Sport de nature, sport d’engagement, sport de liberté… Le trail incarne tout à la fois.
Mais derrière cette belle vitrine, un paradoxe grandit. D’un côté, on célèbre l’aventure brute, l’exploration sauvage et l’effort désintéressé. De l’autre, on réclame du confort, de la sécurité, du service, du contrôle. Ce grand écart, devenu presque systématique, dit beaucoup de notre époque… et de notre rapport au trail. Alors, mettons les pieds dans la boue : oui, le trail est schizophrène.
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Les 10 plus grosses incohérence du trail moderne
On vénère l’inconfort… mais on exige le confort
On applaudit les défis extrêmes, on partage en boucle les vidéos de Kilian Jornet dans la poussière du Colorado ou les glaciers du Washington. On admire son projet States of Elevation — 72 sommets, 5 145 km à pied et à vélo, 488 heures de mouvement, le tout avec… seulement trois douches. Une performance inhumaine, vécue dans une camionnette sans confort, au rythme des orages, des ours, et des nuits glacées.
Mais dans le même souffle, on râle quand la douche est tiède à l’arrivée d’un ultra. On s’énerve quand le ravito du km 62 n’a plus de Coca. On remplit des formulaires pour noter les courses selon la qualité du balisage ou du parking. On exige un trail “authentique” mais avec navette climatisée, gel hydroalcoolique à chaque poste, et médaille à l’arrivée.
C’est toute l’absurdité de notre époque : on glorifie l’ultra brut, mais on veut l’ultra sécurisé, confortable, consommable.
Kilian peut dormir à 3h du mat dans son van avec 52 kg sur la balance et trois nuits blanches d’affilée, pendant qu’on débat pour savoir si un UTMB est “premium” ou “trop sec”.
Et ce n’est pas une caricature. Prenons deux images : d’un côté, Kilian qui gravit seul les 14ers du Colorado, exposé aux orages, sans chrono, sans fanfare. De l’autre, une file de coureurs dans une tente d’arrivée chauffée, mécontents car le massage post-course a été écourté. Deux visions du même sport… mais pas la même idée de ce qu’on appelle “aventure”.
Alors oui, le trail est schizophrène : on veut ressentir, mais pas trop. Souffrir, mais à horaires fixes. Vivre une épreuve, mais avec application mobile, météo heure par heure, et couverture 5G sur les crêtes. Le trail aseptisé est en train d’étouffer le trail sauvage — à force de vouloir tout contrôler, on oublie ce qui fait battre le cœur.
Et nous, qu’est-ce qu’on veut vraiment ? Une aventure vécue… ou une aventure “servie” ?
On court “en nature”… tout en oubliant ce qu’elle implique
Les messages “Respectons les sentiers” pullulent sur Instagram. On y lit “#LeaveNoTrace”, “#TrailRespect” ou encore “#ProtégeonsLaNature”. Mais dès qu’un sentier est temporairement fermé pour risque de canicule, éboulement, protection de l’habitat ou travaux forestiers, les commentaires changent de ton : “C’est abusé !”, “Encore une chasse qui prive les gens de nature”, “C’est notre terrain de jeu aussi.”
Et même dans des stations de trail comme Les Saisies, certains parcours balisés sont retirés hors saison pour ne pas déranger la faune pendant les périodes de reproduction ou d’hivernage. Les commentaires fusent : “Encore une excuse pour tout interdire.”
Et quand ce ne sont pas les animaux ou la nature, ce sont les conditions météo qui imposent des changements. Combien de fois a-t-on vu les réseaux s’enflammer parce qu’un parcours de repli a été activé à cause d’un orage ou d’une vague de chaleur ? Ou pire : une course annulée la veille. Exemple en juin 2024 lors de l’Ultra-Trail du Haut-Giffre (Haute-Savoie), où un coureur est décédé sur fond de météo très dégradée. Après le drame, les critiques ont cette fois visé… l’organisation : “Pourquoi ne pas avoir annulé ?”, “Pourquoi avoir maintenu malgré l’alerte météo ?”
