UTMJ 2025 : la pépite sexiste
Alors que l’Ultra Trail des Montagnes du Jura (UTMJ) vient de dévoiler sa campagne visuelle pour l’édition 2025, une évidence saute aux yeux : pas une seule femme sur les cinq affiches diffusées sur les réseaux sociaux. Cinq hommes, cinq coureurs, cinq visages d’un trail 100 % masculin. Et les traileuses dans tout ça ? Invisibilisées, une fois encore.
L’UTMJ, un événement majeur du calendrier trail
Matériel de trail d’occasion entre passionnés
L’Ultra Trail des Montagnes du Jura, ou UTMJ, est un rendez-vous incontournable de l’automne pour les passionnés de trail. L’événement propose plusieurs formats, du 10 km jusqu’à l’ultra de 175 km pour 8 200 m de dénivelé, à travers les paysages sauvages du Jura. Il attire chaque année des coureurs de tous horizons, dont des figures bien connues du milieu. Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, y a notamment brillé : 2ᵉ sur l’épreuve reine en 2020, puis vainqueur de la Renarde (80 km) en 2021 et 2022, avant de prendre à nouveau la 2ᵉ place en 2023.
Une fidélité à l’événement qui contraste avec l’oubli manifeste des traileuses sur les affiches de 2025, alors qu’elles représentent souvent 30 % à 40 % des inscrits sur les formats courts à intermédiaires.
Des femmes bien présentes sur les sentiers mais absentes des affiches de l’UTMJ
Ce n’est pas faute de participantes. Lors de l’édition précédente, près de 20 % des dossards sur les longues distances étaient portés par des femmes. Sur les formats plus courts, cette proportion grimpe parfois à 30 ou 40 %. Des traileuses qui s’entraînent, qui performent, qui inspirent… mais qu’on continue à effacer quand il s’agit de représenter l’événement.
Pourquoi cette absencesur l’UTMJ ? Qui valide ces visuels ?
Derrière ces visuels se cache un positionnement marketing choisi.
Choisi de ne montrer que des hommes. Choisi de vendre le trail comme une affaire de mecs. Choisi, sans doute inconsciemment, de dire aux femmes qu’elles sont tolérées sur les sentiers mais pas dignes d’être mises à l’honneur.
On nous parlera peut-être de hasard, de manque de photos exploitables, de choix techniques. On connaît la chanson. Mais ce genre d’oubli répété, dans un sport qui se veut inclusif, finit par dessiner une frontière symbolique. Celle qui sépare les coureuses de l’image qu’on donne du trail.
Le trail n’est pas un boys club
Le trail, c’est aussi Blandine L’Hirondel, Camille Bruyas, Marion Delespierre, Mathilde Sagnes. Ce sont des milliers d’anonymes qui s’alignent chaque week-end sur les lignes de départ avec passion et détermination. Le trail est mixte, riche de diversité, et sa communication doit le refléter.
UTMJ, il est encore temps de rectifier le tir
On ne demande pas des quotas, ni une parité forcée sur chaque support. On demande simplement de la justesse, de la représentativité, et du respect. Une affiche, ce n’est pas qu’un visuel : c’est un message. Et celui que l’UTMJ envoie cette année n’est pas le bon.
À l’heure où les marques, les organisateurs et les médias tentent de faire évoluer le sport vers plus d’égalité, voir un événement aussi important diffuser une série de visuels 100 % masculins, c’est un retour en arrière glaçant.