Kilian Jornet, ultra-trail, ultra-cohérent… ou ultra-contradictoire ?
Cette année, Kilian Jornet multiplie les projets loin de chez lui. Et son image d’athlète durable commence à sérieusement s’éroder.
Il y a quelques années, Kilian Jornet s’est positionné comme emblème d’une pratique outdoor réfléchie.
Il revendiquait avoir réduit ses voyages en avion, jusqu’à ne conserver que ceux strictement nécessaires pour participer à des courses ou projets significatifs, dans une logique d’empreinte carbone maîtrisée. Cette démarche s’inscrivait dans une prise de conscience plus large sur son impact environnemental, qu’il explore publiquement depuis plusieurs saisons.
Mais en 2025, les faits n’ont pas suivi les discours.
En mars, il s’envole pour la Toscane afin de disputer le Chianti Ultra Trail by UTMB (120 km), qu’il termine à la 2ᵉ place. Cette performance lui vaut un Golden Ticket pour la Western States 100. En juin, il retourne aux États-Unis et monte sur la 3ᵉ marche du podium, avec un temps de 14h19, l’un des meilleurs de l’histoire de la course.
En septembre, il retournera à nouveau outre-Atlantique pour lancer States of Elevation, un projet personnel à vélo et à pied à travers les Rocheuses. Deux traversées transatlantiques en moins de six mois. Tout cela, très loin de la Norvège où il vit, et de cette « montagne du quotidien » qu’il valorisait encore en 2020.
L’aventure oui, mais à quel prix ?
Personne ne remet en cause la beauté du projet States of Elevation. Ni la difficulté physique du défi. Ni même son potentiel inspirant. Mais la symbolique écologique s’est évaporée. Ce type d’aventure aurait pu se faire ailleurs. En Scandinavie. Dans les Alpes. Ou même à vélo depuis chez lui.
Mais non. Kilian choisit le Colorado. Comme si l’aventure n’était valable que dans un autre hémisphère. Et c’est là le problème : Kilian ne vend plus seulement un effort. Il vend un mythe. Celui du sauvage, du dépouillé, du retour à l’essentiel… mais dans un cadre à 10 000 km de chez lui.
Le discours vert pâle de Kilian Jornet
En 2020, Kilian affirmait vouloir se limiter à 3 tonnes de CO₂ par an. Il appelait les sportifs à « repenser leurs priorités » et à pratiquer une montagne sobre, locale. Mais en 2021, il affichait déjà 7,7 tonnes d’émissions. En 2023, il annonçait dépasser les 8 tonnes. Et en 2025, selon ses propres déclarations, il atteint encore 6,8 tonnes de CO₂. Bien au-delà de ce qu’il considère lui-même comme acceptable.
Trois déplacements internationaux en moins de sept mois. Des milliers de kilomètres en avion. Et toujours un discours sur la « montagne du quotidien ». Il expliquait que la montagne devait être la maison. Qu’on la trouve en Norvège, dans les Alpes ou l’Himalaya. Mais aujourd’hui, sa maison semble être à 10 000 km de chez lui.
On peut reconnaître à Kilian une vraie sincérité initiale. Mais aujourd’hui, l’écart entre son storytelling et ses choix concrets est devenu trop visible. Il ne suffit plus de compenser ou de documenter sa trace carbone : il faut cesser de la creuser.
Ce n’est pas du bashing. C’est une question légitime. Car on attendait mieux de lui.
Et si la vraie révolution n’était pas dans les Rocheuses… mais dans le fait de ne pas y aller ?
Sources
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A Conversation With Kilian Jornet About His Outdoor Friendly Pledge
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https://english.elpais.com/sports/2020-10-06/spanish-ultrarunner-kilian-jornet-takes-on-race-against-climate-change.html
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https://www.linkedin.com/posts/kilianjornet_carbon-footprint-2023-striving-for-sustainability-activity-7141445943953870849-gg3D
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https://as.com/deportes_accion/outdoor/kilian-jornet-sin-dormir-y-lesionado-2-en-una-carrera-de-120-km-n
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https://www.runnersworld.com/races-places/a65241944/kilian-jornet-2025-western-states-100
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https://www.brujulabike.com/etapa-del-tour-mas-maraton-al-dia-asi-nuevo-proyecto-kilian-jornet
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https://elpais.com/deportes/2025-08-08/kilian-jornet-a-la-conquista-del-oeste.html
Cet article s’appuie sur des déclarations publiques, des données accessibles en ligne et des faits rapportés par les médias. Il ne remet pas en cause les intentions personnelles de Kilian Jornet, mais propose une analyse critique de la cohérence entre ses engagements écologiques affichés et ses choix sportifs récents. Les éléments avancés ici relèvent de la liberté d’expression journalistique et d’un travail d’observation contextualisé.