Ecouter cet article sur sept marathons de Dorian Louvet
Dorian Louvet a couru vite. Très vite. Mais à quel prix climatique ?
🗽 #NYCMarathon | 🤩 LE RECORD DU MONDE INCROYABLE DE DORIAN LOUVET !
🇫🇷👏 En une seule année, le Français a couru les sept marathons majeurs en moins de 2H30’ de moyenne ! Il vient de boucler son défi fou à New York avec un temps de 2h27’09 ». pic.twitter.com/zKc88Qt1pb
— francetvsport (@francetvsport) November 2, 2025
Ce dimanche à New York, Dorian Louvet a réalisé une performance inédite : les sept marathons majeurs courus en moins de 2 h 30 de moyenne. Tokyo, Boston, Londres, Sydney, Berlin, Chicago, New York… Une boucle planétaire de 42 kilomètres × 7. Une odyssée sportive. Et aussi, une empreinte carbone qui interroge.
Environ 15 tonnes de CO₂
C’est ce que représente le cumul des sept allers-retours en avion réalisés par Dorian Louvet pour accomplir son projet “Miles of Discovery”. Soit l’équivalent de 7 fois l’empreinte annuelle recommandée par personne pour respecter les objectifs climatiques.
Un calcul simple : 7 marathons = 7 vols long-courriers
Pour réaliser son défi, Louvet a voyagé sur tous les continents (à l’exception de l’Afrique) : Japon, États-Unis, Europe, Australie. Même en classe économique, un aller-retour intercontinental émet en moyenne entre 1,5 et 2,5 tonnes de CO₂e par personne. Selon les calculs croisés de bonpote.com, myclimate.org et Ademe, l’ensemble de ses trajets représenterait environ 12 à 15 tonnes de CO₂.
Et encore, ce chiffre ne tient compte que des vols. Il ne comprend pas les transports internes, les nuits d’hôtel, la production du contenu numérique autour du projet, ni les déplacements de son équipe média.
Comparaison : une année d’empreinte carbone “idéale”
Autrement dit, le projet de Dorian Louvet concentre à lui seul 7 à 8 ans d’empreinte carbone “idéale”.
Un seul vol comme Paris–New York aller-retour représente déjà plus que ce budget annuel. Et pourtant, Louvet a enchaîné Tokyo, Boston, Londres, Sydney, Berlin, Chicago… Un modèle à l’opposé des valeurs de sobriété que le sport outdoor tente, timidement, d’adopter.
Sport, récit et responsabilité
La question n’est pas de condamner un homme. Elle est de questionner un modèle. Dorian Louvet ne s’est pas caché. Il a médiatisé son défi, construit un storytelling, mobilisé des sponsors, prévu un documentaire. Dès lors, il est légitime de s’interroger sur ce que ce type de projet valorise : la performance avant tout, ou une vision du sport compatible avec les enjeux écologiques ?
Les critiques ont fusé dès janvier. Elles n’ont jamais visé l’athlète en tant que tel, mais l’idée de monter une opération de communication mondiale fondée sur 7 voyages en avion. Une sorte d’« ultra-tourisme sportif » qui n’est plus neutre à l’heure où le climat s’emballe.
Ce débat est sain. Il ne cherche pas à faire taire les exploits, mais à mieux les inscrire dans le monde réel. Louvet a fait un choix. C’était son droit. Mais les coureurs, journalistes, lecteurs ont aussi le droit de questionner ce qu’il symbolise.
Un documentaire… et une question qui restera
Dans sa déclaration post-course, Dorian Louvet dit vouloir “montrer qu’on n’a rien triché”. C’est sans doute vrai du point de vue sportif. Mais sur le plan environnemental, ce projet ne triche pas : il s’affiche tel quel. Ultra-performant, ultra-connecté, ultra-déplacé. L’un des derniers vestiges d’un sport d’avant. Avant que le climat ne vienne bouleverser les priorités.
Cet article s’appuie sur les données publiques disponibles au 2 novembre 2025, les publications de Dorian Louvet et ses sponsors, les outils de calcul d’empreinte carbone reconnus (Ademe, myclimate, Bon Pote), ainsi que les règles de calcul des émissions du secteur aérien. Toute estimation reste indicative mais fondée sur des sources méthodologiquement solides. Ce contenu n’a pas vocation à juger un individu mais à nourrir une réflexion collective sur les enjeux écologiques du sport de haut niveau.





