Kilian Jornet fait le bilan de States of Elevation.
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🆕 Kilian Jornet publie le récit complet de son projet States of Elevation
Après plusieurs semaines de silence médiatique, Kilian Jornet dévoile dans une vidéo immersive les coulisses de States of Elevation, son projet fou de traversée des montagnes de l’Ouest américain, combinant trail, alpinisme et vélo sur plus de 2 500 kilomètres. Il y partage son vécu brut, ses doutes, ses galères, ses choix matériels et ses réflexions profondes sur l’accès à la nature et la préservation des espaces sauvages aux États-Unis.
La vidéo-récit officielle du projet States of Elevation est sortie, avec un ton introspectif et engagé, et c’est la première fois que Kilian raconte en détail ce qu’il a ressenti.
Kilian Jornet a traversé l’Amérique sans jamais savoir s’il allait dormir le soir
States of Elevation : une traversée brute, sans certitude, sans filet. Kilian a laissé les chronos au placard pour mieux écouter son corps, son esprit, la montagne… et la terre sous ses roues.
Une ligne sur une carte. Puis 2 500 kilomètres dans les jambes.
Tout a commencé par un simple tracé. Un trait brut, jeté sur une carte des États-Unis, pour relier les sommets, les crêtes, les parcs et les histoires. Kilian Jornet a voulu dessiner une ligne esthétique et physique, une aventure capable de faire dialoguer l’altitude, le corps et la géographie. Le résultat : plus de 2 500 kilomètres, des sommets techniques, des dizaines d’heures de vélo, de la solitude, du doute et une immersion totale dans l’Ouest américain.
Contrairement à ses précédents projets dans les Alpes ou les Pyrénées, cette fois, Kilian ne savait pas à quoi s’attendre. Pas de repères, pas de connaissances du terrain, aucune idée de sa propre capacité à tenir. Il s’est donc lancé, sans plan B, et avec une seule certitude : il allait souffrir.
Un corps qui lutte, un esprit qui résiste
La première semaine a été terrible. Décalage horaire, altitude, air sec, chaleur… Il s’est senti vidé, incapable d’imaginer aller au-delà de quelques jours. Mais le miracle de l’adaptation a opéré. Peu à peu, son corps a cessé de lutter. Il a appris à se fondre dans l’effort, à oublier la fatigue, à embrasser les kilomètres. Les meilleures sensations sont venues à la fin du projet, lorsque le corps, enfin, acceptait tout : les 200 kilomètres de vélo par jour, les longues ascensions, les nuits courtes.
Avancer, même quand il pleut à 5 h du matin
Certains jours, il pleuvait au réveil. Il faisait froid, il avait mal dormi, et pourtant il fallait repartir. Il fallait grimper, pédaler, bouger. Car dans ce genre de projet, si on attend la météo parfaite, on ne part jamais. Il fallait s’adapter, changer de crêtes, trouver des itinéraires de repli, accepter les imprévus, les chutes de neige, les vents contraires, les routes boueuses.
La beauté de l’Ouest américain, c’est aussi sa brutalité. Des forêts profondes du Colorado aux volcans enneigés de Californie, en passant par les déserts immenses et les sommets glacés de la Sierra Nevada. À chaque jour son paysage, à chaque jour son combat. Et parfois, au bout de 20 heures d’effort, un simple élan ou une chèvre sur la route suffisait à lui redonner le sourire.
Le vélo : une découverte brutale mais lumineuse
Avant States of Elevation, Kilian n’avait quasiment jamais roulé. Il utilisait son vélo pour faire des séances de récupération… ou des entraînements en intérieur. Et pourtant, il s’est retrouvé à pédaler 200 kilomètres par jour, parfois contre le vent, parfois sous 40 degrés, parfois après une ascension technique. Le vélo, c’était l’inconnu. Mais c’était aussi la clé du lien entre les montagnes. Et il a fini par l’apprivoiser, à coups de longues journées sur la selle et de solitude face au bitume.
L’équipement : du minimalisme à la survie
Kilian a emporté le strict nécessaire, mais devait parfois transporter une véritable armure : veste imperméable, doudoune, gants multiples, crampons, corde, lampes, nourriture pour 15 heures, vêtements thermiques… tout cela dans un prototype de sac de 20 litres. Chaque gramme comptait. Et chaque pièce de matériel a été poussée à ses limites.
Il a utilisé principalement deux paires de chaussures : les Kjierag 2 pour les terrains secs et techniques, et les Tomir 2 Gore-Tex pour les jours de pluie et de neige (qui représentaient… la moitié du projet !). Il en a profité pour tester, éprouver, user, et valider les produits qu’il juge capables d’affronter la montagne réelle, celle qui ne pardonne rien.
States of Elevation : un projet politique et écologique
Kilian le dit avec simplicité mais fermeté : ce projet l’a changé. Il a pris conscience de la difficulté d’accès à la nature aux États-Unis. Contrairement à l’Europe ou à la Scandinavie, où la libre circulation en milieu naturel est un droit culturel et historique, de nombreux territoires américains sont privés ou menacés.
Le projet States of Elevation est aussi une alerte : préserver ces espaces sauvages, c’est préserver notre santé, notre équilibre, notre lien avec le vivant. La nature n’est pas un décor. C’est une nécessité.
En résumé, une traversée brute, intense, organique
Kilian n’a pas seulement couru et pédalé. Il a traversé l’effort, le doute, l’épuisement. Il a connu des matins sans envie, des ascensions où la glace ralentissait tout, des nuits trop courtes, des kilomètres vides. Et pourtant, il a continué. Non pas pour prouver quoi que ce soit. Mais pour vivre une ligne. Une ligne qu’il avait dessinée sur une carte, et qui l’a mené au sommet de lui-même.