Mercredi matin, 120 athlètes de 22 nationalités s’élanceront depuis Tejeda pour affronter une traversée hors norme de l’île de Gran Canaria : 265 kilomètres, plus de 12 600 mètres de dénivelé, aucune balise, une autonomie quasi totale et un seul mot d’ordre : survivre à l’un des ultra-trails les plus impitoyables de la planète.
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Le 360º The Challenge Gran Canaria : dix ans d’extrême, sans concession
Depuis sa création, le 360º The Challenge s’est forgé une réputation à part. Loin du balisage rassurant des ultras classiques, cette course pousse les limites de la discipline. Ici, pas de fanfare ni d’arche clinquante. Juste une trace GPS, une île volcanique à dompter, et cinq jours pour en faire le tour en autonomie quasi complète. Pour cette dixième édition anniversaire, les organisateurs n’ont pas allégé le défi, bien au contraire : retour à la capitale Las Palmas, record de participation, retour d’un parcours côtier étouffant, et une météo qui promet d’être redoutable.
Une boucle de l’impossible autour de Gran Canaria
Le départ sera donné à neuf heures, mercredi cinq novembre, depuis le cœur de Tejeda, l’un des plus beaux villages d’Espagne, avec pour toile de fond les emblématiques Roque Nublo et Roque Bentayga. Les premiers kilomètres mèneront les coureurs jusqu’à Cruz de Tejeda avant une plongée technique vers Valleseco, Osorio et Teror. Puis cap sur Las Palmas, dont les ruelles historiques et le paseo maritime offriront un décor insolite aux traileurs couverts de poussière.
À partir de là, le parcours remontera toute la côte nord, avant de plonger dans les entrailles volcaniques de l’ouest, vers La Aldea, puis le massif du Nublo. Les derniers kilomètres, épuisants, se feront de nuit ou à l’aube, à travers le chemin de La Plata et le village de La Culata, avant un retour à Tejeda, pour les survivants.
Autosuffisance, GPS et mental de fer
Ici, pas de rubalise ni de bénévoles tous les trois kilomètres. Les participants doivent savoir s’orienter seuls, gérer leur alimentation, leur hydratation, et affronter des sections sans source d’eau sur plusieurs heures. Chaque coureur transporte dès le départ tout son matériel obligatoire, parfois jusqu’à six ou sept kilos sur le dos. Cinq bases de vie permettront de dormir, se ravitailler, et repartir. Mais les erreurs de navigation, les coups de chaud, la solitude ou la fatigue mentale feront des dégâts.
Tejeda, capitale mondiale du trail extrême
Pour Francisco Juan Perera, maire de Tejeda, accueillir cette épreuve est une fierté. Le village, perché au cœur de l’île, voit passer chaque année des milliers de randonneurs. Mais pendant quelques jours, ce sont les athlètes les plus endurants, les plus fous ou les plus déterminés qui arpenteront ses ruelles. Une façon de conjuguer tourisme durable, sport d’élite et valorisation du territoire.
Une course, un message
Le 360º n’est pas une épreuve comme les autres. C’est un manifeste pour un trail plus brut, plus exigeant, plus libre. En pleine ère de la course à la médiatisation, de la surenchère de points ITRA et de dossards à tirage au sort, cet événement rappelle que le trail peut encore rimer avec aventure, orientation, instinct et engagement total.
Demain, ils seront 120 sur la ligne de départ. Dimanche, ils seront peut-être 60 à l’arrivée.
Le ratio d’abandons est toujours élevé sur cette course. En cause : la chaleur, le manque d’eau, les nuits blanches, la lassitude, les hallucinations parfois. Mais aussi le simple fait que courir 265 kilomètres sans fléchage, c’est une entreprise folle. Ce qui ne décourage pas pour autant les ultra-traileurs les plus aguerris, bien au contraire. Nombreux sont ceux qui rêvent de cette épreuve comme d’un rite initiatique, le genre de défi dont on ne sort jamais vraiment indemne.
Parce qu’il mêle distance extrême, dénivelé monstrueux, orientation sans balisage, autonomie alimentaire et isolement psychologique. C’est une course où l’on navigue à la carte et au GPS, où chaque erreur se paie cher, et où le mental prend le pas sur les jambes après 100 kilomètres. Ici, l’enjeu n’est pas de battre un chrono, mais de ne pas se perdre, de ne pas abandonner, de rester debout. Une aventure brute, pure, sans filet.
Rendez-vous demain à 9h
Demain à neuf heures, 120 coureurs se lanceront dans l’un des défis les plus radicaux de la planète trail. Le 360º The Challenge Gran Canaria, c’est bien plus qu’une course : c’est une immersion totale dans les éléments, une épreuve de vérité. Pour les finishers, c’est une victoire qui dépasse le chrono. Pour les autres, c’est une leçon. Dans tous les cas, c’est un rendez-vous avec soi-même, sur les crêtes et les sentiers brûlants de l’île aux mille visages.
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