Le trail est un sport de dépassement de soi… mais aussi, parfois, de préjugés. Parmi les plus tenaces : ceux qui veulent qu’une femme, surtout si elle ne correspond pas aux clichés du “corps d’athlète affûté”, ne soit qu’un accessoire dans la course de son compagnon. Ce jour-là, sur un 50 km, c’est pourtant tout l’inverse qui s’est produit.
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Un départ sous-estimé
Dès les premiers kilomètres, je cours tranquillement avec mon mec. À côté de nous, deux hommes d’une cinquantaine d’années engagent la conversation… avec lui. Moi ? Invisible. À leurs yeux, j’étais sans doute “la copine courageuse” qui tente l’aventure grâce au soutien de son valeureux compagnon. Ils finissent même par lui glisser, l’air admiratif, que c’est “super gentil” de sa part de m’attendre. “C’est elle qui m’attend”, leur répond mon mec. Éclats de rire gênés. Bonne blague, pensent-ils.
La montée en puissance
Je laisse filer l’affaire sans rien dire. Je continue ma course, régulière, concentrée. Quelques kilomètres plus loin, les jambes toujours fraîches, je les dépasse, sans effort, sans forcer. Juste un sourire, un vrai, pas moqueur. Le genre de sourire qui reste en tête.
Une arrivée savoureuse
Et comme la boucle était belle, j’ai décidé de les attendre à l’arrivée. Douche prise, t-shirt sec, petit air détendu. Quand ils franchissent la ligne, transpirants, lessivés, ils me regardent sans trop y croire. D’abord, ils font mine de ne pas me reconnaître. Puis viennent les félicitations, timides, à peine murmurées. Regard au sol. Ego dans les chaussettes.
Ce jour-là, j’ai gagné bien plus qu’un chrono. J’ai balayé un préjugé à ma façon : en courant, en doublant, et en souriant. Car sur une ligne de départ, le niveau ne se lit ni sur un visage ni sur une silhouette. Et parfois, la plus belle revanche, c’est de ne même pas chercher à en prendre une.
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