On entend souvent qu’en trail, il faut avant tout se faire plaisir, savoir écouter ses sensations, sortir du cadre, improviser. Mais la réalité, c’est presque l’inverse : c’est la rigueur, la répétition, le respect du plan qui mènent à la performance.
La preuve ? Caleb Olson, vainqueur de la Western States 2025, n’a rien laissé au hasard. Il a suivi à la lettre le plan concocté par son coach Jack Kuenzle, un ancien Navy SEAL reconverti en expert des records FKT. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y avait rien d’original là-dedans : pas d’innovation tape-à-l’œil, pas de séance miracle, pas de gadgets d’entraînement. Juste une succession de blocs cohérents, des intensités bien calibrées, un gros travail en montée, et une discipline sans faille.
Ce qui semblait « basique » sur le papier s’est révélé diablement efficace sur le terrain. Et si, pour progresser en trail, la vraie audace était… d’être scolaire ?
plan d’entrainement trail
Un coach un peu militaire, un élève (presque) modèle – Jack Kuenzle n’est pas un entraîneur comme les autres. Ancien SEAL de la Navy, passé par Yale, obsédé par la planification et les datas, il aime les protocoles carrés. De l’autre côté, Olson, 29 ans, est plutôt du genre à courir pour le plaisir et à miser sur les sensations.
Quand ils commencent à travailler ensemble à l’automne 2024, tout semble les opposer. Et pourtant, ce duo va construire une préparation scolaire, en blocs, avec des objectifs précis et une progression rigoureuse. Pas d’impro. Pas de freestyle. Juste un cahier de textes bien rempli.
Un plan d’entrainement trail scolaire mais efficace
Étape 1 : faire le bilan
Premier devoir imposé : tests de seuil, squat, 5 km, montée locale chronométrée… Kuenzle commence par une évaluation complète des forces et faiblesses de son élève. Bilan : très bon sur le plat, moins bon en montée. La copie est claire, il faut bosser les côtes.
Étape 2 : les blocs d’apprentissage
Premier trimestre (novembre à janvier)
Travail de base, renforcement musculaire et volume modéré mais constant.
Objectif : construire les fondations.
Des séances très codifiées : montée lestée, sprints courts, muscu type Wendler… Et surtout : ne pas aller trop vite, rester dans les bonnes zones. Pas d’excès.
Deuxième trimestre : montée en puissance
Place au travail au seuil sur tapis ou routes pentues. Puis une vraie « séquence verticale » pour gagner en puissance et rendement en côte. Chaque bloc est structuré, chaque séance a un but pédagogique.
Troisième trimestre : spécialisation course
On travaille les descentes, la chaleur, l’allure spécifique, la nutrition en course… Et on révise les classiques avec un peu de piste (des 200 m pour garder de la vitesse). Puis vient la période de révisions finales : le tapering, cette dernière ligne droite avant l’examen.
Éducation complète : théorie ET terrain
Ce qui fait la force du plan Kuenzle, c’est aussi sa souplesse. Olson devient papa le 1er mai. Le coach adapte les séances. Il conserve des journées faciles. Il laisse de la place à la vie et au plaisir. Mais le cadre est toujours là. Une semaine type ressemble à un emploi du temps d’agrégé : deux séances dures, du travail d’endurance, des descentes spécifiques, de la chaleur, et un suivi nutritionnel. Tout est planifié, mesuré, vérifié.
Résultat du contrôle final : 20/20
Le jour J, Olson explose les compteurs : 14h11 sur la Western States, deuxième temps le plus rapide de l’histoire, à deux minutes seulement du record. Une victoire obtenue non pas par la flamboyance, mais par la constance. Son coach résume : « boring and consistent ». Une méthode d’excellence qui rappelle que, même en trail, être scolaire… ça peut faire gagner.
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