Le 5 août 2025, Kilian Jornet a publié sur son blog un long texte intitulé The aid station debate, où il analyse l’évolution de l’assistance dans le trail. Selon lui, la multiplication et la sophistication des ravitaillements créent des inégalités, menacent l’esprit du sport et nécessitent une régulation stricte.
Chez uTrail, nous avons lu ses arguments avec attention… et nous allons expliquer, point par point, pourquoi ils ne tiennent pas face à la réalité du terrain.
Les arguments de Kilian Jornet sur l’assistance en trail
1 – Évolution de l’assistance dans le trail
Son argument : à ses débuts, les ravitos étaient simples, identiques pour tous. Aujourd’hui, les pros disposent d’équipes entières prêtes à intervenir avec boissons fraîches, chaussures sèches et sacs préparés.
Notre réponse : c’est l’argument classique du “c’était mieux avant”. Le trail, comme tous les sports, évolue. Regretter l’époque des bananes et des gobelets en plastique, c’est ignorer que le progrès fait aussi partie de la discipline.
2 – Inégalités entre coureurs
Son argument : certains coureurs arrivent avec plusieurs personnes pour les assister, d’autres sont seuls, ce qui influence directement les performances.
Notre réponse : l’exemple de Vincent Bouillard, vainqueur de l’UTMB 2024 sans aucune assistance, montre que ce ne sont pas les équipes autour qui font gagner, mais bien les jambes.
3 – Question d’équité
Son argument : il faut se demander si on veut d’un sport où les moyens financiers et humains créent des écarts.
Notre réponse : on ne peut pas mettre sur le même plan amateurs et élites. Les premiers viennent pour finir, les seconds pour gagner. Les conditions ne seront jamais identiques et ce n’est pas l’assistance qui change cet état de fait.
4 – Reconnaissance des aspects positifs de l’assistance
Son argument : elle apporte un soutien physique et mental précieux, permet de consommer une nutrition testée et rompt la solitude.
Notre réponse : rien à redire sur ce point… mais c’est exactement ce qui existe déjà, et cela ne justifie pas de bouleverser le système actuel.
5 – Variation des règles selon les courses
Son argument : Western States autorise un “full crew”, l’UTMB limite strictement l’assistance, et il faudrait harmoniser les règles.
Notre réponse : la diversité des règlements est une richesse. Si on veut beaucoup d’assistance, on choisit Western States ; si on préfère moins, on choisit l’UTMB. La liberté de choisir son format est un atout, pas un problème.
6 – Risques pour l’avenir du trail
Son argument : on va vers un modèle “Formule 1” où la performance dépend surtout des équipes et des budgets, ce qui éloigne l’esprit d’autonomie.
Notre réponse : faux. L’assistance ne remplace pas les jambes. Et cet “esprit originel” est déjà loin depuis longtemps : inscriptions en ligne, prix élevés, trails urbains… L’assistance n’est qu’un détail dans cette évolution.
7 – Propositions de régulation
Son argument : limiter le nombre de zones d’assistance, le nombre de personnes, et le matériel échangé.
Notre réponse : surprenant venant d’un athlète qui prône la liberté et l’anti-règlementation en montagne. Vouloir imposer plus de règles ici, c’est contradictoire avec son image. Surprenant aussi venant d’un athlète qui a été le premier à jouer avec le règlement obligatoire.
8 – Impact sur l’accessibilité
Son argument : l’assistance rend le sport moins accessible aux athlètes sans gros moyens.
Notre réponse : c’est simplement la reprise de l’argument du “trail à deux vitesses”. Les écarts entre pros et amateurs ont toujours existé et ne disparaîtront pas avec moins d’assistance.
9 – Responsabilité des élites
Son argument : les pros maximisent l’assistance car les règles le permettent, ce qui creuse l’écart.
Notre réponse : encore une répétition du même argument sur les inégalités. Rien de nouveau, et pas de solution concrète qui changerait réellement la donne.
10 – Vision personnelle pour l’avenir
Son argument : il veut un sport où tous affrontent les mêmes conditions avec un certain degré d’autonomie.
Notre réponse : joli discours, mais aujourd’hui, l’évolution du trail ne dépend plus seulement de lui. Les organisateurs, les coureurs et les communautés façonnent le sport ensemble. Il veut que les élites soient au même niveau que les amateurs alors qu’il se pose en Professeur.
Kilian Jornet a marqué l’histoire du trail par ses exploits et reste un immense champion. Mais depuis l’épisode de 2024 où il appelait à boycotter l’UTMB tout en soutenant le circuit concurrent World Trail Majors — sponsorisé par ses propres partenaires —, sa parole est souvent perçue comme intéressée. Quand il s’érige aujourd’hui en défenseur de “l’équité” et de “l’esprit du trail”, difficile de ne pas voir un discours qui recycle de vieilles idées, s’appuie sur des exemples extrêmes et ne résiste pas aux faits. Le trail continuera d’évoluer avec ou sans lui, et sa voix, aussi respectée soit-elle, n’est plus la seule qui compte pour définir l’avenir de la discipline.
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