L’UTMB 2025 a montré une nouvelle facette du trail élite : des coureurs qui avancent comme des bolides de course calibrés, suivant des plans de marche millimétrés.
Ecouter cet article sur l’ingénieur du trail et de la performance, le data-scientiste français Joseph Mestrallet
Le Britannique Tom Evans et la Néo-Zélandaise Ruth Croft, vainqueurs chez les hommes et les femmes, ont appliqué une stratégie digne d’une écurie de Formule 1 tout au long des 172 km autour du Mont-Blanc. Chaque portion de parcours, chaque ravitaillement, chaque watt dépensé était anticipé à l’avance.
Des victoires calculées sur la base des chiffres de Joseph Mestrallet
Le parallèle avec la F1 n’est pas exagéré. Comme dans les paddocks, l’équipe encadrant l’athlète analyse les données en temps réel, ajuste la stratégie et contrôle le rythme pour éviter toute surchauffe. « À l’image de la Formule 1, chaque athlète est traité comme une machine complexe dont il faut ajuster les paramètres en continu.
Mais dans le trail, le moteur est humain », explique Joseph Mestrallet, le data-scientist français qui a orchestré dans l’ombre le triomphe d’Evans et Croft sur l’UTMB 2025.
Loin d’être anecdotique, cette science de la performance a fait la différence sur la ligne d’arrivée : Evans restait sur deux échecs consécutifs à Chamonix lors des éditions précédentes, avant de s’entourer d’un expert de la donnée, et un an plus tard il soulevait enfin le trophée.
Chez les hommes, Tom Evans a avoué après sa victoire que sa stratégie de course était basée sur des prédictions de performance très fines notamment pour gérer les montées et les descentes. Même constat chez les dames : Ruth Croft, tacticienne hors pair, a appliqué un pacing judicieux pour prendre l’avantage en seconde moitié de course, détrônant la triple championne Courtney Dauwalter malgré les intempéries.
Derrière la sueur et la souffrance se cachent donc désormais des équations, des graphiques et des simulations. Les champions courent toujours en montagne, mais leur gestion de course ressemble de plus en plus à celle des pilotes de Formule 1 – avec ravitaillements chronométrés, capteurs au poignet et stratégie calculée au watt près.
Et derrière cette révolution silencieuse du trail se profile un homme : Joseph Mestrallet, ingénieur de 28 ans, véritable directeur de course 2.0.
Joseph Mestrallet, l’ingénieur de la performance du trail
Joseph Mestrallet n’est pas un coach traditionnel. Ingénieur de formation, il se définit comme un « ingénieur de la performance » dont la mission n’est pas de motiver les athlètes, mais de modéliser, optimiser, prédire. Son crédo : réduire l’inconnu inhérent à l’ultra-trail en s’appuyant sur un maximum de données scientifiques. Fréquence cardiaque, puissance développée, consommation d’oxygène, lactates, efficacité de chaque foulée… des dizaines de paramètres issus des montres GPS et capteurs sont passés au crible, puis digérés par des algorithmes maison.
L’objectif est clair : transformer ces flux bruts en décisions exploitables pendant la course, afin d’optimiser la performance de l’athlète du départ à l’arrivée.
Concrètement, Mestrallet fournit à ses protégés un véritable plan de course personnalisé, quasiment au kilomètre près. On y trouve :
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Des zones cibles de fréquence cardiaque et de puissance pour chaque segment du parcours,
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Des consignes précises (par exemple marcher dès qu’une pente dépasse un certain pourcentage, ou prendre un ravitaillement avant tel col),
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L’interdiction de suivre un concurrent si celui-ci part à un rythme plus élevé que prévu, afin de ne pas se mettre dans le rouge,
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Et d’autres indications visant à éviter les erreurs classiques de l’ultra (partir trop vite, trop puiser dans les réserves musculaires sur une section roulante, etc.)