Courir en nature, ça s’assume. Le Parc national des Pyrénées publie chaque été des fermetures temporaires et des détours conseillés autour des zones à ours (mère/ourson), pour limiter le dérangement. En réserves alpines, des zones de quiétude/hivernage (ex. Contamines–Montjoie / secteur Les Saisies) imposent des restrictions saisonnières : débalisation de certains itinéraires, fermetures partielles pour protéger tétras-lyre, chamois, bouquetins. Ce n’est pas du zèle : ce sont des mesures réglementaires qui rendent possible le trail sans abîmer la faune ni les habitats fragiles. La cohabitation suppose des règles, des périodes… et parfois des renoncements.
En clair : on veut courir coûte que coûte… jusqu’à ce que ça tourne mal.
Et quand le pire survient, on jette l’opprobre sur les organisateurs, les secours, les autorités locales. L’acceptation du risque est à géométrie variable.
On veut la forêt, les panoramas, la faune… mais sans croiser ni contraintes, ni chasseurs, ni panneaux d’interdiction, ni décisions préventives. Le problème ? Courir en nature, c’est accepter que d’autres y vivent, y travaillent ou y régulent des équilibres fragiles. Vouloir les paysages sans leurs contraintes, c’est se mentir à soi-même. Et c’est souvent oublier qu’on est invités, pas propriétaires.
➡️ En montagne comme en forêt, la sécurité prime sur la “promesse sportive”.
➡️ Un parcours de repli n’est pas un échec, c’est un choix responsable.
➡️ On ne peut pas saluer la nature et lui dicter nos horaires.
On veut sauver la planète… tout en brûlant du kérosène pour courir
Les discours écolos fusent, les polémiques contre le greenwashing s’enchaînent. Sur les réseaux, chacun y va de sa conscience environnementale : “Je prends un t-shirt sans polyester”, “Ma flasque est réutilisable”, “Zéro plastique sur ma course.”
Mais dans les faits, on rêve tous de dossards mythiques à l’autre bout du monde
Diagonale des Fous, Lavaredo, Western States. Et comment on s’y rend ? En avion. Sans même réfléchir. Pourtant, c’est là que se cache le vrai problème : le transport représente jusqu’à 90 % de l’impact carbone d’un traileur.
À l’UTMB, les organisateurs ont publié les chiffres : 88 % des émissions globales de l’événement viennent du transport des participants et accompagnants. Même chose au Marathon du Mont-Blanc : 96 % selon les estimations de Novethic.
Pour lutter contre ça, des initiatives ont vu le jour. En 2024, l’UTMB a proposé un bonus de +30 % de chances au tirage au sort pour les coureurs qui viennent en train ou en bus. Résultat : 6 000 voitures évitées et près de 200 tonnes de CO₂ économisées.
Le Marathon du Mont-Blanc, lui, va plus loin : 40 % des dossards sont réservés à ceux qui viennent en mobilité douce. Malgré cela, les critiques pleuvent : “Discrimination écolo”, “Propagande verte”, “Encore une règle idiote”… On rit jaune, mais on rit quand même.
Et pourtant : un aller-retour Paris – La Réunion pour faire la Diagonale, c’est 3 tonnes de CO₂ par personne. Cinq fois plus qu’un an de flasques lavables ou de gels sans emballage. Sans parler de ceux qui cumulent plusieurs courses à l’étranger dans l’année.
Le plus ironique ? Ces mêmes coureurs dénoncent le greenwashing des marques… tout en explosant leur budget carbone pour un dossard à l’autre bout du monde. Alors que le vrai levier, le plus évident, est là : réduire nos déplacements longs.
Tant qu’on ne regarde pas ce point en face, tout le reste n’est que cosmétique. Du vert sur les réseaux, du kérosène dans les nuages.
