Et si, au Kenya, le dopage n’était pas seulement un problème médical, mais aussi politique ? Après la suspension provisoire de Ruth Chepngetich, détentrice du record du monde féminin du marathon, les réactions officielles ont pris une tournure inattendue : des députés kényans ont exigé des excuses publiques à un journaliste américain qui avait osé exprimer ses doutes. Une défense nationale qui en dit long sur l’embarras du pouvoir face à la répétition des cas.
Au Kenya…
Chaussures de Trail Salomon Sense Ride 5
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Le 23 juillet 2025, plusieurs membres du Parlement kényan ont pris la parole pour condamner… non pas le dopage, mais les critiques. Plus précisément celles du journaliste américain Robert Johnson (cofondateur du site Let’sRun.com), qui avait émis publiquement des réserves sur la performance de Ruth Chepngetich à Chicago (2h09’), la qualifiant de « trop belle pour être vraie ». Une performance d’autant plus suspecte qu’elle a été suivie d’un contrôle positif à un diurétique.
Furieux, les députés ont pris la parole pendant une session parlementaire pour défendre la marathonienne et ont exigé des « excuses immédiates ». Une posture qui a surpris dans un contexte où le Kenya est régulièrement pointé du doigt pour son nombre de cas de dopage.
Une réaction officielle inhabituelle
De son côté, la fédération Athletics Kenya s’est alignée sur cette posture en dénonçant « l’acharnement médiatique ». Pour la première fois, elle a pris publiquement la défense d’une athlète accusée de dopage. L’instance a condamné les propos du journaliste américain sans commenter le fond de l’affaire, ni rappeler son engagement envers l’Athletics Integrity Unit.
Ce qui choque ici, ce n’est pas tant le patriotisme, mais le renversement du débat : au lieu de chercher la vérité ou d’attendre les résultats des procédures, certains responsables veulent faire taire les critiques. Et surtout, ils ne supportent pas que celles-ci viennent de l’étranger.
Une culture du silence dans un pays sous surveillance
Ce nouvel épisode arrive dans un climat déjà tendu. Le Kenya, malgré ses champions, est l’un des pays les plus surveillés par l’Athletics Integrity Unit. En 2023, plus de 60 athlètes y avaient été suspendus en 12 mois. Et fin juillet 2025, six nouveaux cas ont été annoncés en moins de 10 jours, dont celui de Ruth Chepngetich.
Loin de rassurer, la réaction des officiels laisse entrevoir une forme de déni institutionnel. Car s’il y a bien un sujet où la transparence devrait primer, c’est celui du dopage. Vouloir décrédibiliser ou intimider les journalistes n’aidera en rien à restaurer la confiance.
Une dérive inquiétante pour la liberté de critiquer
La prise de parole des parlementaires, tout comme la défense de Chepngetich par Athletics Kenya, soulève une vraie question : peut-on encore librement interroger des performances suspectes, sans être accusé de « nuire à la nation » ? En sport comme ailleurs, le journalisme d’investigation reste un outil clé pour faire progresser l’éthique. Ce qui s’est passé à Nairobi envoie un signal inverse.
Sources
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The Sports Examiner
→ Un article du 25 juillet 2025 documente les interventions de plusieurs membres du Parlement kényan (National Assembly) ayant publiquement exigé des excuses pour Ruth Chepngetich, après les doutes exprimés par Robert Johnson (Let’sRun.com).
👉 Source directe :
https://www.thesportsexaminer.com/athletics-kenyan-national-assembly-members-rail-for-20-minutes-demanding-apologies-and-more-to-chepngetich-for-questions-on-doping/ -
Running Magazine Canada
→ A relayé ces déclarations en précisant que des parlementaires kenyans ont publiquement soutenu Chepngetich et attaqué le journaliste américain.
👉 Source directe :
https://runningmagazine.ca/the-scene/kenyan-parliament-demands-u-s-journalist-apologize-for-marathon-world-record-question/
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Cet article s’appuie sur les déclarations publiques de parlementaires kényans publiées dans la presse internationale, notamment The Sports Examiner et Running Magazine Canada, disponibles à la date du 27 juillet 2025. Il s’agit d’un point de vue éditorial s’inscrivant dans le cadre du droit à l’information.
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