Avec plus de 2 millions de chômeurs et près de 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France, il devient difficile d’ignorer les disparités qui se creusent. Alors que tant de citoyens luttent pour assurer leur quotidien, des entreprises privées, prospérant grâce à des événements lucratifs, préfèrent s’appuyer sur des bénévoles plutôt que de créer de véritables emplois. L’appel récent du Grand Raid Ventoux by UTMB, qui recrute plus de 300 bénévoles pour son édition 2025, illustre parfaitement ce paradoxe.
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Derrière l’enthousiasme communicatif de l’appel à bénévoles, se cache une réalité bien moins reluisante : ces événements brassent des millions grâce aux inscriptions, aux sponsors et aux retombées économiques locales, mais leur organisation repose en grande partie sur des bénévoles non rémunérés. On peut s’interroger sur la légitimité de ce modèle. Est-ce normal qu’une entreprise privée préfère s’appuyer sur des volontaires plutôt que de proposer des emplois à des personnes en recherche de travail, dans un contexte où tant de gens peinent à joindre les deux bouts ?
Le paradoxe des bénévoles dans des événements lucratifs et en trail
Les courses comme celles du circuit UTMB attirent des milliers de participants et de spectateurs, générant des profits considérables. Pourtant, l’appel à plus de 300 bénévoles pour des tâches essentielles – ravitaillement, balisage, logistique ou soins médicaux – révèle une faille dans leur fonctionnement. Pourquoi ces postes ne sont-ils pas pourvus par des employés rémunérés, au moins partiellement ? Si l’on peut concevoir que certains préfèrent s’engager par passion, doit-on pour autant normaliser un modèle économique où la gratuité est érigée en pilier du succès ?
Le bénévolat est précieux, surtout dans les associations et les événements à but non lucratif.
Mais lorsqu’il s’agit de sociétés prospères, cette pratique devient plus problématique. Elle pose la question de la responsabilité sociale des entreprises dans le domaine du trail et au-delà. Si des participants paient des droits d’inscription qui frisent parfois les sommets, ne devrait-on pas exiger que cet argent serve à rémunérer équitablement celles et ceux qui œuvrent dans l’ombre pour la réussite de l’événement ?
Une opportunité manquée de créer de l’emploi
Dans un contexte de précarité économique pour de nombreuses personnes, ces grands événements pourraient être une opportunité pour embaucher localement, dynamiser l’emploi et offrir une rémunération juste à des travailleurs qualifiés. Plutôt que de toujours chercher à réduire les coûts via les bénévoles, pourquoi ne pas investir une partie des revenus dans la création d’emplois stables ? Ce serait un moyen concret de faire de ces courses un levier de développement durable, non seulement pour les participants, mais aussi pour les habitants des régions qui accueillent ces événements.
Face à cette situation, une réflexion s’impose. Et si les organisateurs de grands événements s’inspiraient du modèle des stations de ski, qui emploient chaque année des milliers de saisonniers pour faire fonctionner leur infrastructure ? Les épreuves comme le Grand Raid Ventoux pourraient ainsi proposer des emplois temporaires rémunérés, avec des avantages pour les participants comme pour les territoires qui les accueillent.
En valorisant le travail des saisonniers, ces événements pourraient non seulement redorer leur image mais également s’aligner sur des pratiques plus éthiques et responsables. Car au fond, peut-on vraiment continuer à fonctionner grâce au bénévolat dans un pays où tant de personnes attendent une chance de travailler ?
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