➡️ 88 % des émissions de l’UTMB viennent du transport des coureurs (source : UTMB 2024)
➡️ 96 % pour le Marathon du Mont-Blanc (source : Novethic)
➡️ 6 000 voitures évitées à l’UTMB grâce au plan “Mobility”
➡️ +30 % de chance au tirage pour les coureurs “bas carbone” à l’UTMB
➡️ Jusqu’à 2 tonnes de CO₂/an pour un traileur actif (source : uTrail, ADEME)
➡️ Un aller-retour Paris – La Réunion : 3 tonnes de CO₂ par personne
On veut courir partout… mais sans attendre et sans payer
Les courses affichent complet en quelques minutes, les listes d’attente explosent, et les loteries deviennent la norme. Pourtant, on veut encore des inscriptions instantanées, des dossards garantis, et des prix “comme avant”. Mais l’économie du “trail à 35 €” n’est plus viable : sécurité accrue, postes de secours, personnel payé, autorisations plus strictes, inflation logistique… tout a changé. Et quand les organisateurs limitent les places, annulent une course ou activent un parcours de repli, ça gronde sur les réseaux. Sauf quand un drame survient — là, on demande des comptes. En 2023, lors du Trail de la Haut Griffe, un décès sur fond de chaleur extrême a provoqué une vague de critiques… alors qu’une annulation aurait probablement provoqué une autre polémique. Le trail devient schizophrène jusque dans ses dossards : on exige le libre accès et la sécurité absolue — deux attentes difficilement conciliables.
➡️ UTMB 2024 : appel au boycott par Kilian, mais record de préinscriptions (+34 %)
➡️ Maxi-Race 2023 : inscriptions parties en 9 minutes, serveur saturé
➡️ Marathon du Mont-Blanc 2024 : mise en place de quotas écolos critiquée
➡️ Trail du Haut Griffe 2023 : course maintenue malgré la canicule, décès d’un coureur
➡️ GRP 2022 : parcours réduit en urgence, polémique sur la « course tronquée »
➡️ Diagonale des Fous 2023 : embouteillage sur la plateforme d’inscription, plus de 9 000 pré-inscrits
➡️ ÉcoTrail Paris 2024 : annulation de dernière minute liée à la météo, tollé sur Facebook
➡️ UT4M 2023 : réorganisation complète du format, incompréhension des habitués
➡️ Trail des Passerelles 2022 : fermeture du parcours phare, dossards revendus à prix d’or
➡️ Trail du Ventoux 2023 : liste d’attente fermée dès l’ouverture, “triche” au multi-compte dénoncée
On exige du matériel fiable… sans vouloir en assumer le coût
On hurle au scandale devant une montre GPS à 750 € ou une paire de chaussures à 180 €, tout en réclamant précision, autonomie, légèreté, SAV, et fabrication locale. Mais regarde : la Fenix 8 Pro dépasse désormais les 1 200 à 2 000 €, selon la version (AMOLED ou MicroLED). Et sur le terrain, les Hoka Speedgoat 6 sont critiquées pour leur usure prématurée, coutures lâchées, mesh fragiles après à peine 200–300 kilomètres. L’innovation, la fiabilité, le design haut de gamme… tout cela a un coût — et parfois des limites. Vouloir le top sans en payer le prix ni en accepter les compromis, c’est encore une fois nourrir l’illusion.
On condamne le dopage… mais on s’auto-médique à tout-va
Sur les réseaux, c’est la chasse aux sorcières dès qu’un coureur pro est suspecté. Exemple : Joyline Chepngeno, vainqueure de Sierre‑Zinal 2025, suspendue deux ans pour usage d’un corticostéroïde interdit.
Mais dans les pelotons amateurs, les anti-inflammatoires circulent librement (ibuprofène, diclofénac…), la ventoline est parfois considérée comme un confort, l’Imodium dort dans tous les sacs.
Une étude amateur montre que 38,2 % des coureurs interrogés ont admis des “conduites dopantes” durant leur préparation ou compétition.
Cette hypocrisie met en danger la santé — AINS, masquage de douleur, effets secondaires graves — et brouille tout message collectif sur l’éthique sportive.
