Un déséquilibre énergétique qui peut ruiner vos performances — et votre santé
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Vous vous entraînez sérieusement. Vous mangez sain. Vous accumulez les sorties longues, les séances au seuil, les dénivelés. Et pourtant, quelque chose cloche. Vous êtes souvent fatigué, moins performant, irritable, parfois blessé. Et si ce n’était pas un simple coup de mou, mais le syndrome RED-S ?
Encore méconnu dans le monde du trail, ce trouble touche pourtant de nombreux coureurs — hommes comme femmes — qui croient bien faire en surveillant leur poids, leur diète et leur charge d’entraînement. Le problème ? Ce déficit énergétique relatif peut devenir chronique. Et ses conséquences vont bien au-delà de la performance.
Qu’est-ce que le syndrome RED-S ?
Le RED-S (pour Relative Energy Deficiency in Sport) désigne un déséquilibre prolongé entre l’énergie consommée et l’énergie dépensée. Autrement dit : vous ne mangez pas assez pour alimenter l’ensemble de vos besoins physiologiques, compte tenu de votre activité sportive.
Il ne s’agit pas forcément d’un trouble alimentaire conscient. Le RED-S peut toucher des traileurs très rigoureux et bien intentionnés. Ce syndrome a été reconnu par le Comité International Olympique en 2014 pour remplacer le concept plus restreint de la « triade de l’athlète féminine ». Car il concerne aussi les hommes — et pas uniquement les élites.
Comment le RED-S se manifeste-t-il chez les traileurs ?
Le trail est une discipline exigeante, où l’on court longtemps, souvent à jeun, en montagne, avec des charges d’entraînement élevées. À cela s’ajoute une pression silencieuse du “corps léger” : être affûté, affiner sa silhouette, “se sentir fluide” en montée… Autant de comportements qui peuvent mener insidieusement à un déficit énergétique.
Les signes du RED-S sont multiples, parfois discrets :
Chez les femmes
* Perte ou irrégularité des règles (aménorrhée)
* Fatigue chronique malgré le repos
* Fractures de fatigue à répétition
* Diminution de la densité osseuse
* Anxiété, humeur dépressive
Chez les hommes
* Baisse de la libido
* Baisse du taux de testostérone
* Diminution des performances
* Troubles digestifs
* Sensation de “courir dans le vide”
Chez tous
* Baisse de l’immunité (rhumes fréquents, infections à répétition)
* Difficulté à récupérer après l’effort
* Frilosité anormale
* Troubles du sommeil
* Ralentissement du métabolisme
* Irritabilité, perte de motivation
RED-S ≠ trouble alimentaire
Contrairement à une idée reçue, le RED-S ne touche pas que les personnes souffrant d’anorexie ou de comportements alimentaires extrêmes. Il peut concerner des traileurs qui mangent suffisamment mais pas assez par rapport à leurs dépenses, ou mal par rapport aux besoins de récupération (pas assez de glucides, pas assez de lipides, etc.).
Exemples classiques chez les traileurs à risque :
* Ceux qui multiplient les séances à jeun sans stratégie derrière
* Ceux qui sous-alimentent volontairement les jours de repos
* Ceux qui ne compensent pas les longues sorties avec des apports énergétiques suffisants
* Ceux qui limitent les féculents ou les lipides “pour rester sec”
* Ceux qui veulent perdre 2 kg avant une course… et tirent trop sur la corde
Pourquoi c’est un vrai problème en trail ?
Le RED-S n’est pas un simple “coup de fatigue”. C’est une atteinte globale de la santé. Il désorganise le système hormonal, altère la qualité osseuse, fragilise l’immunité. En trail, cela se traduit par une baisse de performance durable, un risque accru de blessure, et parfois un arrêt total de la pratique.
Plus grave encore, le RED-S peut être invisible pendant des mois, voire des années. Certains coureurs continuent à performer, mais au prix d’un stress physiologique intense qui finit par exploser : fracture de fatigue, burnout, dépression, troubles endocriniens, etc.
Comment prévenir le RED-S en trail ?
La prévention passe par l’écoute du corps, la bienveillance alimentaire, et parfois l’accompagnement d’un professionnel (nutritionniste du sport, médecin du sport, psychologue du sport).
Quelques pistes concrètes :
* Assurez-vous d’avoir des apports suffisants en glucides et lipides (essentiels pour les hormones)
* Adoptez une approche flexible : aucun aliment ne doit être “interdit”
* Intégrez des repas de récupération complets après chaque sortie longue
* Soyez attentif à vos signaux internes : fatigue persistante, absence de règles, sommeil instable, blessures…
* Évitez les régimes restrictifs sans suivi
* Ne vous comparez pas aux autres : l’affûtage ne vaut rien sans énergie
Peut-on guérir du RED-S ?
Oui. Mais cela prend du temps. Il faut rééquilibrer les apports, parfois réduire la charge d’entraînement, voire faire une pause complète. Le processus peut durer plusieurs mois. Chez les femmes, le retour des règles est souvent le premier indicateur de bonne santé hormonale retrouvée. Chez les hommes, la libido, l’énergie mentale et la performance sont des marqueurs importants.
La guérison passe aussi par un travail sur les croyances : arrêter de voir la minceur comme la condition de la performance. Et redonner à l’alimentation son vrai rôle : nourrir, réparer, soutenir l’effort.
En résumé le syndrome RED-S est un danger silencieux pour les traileurs et les traileuses.
Il ne se voit pas toujours. Il ne se diagnostique pas à la balance. Mais il peut briser une progression, une carrière, un équilibre personnel.
Dans une discipline comme le trail, où l’on s’entraîne dur, où l’on court longtemps, et où le corps est notre seul moteur, le carburant ne doit jamais manquer.
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