Championnats du monde de trail 2027 en Afrique du Sud : une décision risquée ?
Du 6 au 10 octobre 2027, l’élite mondiale du trail et de la course en montagne se retrouvera à Cape Town pour les Championnats du monde WMTRC. Une première historique sur le continent africain, qui suscite autant d’enthousiasme que d’inquiétude. Car si l’Afrique du Sud peut se targuer de posséder l’un des décors les plus spectaculaires au monde, ses problèmes chroniques de sécurité pourraient venir gâcher la fête. Et certains faits récents n’invitent pas vraiment à l’optimisme.
En novembre 2023, à la veille de l’Ultra-Trail Cape Town, l’un des traileurs les plus connus de la planète, le Britannique Tom Evans, a été violemment agressé alors qu’il s’entraînait seul sur les sentiers de Table Mountain.
Deux individus l’ont ceinturé avant de le menacer avec une machette. Dépouillé de sa montre, de son téléphone et même de son alliance, Evans, choqué et marqué par cette attaque, a préféré se retirer de la course et rentrer au Royaume-Uni. Quelques jours plus tard, pendant l’épreuve elle-même, trois autres coureurs ont également été victimes de vols sur le parcours des 100 miles. Bien qu’aucun n’ait été blessé, ces incidents ont jeté un froid sur l’événement.
L’Ultra-Trail Cape Town n’est pourtant pas une course mineure.
Elle fait partie du circuit World Trail Majors et attire chaque année plusieurs dizaines d’élites internationales. Les organisateurs avaient pourtant mis en place des dispositifs de sécurité conséquents, en lien avec la police locale et des sociétés privées. Mais dans un pays où les agressions sont fréquentes, même dans les zones touristiques comme Table Mountain, la marge de manœuvre reste étroite. L’attaque de Tom Evans, par sa violence, a marqué un tournant dans la perception de la course à Cape Town.
Dès lors, une question s’impose : les Championnats du monde 2027 seront-ils sécurisés ?
Officiellement, les organisateurs de l’événement — en collaboration avec Athletics South Africa, Golazo South Africa et les autorités locales — assurent qu’un plan de sécurité complet sera mis en œuvre. Des patrouilles montées, une surveillance renforcée, des contrôles sur les zones sensibles du parcours sont annoncés. Mais cela suffira-t-il à rassurer les délégations étrangères, notamment européennes ou asiatiques, peu habituées à évoluer dans ce type de contexte ?
Sur le plan sportif, les parcours autour de Table Mountain s’annoncent grandioses. Terrains techniques, vues à couper le souffle, variations de terrain, conditions climatiques imprévisibles… tous les ingrédients d’un championnat du monde d’envergure seront réunis. Mais un événement de cette ampleur dépasse le seul défi sportif. Il s’agit aussi d’un moment de visibilité internationale pour un pays hôte. Et à ce titre, l’Afrique du Sud joue gros.
Le choix de Cape Town par World Athletics et la WMRA n’est pas anodin.
C’est une volonté claire d’internationaliser le trail running, d’ouvrir la discipline à d’autres continents que l’Europe ou l’Amérique du Nord. Cette ouverture est salutaire. Mais elle suppose un minimum de garanties pour les athlètes et les équipes. Si l’organisation faillit, si un nouvel incident majeur devait survenir, c’est toute la crédibilité de cette ouverture qui serait remise en question.
En toile de fond, la question de la sécurité en trail reste entière. Peut-on vraiment parler d’un sport « libre et sauvage » si les coureurs doivent être escortés par des patrouilles armées ? Faut-il renoncer à certaines destinations, aussi belles soient-elles, si l’intégrité physique des participants n’est pas garantie ? Et à l’inverse, faut-il accepter une part de risque au nom de l’authenticité et de l’exploration ?
Les Championnats du monde 2027 à Cape Town seront sans doute magnifiques. Mais ils seront aussi scrutés de près. Et leur réussite ne se jouera pas seulement sur les sentiers. Elle dépendra aussi — peut-être surtout — de la capacité de l’organisation à garantir la sécurité de tous les participants. Dans ce contexte, les souvenirs encore frais de l’attaque subie par Tom Evans, à quelques mètres du futur parcours mondial, rappellent que la montagne, aussi mythique soit-elle, ne suffit pas à faire un grand événement.
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- Cet article repose sur des faits rapportés par des médias spécialisés (Athletics Weekly, TimesLive, Runner’s Tribe, etc.) et n’a pas pour but de porter atteinte à l’image de l’Afrique du Sud ou de ses habitants. Il s’agit d’une réflexion journalistique sur la sécurité des événements sportifs internationaux, dans le cadre de la préparation des Championnats du monde de trail 2027. Toute généralisation ou extrapolation est à proscrire.
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