On refuse les certificats… mais on accuse les autres quand ça tourne mal
Depuis le 1ᵉʳ avril 2024, la France a amorcé la disparition progressive du certificat médical classique pour les compétitions de course à pied — il est remplacé par le Parcours de Prévention Santé (PPS). Jusqu’au 1ᵉʳ septembre 2024, les deux systèmes ont coexisté, selon le calendrier des épreuves. Mais depuis cette date, pour les coureurs majeurs, le certificat médical n’est plus accepté dans la plupart des courses : l’attestation PPS devient obligatoire pour tout inscrit.
Ce changement a suscité une montée de critiques : des coureurs déplorent l’abandon du “contrôle médical officiel”, craignant que des participants moins informés s’engagent au-delà de leurs capacités. D’autres dénoncent une explosion des inscriptions parce que l’inscription est devenue plus simple, “sans filtre médical”. Certains vont même jusqu’à accuser les organisateurs quand un accident survient : « pourquoi n’avez‑vous pas exigé un certificat ? » ou « c’est votre responsabilité ». Or, la pratique en milieu naturel comporte des risques par essence. Le PPS ne supprime aucun danger — il responsabilise individuellement. On oublie trop souvent que, malgré les simplifications, la responsabilité première reste celle du coureur.
• 1ᵉʳ avril 2024 : début de mise en place du PPS comme option pour certaines courses.
• Avril → août 2024 : période de cohabitation entre certificat médical et PPS selon les épreuves.
• 1ᵉʳ septembre 2024 : généralisation de l’utilisation du PPS pour les coureurs majeurs, et suppression de l’acceptation du certificat médical classique dans la plupart des cas.
• Valeur de l’attestation PPS : 3 mois
• Pour les courses comme le Marathon du Mont‑Blanc : le PPS doit être fourni lors de l’inscription ou à une date butoir précise selon le règlement de la course.
• Objectifs avancés : simplifier les formalités, désengorger les cabinets médicaux, responsabiliser les coureurs aux risques.
• Critiques & inquiétudes : risque d’abaisser “le niveau de contrôle médical”, sentiment que l’on perd un garde‑fou dans les inscriptions, explosion possible des dossards donnés à tous.
• Réalité : le PPS est un outil de sensibilisation, non un examen physique. Il ne remplace pas un bilan médical chez les coureurs à risque.
On milite pour l’écoresponsabilité… mais on refuse toute contrainte
Des parkings filtrés ? Des quotas en zones sensibles ? Des bonus pour les coureurs “bas‑carbone” ? À chaque fois, ça râle. On crie à la contrainte injuste, à la restriction de liberté.
Et pourtant, sans régulation collective, la somme des comportements individuels finit par dégrader les espaces — érosion des sentiers, embouteillages de stationnement sauvage, piétinement de zones sensibles.
Vouloir courir libre sans impact, c’est possible… mais pas sans limites.
Le sport nature demande des garde‑fous. On a vu ça sur certaines épreuves : stationnements coupés, navettes imposées, quotas d’accès à certains tronçons fragiles (zones Natura 2000, réserves). Ceux qui s’en émeuvent oublient qu’un trail sans régulation, c’est un sentier piétiné, un milieu naturel abîmé, une faune repoussée. Alors oui, imposer des contraintes — parkings filtrés, quotas, bonus écoresponsables — ce n’est pas l’ennemi du trail, c’est son seul espoir de durer.
On rêve de nature brute… avec la sécurité d’un stade
On veut des parcours engagés, mais balisés au centimètre près. Des crêtes panoramiques, mais sans orage. Des sentiers techniques, mais sans chute. Une aventure “sauvage”, mais sécurisée comme un gymnase. Cette contradiction est de plus en plus visible dans le trail moderne, où l’exigence d’émotions fortes cohabite avec une attente de contrôle total.
Mais le trail reste, par nature, un sport d’environnement. Et la nature, elle, n’obéit pas à nos bulletins météo, à nos horaires, ni à nos applications GPS.
En 2022, le Grand Raid des Pyrénées a dû supprimer un tronçon de crête en raison d’un orage électrique annoncé, ce qui a déclenché des salves de critiques sur les réseaux sociaux, accusant l’organisation d’avoir “défiguré le parcours”. En 2023, à l’UT4M, c’est un glissement de terrain qui a obligé l’équipe à revoir la trace en urgence. Même topo à la Maxi-Race d’Annecy, où, malgré un balisage dense, des coureurs se sont égarés dans le brouillard, faute d’avoir téléchargé la trace GPS ou écouté le briefing.
