Grand Raid de la Réunion, les barrières horaires de la Diagonale des fous 2025
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Barrières horaires Diagonale des Fous : 66 heures. Trois jours, ou presque.
C’est le temps qu’autorise l’organisation du Grand Raid pour traverser l’île de La Réunion du sud au nord, de Saint-Pierre à la Redoute. Sur le papier, cette barrière horaire paraît généreuse, presque accueillante. Mais à y regarder de plus près, elle interroge. Que dit vraiment ce délai étendu sur le niveau d’exigence, la nature de l’effort, la sécurité et l’esprit même du trail ? Loin de simplifier la tâche, ces 66 heures pourraient bien transformer la Diagonale en épreuve d’usure mentale plus que physique. Et soulever une vraie question : le mythe réunionnais ne devient-il pas une course contre le temps… au détriment du sens ?
Une moyenne qui rassure… jusqu’au premier sentier
Avec 175 km et plus de 10 000 m de dénivelé positif, tenir la barrière globale impose une allure moyenne d’environ 2,6 km/h, pauses incluses. À plat, c’est une marche tranquille. Mais sur les marches volcaniques de la Réunion, cette moyenne devient un mirage. Le sol ne rend rien, les descentes cassent les quadriceps, les pauses s’éternisent, la gestion s’effrite. En réalité, la Diagonale ne se joue pas à la moyenne horaire, mais à la capacité de convertir chaque minute de déplacement en mètres utiles. Et ça, ça change tout.
Des pièges bien placés… et redoutables
Le premier piège se tend dès la première nuit. Sur la portion Plaine des Cafres > Piton des Neiges > Cilaos, la tentation est grande de temporiser. Erreur. Une descente mal anticipée vers le stade de Cilaos peut faire exploser les jambes… et les délais. Ensuite, le mur de chaleur entre Marla, les Tamarins et le sentier Scout : l’allure ressentie s’effondre, l’hydratation déraille, la digestion cale. Puis vient le Maïdo, un piège mental autant que physique. Passé Aurère, beaucoup pensent avoir course gagnée… et perdent tout. Entre Dos d’Âne, Sans-Souci et le Colorado, un retard de 30 minutes devient presque irréversible.
Une barrière large… mais serrée dans les faits
On croit avoir de la marge, on croit pouvoir dormir, souffler, temporiser. Et pourtant, ils sont nombreux à se faire rattraper par une montre impitoyable. À vouloir rendre la Diagonale plus accessible, on a peut-être rendu l’erreur plus insidieuse. Le temps long permet certes la gestion… mais à condition d’avoir une stratégie millimétrée. Dans les faits, chaque minute lâchée sans raison revient comme une dette qu’il faudra rembourser – souvent avec des intérêts.
Les barrières ne s’évitent pas, elles s’anticipent
Courir à la limite n’est jamais une bonne stratégie. L’idée, c’est de construire un coussin d’avance, régulier et réaliste. 10 à 15 % suffisent. Trop d’avance fatigue, pas assez expose. Cette marge se gagne dans les transitions. On ressort propre des bases, sac rechargé, lumière vérifiée, check-list respectée. La nuit, on trottine les relances, on monte actif. Le jour, on boit avant d’avoir soif, on se refroidit à chaque source. Sur la Diagonale, la discipline est une arme plus utile que l’héroïsme ponctuel.
La micro-gestion qui fait (vraiment) gagner des heures
Le sommeil est autorisé, mais l’horloge ne dort jamais. Deux micro-siestes de 10 à 15 minutes peuvent rapporter gros, notamment pour éviter les hallucinations au lever du jour. Côté frontales, deux nuits d’autonomie sont un strict minimum. Les batteries doivent être interchangeables, accessibles, prêtes. Les pieds dictent le tempo : chaussettes sèches dès Cilaos, semelles renouvelées, soins immédiats au premier frottement. Une ampoule mal gérée peut coûter une heure. Ce n’est pas de la logistique : c’est du chrono.
Qui s’en sort… et qui explose
Les marcheurs efficaces mais irréguliers sont souvent les premiers piégés : bonne allure de nuit, effondrement au soleil. Ceux qui partent trop lentement espèrent remonter… mais se noient dans les ravitos. Inversement, les coureurs qui trottinent dès que le terrain le permet, qui mangent en mouvement et qui montent à cadence constante gardent le contrôle. Ils gèrent l’avance, et gardent la main.
Une course ou une traversée chronométrée ?
Est-ce encore une course… ou une longue traversée dans une forme d’acharnement encadré ? La frontière devient floue. Certains partent pour « finir », sans pression. D’autres s’épuisent dès les premières heures et basculent dans un mode survie. La Diagonale permet tout. Mais cette permissivité a un prix : on voit des corps brisés, des visages vidés, des hallucinations à répétition. Moins de vitesse, mais pas moins de souffrance.
Bourbon, Mascaraignes, Zembrocal : la diagonale n’est pas seule
Trail de Bourbon : 42 heures. Mascareignes : 21 heures. Zembrocal : 39 h 45. Même logique, mêmes contraintes. Partout, l’organisation impose une allure minimale, une hygiène de course irréprochable. Plus la distance raccourcit, plus la tolérance diminue. Mais seule la Diagonale, avec ses 66 heures, laisse croire qu’on peut tout faire… alors qu’elle exige tout, tout le temps.
En résumé, la Diagonale des Fous a une barrière généreuse… mais à double tranchant
66 heures, c’est une promesse : celle de laisser sa chance à chacun. Mais c’est aussi un piège : celui de croire que le temps suffit pour finir. En réalité, la Diagonale des Fous reste impitoyable, même avec une montre qui tourne lentement. Elle ne pardonne ni l’improvisation, ni la sous-estimation, ni la mauvaise préparation. Et dans cette mécanique, les barrières horaires très larges posent une vraie question de fond : que devient une course quand l’objectif n’est plus de performer, mais simplement d’arriver vivant dans les délais ?
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