Le sexisme ordinaire que subissent les joggeuses : quand courir devient un combat
Courir devrait être un moment de liberté, d’évasion, de bien-être. Pourtant, pour de nombreuses femmes, ce simple acte sportif se heurte à une réalité bien moins sereine. Bousculades, commentaires déplacés, regards insistants : en France aussi, les joggeuses sont confrontées à un sexisme ordinaire tenace, jusque sur les lignes de départ des compétitions. Et trop souvent, cela reste invisible.
Chaussures Trail Hoka Challenger 7
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Des joggeuses bousculées, ignorées, rabaissées : des gestes qui en disent long
Certaines le racontent à demi-mot, d’autres n’osent pas. Mais les témoignages se recoupent. Lors de courses populaires ou de simples footings en ville, des femmes rapportent être régulièrement heurtées par des hommes qui ne s’excusent jamais. Un coup d’épaule ici, une trajectoire imposée là… Comme si leur présence sur le bitume était une gêne. « On a l’impression d’être transparentes, ou pire, déplacées », confie Camille, qui court chaque semaine à Marseille.
Un phénomène connu… mais banalisé
Ce sexisme n’a rien d’exceptionnel. Il est quotidien. Il est discret. Et c’est bien ce qui le rend si insidieux. Une étude britannique relayée par Sport England indique que 20 % des femmes redoutent le harcèlement quand elles font du sport en extérieur. Et selon une enquête menée en France par la Fondation Jean-Jaurès, près de la moitié des femmes disent avoir déjà été importunées pendant une activité physique. Dans les courses officielles, certaines se voient toujours reléguées au second plan : moins d’images à l’arrivée, moins de commentaires sur leurs performances, et surtout, un manque flagrant de respect dans le peloton.
Quand on te pousse… pour aller plus vite
Ce qui choque le plus, ce sont les dépassements. Dans les courses urbaines comme les trails en montagne, plusieurs femmes disent avoir été carrément poussées ou frôlées à pleine vitesse, comme si elles étaient un obstacle. Pas un mot, pas un regard, aucune excuse. « C’est comme s’ils estimaient que t’étais trop lente pour mériter d’être là », témoigne Léa, finisher de plusieurs semi-marathons. Pire encore : certaines racontent avoir été humiliées verbalement en plein effort, par des remarques sur leur tenue ou leur allure.
Le trail aussi concerné
Dans l’univers du trail, pourtant souvent décrit comme plus « bienveillant », le phénomène n’est pas absent. Sur les monotraces, où les dépassements sont techniques, il n’est pas rare qu’un homme impose le passage sans prévenir, quitte à déstabiliser la coureuse. « J’ai été bousculée sur un passage rocheux dans le Vercors. J’ai failli tomber. Le gars ne s’est même pas retourné », se souvient Élise, participante au Trail Drôme. Et que dire de ces remarques paternalistes encore fréquentes sur les ravitos ou à l’arrivée : « Bravo, c’est bien pour une femme », comme si les jambes n’avaient pas de genre.
La fausse solution des courses non mixtes
Faut-il organiser des départs séparés ? Créer des événements réservés aux femmes ? La tentation existe. Mais ce serait prendre le problème à l’envers. Ce n’est pas aux femmes de s’effacer ou de se protéger. C’est à certains hommes de réapprendre la base : le respect. Et aux organisateurs de prendre leur part. Briefings inclusifs, signalement facilité des comportements déplacés, médiatisation équitable… Il est temps de rappeler que la course à pied est un sport pour tou·te·s.
Courir sans se justifier
Pour beaucoup, le jogging est un espace de respiration mentale, un sas de décompression dans des vies déjà bien chargées. Y être bousculée ou jugée transforme cet instant en source de stress. Ce n’est pas acceptable. Courir devrait être un droit simple et évident. Pour toutes et tous. Sans avoir à se justifier, sans avoir à prouver sa valeur ou à esquiver des comportements hostiles.
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