Courir lentement à l’entrainement
Augmenter sa vitesse sans jamais forcer ? Cela semble absurde pour bon nombre de coureurs, surtout en trail où l’effort semble toujours extrême. Pourtant, l’une des méthodes les plus efficaces pour progresser repose justement sur le fait de ralentir. Cette approche, appelée endurance fondamentale, fait aujourd’hui consensus chez les meilleurs entraîneurs et scientifiques du sport. Et elle pourrait bien transformer votre façon de courir.
Le paradoxe de l’endurance fondamentale : courir lentement pour aller plus vite
Quand on débute la course à pied ou le trail, on associe naturellement l’intensité à l’efficacité. Plus on force, plus on progresse ? Faux. À faible allure, on active pourtant les mécanismes les plus puissants de transformation physiologique. Ce rythme lent — souvent situé à 60-70 % de la VMA ou autour de 75 % de la fréquence cardiaque maximale — correspond à une zone d’entraînement où la respiration reste fluide, les muscles travaillent en profondeur et la fatigue reste modérée.
Cette zone, pourtant essentielle, est largement délaissée. Pourquoi ? Parce que courir lentement heurte notre ego. Parce qu’on veut « transpirer utile ». Parce qu’on croit encore que la performance s’arrache à chaque séance. Pourtant, les plus grands, comme Kipchoge ou Blanchard, font la majorité de leurs kilomètres dans cette zone de confort.
Les bénéfices physiologiques d’une allure modérée
Lorsque vous courez en endurance fondamentale, vous construisez une base solide. Le cœur devient plus puissant, le réseau capillaire s’enrichit, l’oxygène circule mieux, les fibres musculaires s’adaptent à l’effort long. Le métabolisme s’optimise : vous brûlez davantage de graisses, vous économisez votre glycogène, vous devenez plus endurant, plus efficient.
C’est aussi un rythme qui protège. Moins de contraintes mécaniques, donc moins de blessures. Moins de stress nerveux, donc une meilleure récupération. L’endurance fondamentale agit comme un bouclier invisible : elle vous permet de vous entraîner plus, plus souvent, sans vous user.
En trail, où l’objectif est souvent de tenir la distance plutôt que de sprinter, cette stratégie devient encore plus essentielle. Elle permet d’accumuler du volume sans exploser. D’ailleurs, la majorité des plans d’entraînement trail bien construits comprennent jusqu’à 80 % de sorties en endurance fondamentale.
Courir lentement, mais intelligemment : comment s’y prendre ?
La première étape consiste à déterminer votre zone d’endurance fondamentale. Vous pouvez utiliser un cardiofréquencemètre, viser 70-75 % de votre fréquence cardiaque max, ou simplement vous fier au test de conversation : si vous pouvez parler en courant, vous êtes dans la bonne zone.
L’idéal est d’y consacrer 2 à 4 séances par semaine selon votre volume d’entraînement. Une sortie de 45 à 90 minutes suffit à produire des adaptations durables. Ces séances peuvent être réalisées sur terrain plat, mais aussi en côte ou sur sentier, en gardant une intensité modérée.
Et pour éviter de sortir de cette zone par erreur, vous pouvez paramétrer votre montre GPS pour qu’elle vous alerte en cas de dépassement. En groupe, la conversation entre partenaires est aussi un excellent régulateur naturel d’intensité.
Mais alors… pourquoi ne pas courir toujours lentement ?
Parce qu’à trop vouloir éviter l’intensité, on finit par stagner. L’endurance fondamentale est la base, mais pas l’intégralité. Elle doit être complétée par du seuil, du fractionné, du travail en côte. Courir lentement prépare le corps à encaisser ces séances plus dures, mais ne les remplace pas.
Il faut aussi tenir compte de vos objectifs. Un coureur de 10 km n’aura pas la même répartition qu’un ultra-traileur. Un débutant cherchera à développer sa base, un expérimenté à affiner ses filières. D’où l’importance de planifier, de structurer ses semaines, d’intégrer l’endurance fondamentale comme un pilier parmi d’autres.
Est-ce que ça fait maigrir ?
Courir lentement brûle plus de graisses pendant l’effort, c’est vrai. Mais pour perdre du poids, c’est le déficit calorique global qui compte. L’endurance fondamentale permet cependant de courir plus souvent, plus longtemps, avec moins de fatigue. C’est donc un levier redoutablement efficace sur le long terme, surtout pour les profils en surpoids ou en reprise.
Le retour du terrain : les coureurs amateurs confirment
De plus en plus de traileurs amateurs racontent leur bascule vers cette méthode. Moins de blessures. Plus de plaisir. Une meilleure forme générale. Et surtout : des chronos améliorés… sans avoir l’impression de forcer. C’est souvent en compétition que la méthode se valide : les allures cibles deviennent faciles, le souffle est maîtrisé, les jambes tiennent plus longtemps. La lenteur bien dosée devient une arme de vitesse.
Résumé
Courir lentement, en endurance fondamentale, optimise la performance en trail en améliorant le système cardiovasculaire, en brûlant mieux les graisses et en réduisant les risques de blessure. Loin d’être une perte de temps, c’est une stratégie d’élite pour devenir plus rapide et plus endurant.
FAQ
Est-ce que courir lentement fait progresser ?
Oui. Courir lentement stimule les filières énergétiques de fond, améliore l’endurance et prépare le corps à encaisser de futurs efforts plus intenses.
Combien de séances lentes par semaine ?
Entre 2 et 4 selon votre volume global. Environ 70 à 80 % de votre kilométrage total.
Est-ce bon pour perdre du poids ?
Oui, car cela permet de courir plus longtemps sans se fatiguer, tout en maintenant une dépense énergétique élevée.
Puis-je courir trop lentement ?
Oui. Il ne faut pas tomber dans l’extrême inverse : une intensité trop faible ne stimule plus aucune adaptation utile.
Pourquoi mes allures chutent-elles au début ?
C’est normal : il faut un temps d’adaptation. Mais les progrès arrivent rapidement après quelques semaines.
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