À force de croire que tout peut être maîtrisé, on oublie que la montagne impose ses propres règles.
Et c’est précisément ce que le trail devrait enseigner : lire le terrain, s’adapter, gérer l’imprévu, être responsable de soi. L’illusion du “zéro aléa” finit par mettre les coureurs en danger, car elle crée une fausse impression de sécurité permanente. Et quand un accident survient, l’organisation devient bouc émissaire : balisage insuffisant, météo mal gérée, assistance trop lente… alors même que l’essence du trail, c’est cette part d’incertitude. À trop vouloir tout baliser, on finit par aseptiser la discipline, par tuer ce qui en fait la force : l’autonomie, l’humilité, la confrontation directe à l’imprévu.
Un trail sans brouillard, sans détour, sans risque, sans imprévu, est peut-être plus confortable — mais il n’a plus rien d’un trail. C’est un produit formaté pour ne plus déranger. Et ce n’est pas pour ça qu’on est venus.
On dénonce la “machine trail”… en l’alimentant chaque jour
On critique l’industrialisation du trail : les marques omniprésentes, les influenceurs qui monétisent chaque sortie, les formats sponsorisés, les partenariats à répétition.
On dénonce les événements qui grossissent, les “circuits marketing”, les ravitos aux logos XXL, les films léchés tournés par drones.
Et pourtant, on consomme tout, sans filtre.
On suit les mêmes ambassadeurs qu’on critique, on achète les chaussures qu’ils portent, on partage les vidéos qu’on juge trop commerciales, on achète du rêve, du mythe, du contenu. Difficile de dire non à une industrie qu’on a nous-mêmes contribué à construire, parfois avec passion, souvent sans recul. Parce qu’au fond, l’“industrialisation du trail”, ce n’est pas une entité extérieure : c’est nous. Ce sont nos clics, nos vues, nos achats, nos dossards, nos likes.
C’est notre enthousiasme pour l’UTMB, pour les nouvelles montres, pour les sacs plus légers, pour les shorts à 150 €. C’est nous qui transformons des parcours de montagne en vitrines.
Alors oui, on peut se méfier de la dérive commerciale du trail — mais à condition de reconnaître qu’on en est aussi les rouages.
On ne peut pas vouloir un trail authentique tout en alimentant une machine à contenus, à produits et à performances. Il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais au moins d’ouvrir les yeux : l’écosystème qu’on critique, on l’a nourri. Et aujourd’hui, il est peut-être temps de choisir ce qu’on veut vraiment encourager — ou de continuer à râler tout en scrollant.
Alors, on fait quoi ?
- Assumer ses contradictions : on peut rêver de lointain, mais le limiter à un voyage tous les X ans, en valorisant les courses locales au quotidien.
- Payer à sa juste valeur : pour du matériel durable, un dossard bien organisé, un événement respectueux de ses bénévoles et de son territoire.
- Se former et s’éduquer : en santé, en prévention, en écologie. Savoir, c’est pouvoir choisir en conscience (et pas juste râler).
- Soutenir les règles intelligentes : quotas, bonus, actions collectives. Pour que le trail reste un sport de liberté, mais pas de laisser-aller.
En résumé, le trail n’a pas besoin d’être “pur”. Il a besoin d’être cohérent.
Et notre schizophrénie collective n’est pas un problème… tant qu’on l’assume, qu’on la questionne, et qu’on aligne enfin nos discours, nos dossards et nos billets d’avion.
