States of Elevation Chapitre 3 : Colorado — Mosquito Range et Mount of the Holy Cross
States of Elevation jour 6 en direct – Kilian Jornet continue sa traversée des sommets américains. Ce nouveau chapitre l’a mené sur une longue crête de la Mosquito Range, puis jusqu’à Leadville, la plus haute ville des États-Unis, avant d’enchaîner avec l’ascension du Mount of the Holy Cross. Un bloc de cinq sommets supplémentaires, où se mêlent histoire minière et paysages grandioses.


States of Elevation jour 6 en direct : Decalibron, Mount Bross, Leadville et Mount of the Holy Cross
Le Decalibron, une arête mythique
Kilian raconte avoir commencé par la Mosquito Range, au cœur du Colorado : « plus de 7 heures d’effort qui m’ont conduit à travers quatre sommets de plus de 4 000 m sur une seule arête : Democrat, Cameron, Lincoln et Sherman, avec une tentative avortée sur Mount Bross »
Cet enchaînement est connu localement sous le nom de Decalibron — contraction des initiales Democrat, Cameron, Lincoln et Bross. Pour les coureurs ou randonneurs américains, c’est un classique des Rocheuses, une sorte de “tour des Quatorze-mille” accessible en une journée. Pour un Européen, c’est plus difficile à imaginer : quatre sommets de plus de 4 000 m alignés sur une seule crête, comme si l’on pouvait passer dans la foulée du Mont Blanc au Cervin puis à la Jungfrau.
Mount Bross, le sommet interdit

Kilian raconte avoir « flirté » avec Mount Bross, sans pouvoir en valider l’ascension. Ce sommet de plus de 4 000 m est un cas particulier : il se situe au croisement de quatre concessions minières privées, ce qui complique énormément l’accès. Pour obtenir une autorisation, il faudrait l’accord simultané de plusieurs propriétaires différents, chacun héritiers d’anciens titres liés à l’exploitation du secteur.
Pourtant sa trace GPS montre qu’il est passé à une cinquantaine de mètres du sommet. Officiellement, cela ne peut pas compter : la règle veut que le point culminant soit atteint et qu’il le soit légalement. Mais vu de l’extérieur, cette proximité revient presque à le valider. Kilian, lui, choisit de rester prudent, sans s’attirer de critiques ni de tensions locales.
Un exemple frappant de la différence culturelle avec l’Europe : alors que nos grands sommets sont ouverts à tous, certains “fourteeners” américains demeurent interdits au public, même quand on peut presque les toucher du doigt. La même situation risque d’ailleurs de se reproduire à Culebra Peak, un autre sommet au régime d’accès particulier.
À ce bloc déjà imposant, Kilian a ajouté le Mount Sherman, autre quatorze-mille réputé pour ses pentes minérales et ses ruines de mines de plomb et d’argent. Ces paysages de ferrailles et de bâtisses abandonnées racontent l’histoire du Colorado : une région façonnée par la ruée vers l’or et l’argent avant de devenir un haut lieu du sport outdoor.
Leadville, la ville la plus haute des États-Unis
Après ce premier effort, Kilian a enfourché son vélo pour une transition de nuit. Il raconte : « Après un court transfert en soirée, je me suis installé pour la nuit après minuit, laissant mon corps récupérer pour ce qui allait suivre. »
Cette route l’a conduit vers Leadville, perchée à 3 095 m. La ville a un parfum d’histoire : fondée à l’époque de la ruée vers l’argent, elle fut un centre minier majeur de l’Ouest américain. Aujourd’hui, elle vit au rythme de l’endurance : c’est ici qu’est née la Leadville 100, course de trail et d’ultra-cyclisme parmi les plus mythiques du pays. Pour Kilian, c’est aussi un lieu stratégique pour aborder la chaîne suivante, la Sawatch Range.
L’ascension du Mount of the Holy Cross
Kilian poursuit : « L’aube a apporté un froid mordant. J’ai roulé près de 3 heures à travers Leadville, à 10 200 pieds (3 095 m), la ville la plus haute des États-Unis, en poursuivant le soleil vers le départ du Holy Cross Trail. Malgré ce début glacial, je me suis senti fort, mon corps trouvant enfin son rythme dans l’air raréfié. »
Le Mount of the Holy Cross (4 270 m) est l’un des sommets emblématiques du Colorado. Son nom vient d’une immense croix de neige qui apparaît au printemps dans ses couloirs. Isolé dans une vallée reculée de la Sawatch Range, il a longtemps fasciné les pionniers et même inspiré des pèlerinages.
Kilian raconte : « L’ascension du Holy Cross s’est bien passée, dans la bonne humeur et avec une météo favorable pour le sommet. Un peu plus de 3 h 30 pour monter et redescendre, avec le Colorado qui montrait son meilleur visage. »
Le bilan du chapitre
Ce bloc représente :
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Course / Alpinisme : 52 km · 4 258 m de D+ · 16 h 56
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Vélo : 72 km · 1 144 m de D+ · 3 h 31
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Total chapitre : 124 km · 5 402 m de D+ · 20 h 27

Kilian comptabilise désormais 11 fourteeners sur les 66 prévus, pour environ 383 km parcourus et près de 19 000 m de dénivelé positif depuis le début du projet.
Et après ?
La suite logique mène plus au sud, toujours dans la Sawatch Range. C’est là que se dressent quelques-uns des géants du Colorado : le Mount Massive (4 396 m) et le Mount Elbert (4 401 m), point culminant de l’État. Puis viendra la série des fameux “sommets universités” : Harvard, Yale, Princeton, Columbia, Oxford. Une appellation surprenante pour des montagnes, mais qui illustre bien la richesse culturelle et symbolique de ces Rocheuses américaines.
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Les chaussures utilisées par Kilian Jornet
Les chaussures utilisées par Kilian Jornet
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