Le chiffre a circulé partout ce matin : onze joggeuses tuées entre 2005 et 2017, soit une joggueuse tous les ans en France. Ce rappel glaçant a ravivé les inquiétudes et suscité de vives réactions. Pourtant, derrière ce chiffre réel, se cache une réalité plus complexe qu’il n’y paraît. Car si une joggeuse assassinée est toujours une de trop, ces drames restent heureusement rares. Les médias, en mettant en avant ces affaires tragiques, contribuent parfois à amplifier le sentiment de peur chez les coureuses. Cet article n’a pas pour but d’alimenter l’angoisse, mais au contraire de rappeler que la course à pied reste une activité sûre dans l’immense majorité des cas. Il est essentiel d’aborder ces faits avec lucidité, sans céder à la panique, ni renoncer à sa liberté d’aller courir.
Depuis deux décennies, le simple fait de chausser ses baskets pour courir s’est transformé en acte de bravoure pour de nombreuses femmes.
Entre 2005 et 2017, onze joggeuses ont été tuées en France alors qu’elles pratiquaient leur sport.
Derrière ces faits divers tragiques se cache une réalité plus large : le sentiment d’insécurité persistant chez les femmes qui courent, particulièrement en milieu isolé. La course à pied féminine, pourtant symbole de liberté, se heurte encore aujourd’hui à la peur.
Une série de meurtres qui a marqué les esprits
En l’espace de douze ans, onze femmes ont perdu la vie en courant, souvent en pleine nature, loin des regards. Dans la majorité des cas, ces crimes avaient une dimension sexuelle. Ce fut le cas de Martine Jung, Marie-Christine Hodeau ou encore Catherine Gardère, toutes trois agressées alors qu’elles faisaient leur jogging. Ces drames révèlent une violence ciblée envers des femmes isolées, souvent piégées par le calme apparent des sentiers qu’elles empruntent.
L’angoisse d’une nouvelle disparition
Plus récemment, la disparition d’Agathe, 28 ans, partie courir dans la Vienne, remet cruellement ce sujet au cœur de l’actualité. Les recherches se poursuivent, mais l’inquiétude grandit à mesure que le temps passe. Les faits rappellent que le danger n’a pas disparu, et que la menace d’une agression reste réelle, en particulier dans les zones rurales où la solitude devient une faiblesse.
Une vulnérabilité ressentie par des millions de femmes
La peur n’est pas seulement nourrie par les faits divers. Elle se ressent au quotidien. Une étude récente de l’Union Sport & Cycle indique que 15 % des femmes pratiquant la course à pied se sentent vulnérables. Chez les 18-24 ans, ce chiffre grimpe à 27 %. Et les témoignages de comportements inappropriés sont nombreux : remarques sexistes (56 %), filatures (17 %), gestes déplacés (7 %), voire menaces et agressions (3 %).
Courir devient un défi de sécurité
Face à cette insécurité, les femmes s’adaptent. Elles modifient leur parcours, évitent certaines heures, préviennent leurs proches avant de sortir, ou utilisent des outils de géolocalisation. Certaines ne courent plus qu’en groupe, quand cela est possible. Ces « stratégies d’évitement » traduisent un déséquilibre : une partie de la population ne peut exercer sa passion librement sans devoir anticiper un éventuel danger.
Un phénomène mondial
Le malaise n’est pas uniquement français. Selon une enquête commandée par Adidas dans neuf pays, 92 % des femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu’elles courent seules. La moitié d’entre elles redoute une agression physique. Et 38 % ont déjà subi du harcèlement.
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