SaintéLyon et SaintéGones : une reconnaissance faciale utilisée illégalement sur les sportifs et spectateurs ?
L’entreprise PhotoRunning, spécialisée dans la photographie sportive événementielle, est au cœur d’une polémique. Selon une enquête du Monde, elle aurait utilisé la reconnaissance faciale sur plus de 300 000 personnes, souvent sans leur consentement, lors de plusieurs événements, dont la SaintéLyon et la SaintéGones.
PhotoRunning
PhotoRunning, un procédé controversé utilisé sans autorisation
PhotoRunning propose aux coureurs d’obtenir leurs photos prises durant une course en soumettant un cliché de leur visage sur son site internet. Ce système repose sur un algorithme de reconnaissance faciale, qui identifie les participants à partir des images capturées sur l’événement. Toutefois, pour que cela fonctionne, toutes les personnes présentes sur les clichés doivent être analysées, y compris les spectateurs.
Or, cette pratique enfreint le règlement général sur la protection des données (RGPD), qui interdit par défaut l’utilisation de la reconnaissance faciale, sauf si les personnes concernées donnent leur accord explicite. Selon une avocate spécialisée en droit numérique interrogée par Le Monde, cette technologie ne peut être employée légalement que sous certaines conditions strictes, ce qui ne semble pas avoir été respecté ici.
Un impact qui dépasse les coureurs
D’après l’enquête, la reconnaissance faciale ne s’est pas limitée aux participants de la SaintéLyon et de la SaintéGones, mais a également concerné les spectateurs présents. Un fait particulièrement préoccupant, puisque parmi les 500 coureurs de la SaintéGones, certains avaient à peine six ans.
Face aux critiques, PhotoRunning s’est défendue en affirmant avoir développé une solution garantissant la vie privée des coureurs, puisque chacun ne peut accéder qu’à ses propres photos. Toutefois, l’enquête du Monde a démontré qu’il était possible d’obtenir les clichés d’autres sportifs, remettant en cause ces déclarations.
Une plainte déposée auprès de la Cnil
Les organisateurs des courses concernées affirment ne pas avoir été informés que cette technologie était appliquée à l’ensemble des participants et des spectateurs. Une plainte a été déposée auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), et l’affaire est actuellement en cours d’instruction.
Si cette affaire aboutit à des sanctions, elle pourrait marquer un tournant dans l’usage des technologies biométriques dans le monde du sport amateur et professionnel. Une question majeure reste en suspens : jusqu’où peut-on aller dans l’exploitation des images des sportifs sans porter atteinte à leur vie privée ?
La gestion des données personnelles dans les compétitions sportives : enjeux et perspectives
La participation à des compétitions sportives implique souvent la collecte et la diffusion de données personnelles des athlètes, telles que le nom, l’âge, le sexe et les performances. Cette pratique, bien que courante, soulève des questions importantes concernant la protection de la vie privée des participants.
La publication des résultats : une tradition à encadrer
Traditionnellement, les résultats des compétitions sont publiés pour informer le public et valoriser les performances des athlètes. Cependant, cette diffusion doit être encadrée pour respecter les réglementations en vigueur sur la protection des données personnelles. Par exemple, certaines courses permettent aux participants de demander le retrait de leur nom des listes de résultats publiques après une certaine période, équilibrant ainsi transparence et respect de la vie privée.
La collecte de données sensibles : entre performance et confidentialité
Dans le sport de haut niveau, la collecte de données biométriques et de santé est courante pour améliorer les performances. Cependant, ces informations sont particulièrement sensibles et leur traitement doit être justifié par un intérêt public important et encadré par des mesures strictes pour garantir la confidentialité.
Les risques liés aux applications de suivi sportif
L’utilisation d’applications de suivi sportif, comme Strava, peut exposer des informations sensibles si les paramètres de confidentialité ne sont pas correctement configurés. Des incidents ont montré que des données de localisation pouvaient être exploitées pour identifier des individus ou des installations sensibles, mettant en lumière la nécessité d’une utilisation prudente de ces technologies.
La responsabilité des organisateurs : informer et sécuriser
Les organisateurs d’événements sportifs ont la responsabilité d’informer clairement les participants sur la collecte et l’utilisation de leurs données personnelles. Ils doivent également mettre en place des mesures de sécurité adéquates pour protéger ces informations contre les cyberattaques, de plus en plus fréquentes dans le secteur sportif.
Vers une culture de la protection des données dans le sport
Il est essentiel de développer une culture de la protection des données dans le milieu sportif, en sensibilisant les athlètes, les entraîneurs et les organisateurs aux enjeux liés à la confidentialité. Le respect des réglementations, comme le RGPD, doit devenir une priorité pour garantir la confiance et la sécurité de tous les acteurs impliqués.
En conclusion, la gestion des données personnelles dans les compétitions sportives nécessite une attention particulière pour concilier tradition, performance et respect de la vie privée. Une approche équilibrée et conforme aux réglementations en vigueur est essentielle pour assurer la confiance et la sécurité des participants.
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