Le trail est schizophrène, au sens où il ne sait toujours pas vraiment ce qu’il est. Sport de montagne ou de plaine ? Course d’endurance ou de contemplation ? Aventure libre ou produit structuré ? Il s’étire dans toutes les directions : ultra‑marins au bord de l’eau, éco‑trails en ville, sky‑races d’altitude, nocturnes urbains ou formats “corporate” sponsorisés. Tout et son contraire cohabitent, parfois dans la même saison, parfois chez le même coureur. On y cherche l’authenticité mais on réclame le confort, on se dit proche de la nature mais on pollue pour s’y rendre, on rêve d’aventure mais on exige des garanties. Le trail est devenu un miroir de notre époque : contradictoire, éclaté, passionné. Tantôt quête spirituelle, tantôt business, tantôt échappée individuelle, tantôt spectacle collectif. Et c’est peut‑être là sa plus grande force — et sa plus grande confusion : vouloir tout concilier, sans jamais choisir entre le sauvage et le structuré, entre l’effort brut et la mise en scène. En un mot : le trail ne sait pas encore s’il veut être une expérience de nature ou une industrie de loisirs. Et c’est cette tension permanente qui le rend à la fois fascinant… et profondément schizophrène.
Sources
Les éléments factuels et exemples cités dans cet article ont été vérifiés à partir des sources suivantes :
- Kilian Jornet – States of Elevation (bilan chiffres, contexte) : iRunFar, récapitulatif et analyses (oct. 2025) — https://www.irunfar.com
- Joyline Chepngeno (Sierre-Zinal 2025) – suspension 2 ans, triamcinolone : Communiqué Golden Trail World Series — https://www.goldentrailseries.com ; L’Équipe (10–11 sept. 2025) — https://www.lequipe.fr
- Empreinte carbone UTMB – part du transport, plan mobilité, voitures évitées : UTMB Mobility / Carbon — https://montblanc.utmb.world/fr/discover/transportation/utmbmobility ; Outside (policy travel) — https://run.outsideonline.com
- Bonus mobilité (+30 % au tirage UTMB) : présentations et communiqués 2025 — https://run.outsideonline.com ; (rappel presse sectorielle) — https://www.endurancesportswire.com
- Marathon du Mont-Blanc – 96 % des émissions liées au transport ; quotas/mesures mobilité : Novethic (2024) — https://www.novethic.fr ; site officiel Marathon du Mont-Blanc — https://www.marathonmontblanc.fr
- Ordre de grandeur CO₂ vol AR Paris ↔ La Réunion (~2,7–3 t CO₂e) : Calculateur ADEME — https://calculateurco2.ademe.fr
- “Trails complets / loteries / restrictions d’accès, navettes” : UTMB Mobility (navettes, restrictions voiture) — https://montblanc.utmb.world ; Marathon du Mont-Blanc (mesures mobilité, dossards dédiés) — https://www.marathonmontblanc.fr
- Prix et gammes Garmin fēnix 8 / 8 Pro (AMOLED & MicroLED) : WatchGeneration (sept. 2025) — https://www.watchgeneration.fr ; (références tarifaires) Idealo — https://www.idealo.fr
- Durabilité chaussures Hoka (retours d’usagers, Speedgoat 6) : uTrail (juil. 2025) — https://www2.u-trail.com ; synthèses tests/avis spécialisés — https://www.believeintherun.com / https://runrepeat.com
- Conduites dopantes chez les amateurs (AINS, “38,2 %”) : Étude AMPD (PDF) — https://www.ampd.fr (rubrique publications / conduites dopantes traileurs)
- PPS (Parcours de Prévention Santé) remplaçant le certificat médical : FFA (pages officielles PPS & support) — https://www.athle.fr / https://support-pps.athle.fr ; récapitulatif “bye-bye certificat” — https://www.finishers.com
- Fermetures/partages d’usages – ours/faune, zones sensibles : Parc national des Pyrénées (fermetures temporaires, cohabitation ours 2022) — https://www.pyrenees-parcnational.fr ; Réserve naturelle/Contamines–Montjoie (zones de quiétude/hivernage) — https://www.reserve-naturelle-contamines-montjoie.fr
- Trail du Haut-Giffre 2024 – décès et polémique météo/chaleur : Le Dauphiné / BFMTV / Jogging-International (juin 2024) — https://www.ledauphine.com / https://www.bfmtv.com / https://jogging-international.net
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