« Partir trop vite, c’est payer trois fois plus cher à la fin », rappelle ainsi Mestrallet pour souligner l’importance du pacing optimal. Ses plans de course, dignes des stratégies au millimètre des stands de Formule 1, permettent aux coureurs de flirter en permanence avec leurs limites sans jamais les franchir. Sur une épreuve de vingt heures, ces détails infimes font souvent la différence entre la victoire et la défaillance.
Il ne s’agit plus seulement de courir contre les autres ou contre la montagne, mais de courir d’abord avec les données.
À l’image de l’ingénieur moteur d’une écurie automobile, Joseph Mestrallet traite chaque ultra-traileur de pointe comme une machine humaine à paramétrer finement pendant la course.
Cette approche ultra-analytique peut sembler froide aux puristes, mais elle porte déjà ses fruits. Le champion catalan Kilian Jornet lui-même a montré la voie depuis des années en combinant intuition et science, via tests lactiques et entraînements calibrés, prouvant qu’on peut allier les deux.
Désormais, d’autres athlètes de haut niveau suivent le mouvement : Ruth Croft avait bénéficié de l’expertise de Mestrallet dès 2022, et les conseils de ce dernier « ont déjà permis à deux champions de briller » sur l’UTMB 2025.
Cette évolution, encore marginale, pourrait bien devenir la norme dans les années à venir à mesure que les outils technologiques se démocratisent (montres GPS de pointe, capteurs de puissance, plateformes d’analyse comme TrainingPeaks ou Nolio, etc.
Mestrallet insiste néanmoins pour ne pas déshumaniser le trail.
Trop de chiffres peuvent tuer l’instinct du coureur, et aucune modélisation ne pourra jamais totalement dompter l’imprévu des sentiers de montagne.
Son but n’est pas de fabriquer des robots, mais d’apporter des balises aux athlètes – des repères pour les guider sans étouffer leur part de feeling. « Courir avec des données, ce n’est pas tricher. C’est simplement apprendre à mieux se connaître » résume celui que certains surnomment déjà Monsieur Data.
En conjuguant la passion et la science, Joseph Mestrallet incarne une petite révolution dans le monde du trail. Et à voir les résultats de cette UTMB 2025, on comprend que le vrai vainqueur de la course, c’est peut-être lui. Ses méthodes de pointe ont propulsé deux champions sur la plus haute marche, transformant l’ultra-trail en véritable course de Formule 1 – où la victoire se joue autant dans les algorithmes et les stratégies que dans les jambes des coureurs.
Résumé
L’UTMB 2025 a marqué un tournant dans l’approche de la performance en trail. Derrière les victoires de Tom Evans et Ruth Croft, un homme de l’ombre a fait toute la différence : Joseph Mestrallet, ingénieur de la performance et fondateur d’Enduraw. Grâce à une préparation ultra-calibrée, inspirée des méthodes de Formule 1, il a conçu pour ses athlètes des plans de course basés sur des données physiologiques, environnementales et stratégiques. Son approche transforme peu à peu l’ultra-trail en une discipline pilotée par la data, où chaque décision est modélisée pour éviter les erreurs coûteuses. En 2025, le vrai gagnant de l’UTMB, c’est peut-être lui.
Sources
- Tom Evans et Ruth Croft, résultats et analyses UTMB 2025
– https://www.ladepeche.fr/2025/08/30/trail-la-course-la-plus-bizarre-apres-deux-abandons-successifs-le-britannique-tom-evans-remporte-son-1er-utmb-dans-des-conditions-dantesques-12901559.php#:~:text=Il%20n%E2%80%99%C3%A9tait%20pas%20le%20plus,Ben%20Dhiman%20et%20Josh%20Wade
– https://www.irunfar.com/2025-utmb-results - Interview de Joseph Mestrallet, ingénieur de la performance
– https://www.lequipe.fr/Ultra-trail/Video/Utmb-joseph-mestrallet-le-jeune-data-analyste-francais-qui-a-conseille-les-deux-vainqueurs-de-l-utmb/20216168 - Runner’s World – compte rendu UTMB 2025
– https://www.runnersworld.com/races-places/a65939071/utmb-results-2025-women-ruth-croft/
