des Géants, autre géant du calendrier ultra-trail.
Mais loin de se contenter de cumuler les performances, Sanchez cherche à donner du sens à ses aventures. En choisissant d’enchaîner les forteresses cathares à la force des jambes, il a construit un projet mêlant patrimoine culturel, sobriété et endurance extrême. Une manière de faire dialoguer passé et présent, monuments de pierre et foulées engagées.
Cap maintenant sur un défi XXL aux États-Unis pour le Pacific Crest Trail
À peine ce périple terminé, Aurélien Sanchez pense déjà à la suite. Et pas n’importe laquelle. En juin 2026, il s’attaquera au Pacific Crest Trail, l’un des sentiers les plus mythiques des États-Unis. Cette traversée intégrale de la côte Ouest représente 4 240 kilomètres de sentiers entre le Mexique et le Canada, avec 122 000 mètres de dénivelé positif au compteur.
Ce projet s’annonce titanesque, à la fois sur le plan logistique, mental et physique. Traverser les déserts de Californie, les montagnes de la Sierra Nevada, les forêts de l’Oregon et les volcans de l’État de Washington demandera non seulement une préparation méticuleuse, mais aussi une résilience à toute épreuve. Pour beaucoup, ce genre d’aventure relève du fantasme. Pour lui, c’est une suite logique.
En résumé, dans un monde du trail de plus en plus balisé, chronométré, segmenté par les technologies et les classements, la démarche d’Aurélien Sanchez détonne.
Elle rappelle que le trail peut encore être un espace de liberté pure, de lenteur assumée, de silence face à l’Histoire et à la nature. Il ne s’agit plus de gagner, mais de ressentir. Plus de montrer, mais de traverser.
À l’heure où les grandes marques inondent les sentiers de nouveaux produits, où les formats ultra techniques dominent le calendrier, Sanchez trace une voie parallèle. Il ne la revendique pas comme meilleure, mais elle inspire, car elle nous ramène à quelque chose de fondamental : l’envie de courir pour relier des lieux, des idées, des époques, des émotions.
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