L‘entrainement de Kilian Jornet ?
Les interviews de Kilian Jornet sont relativement rares. Car si le champion maitrise sa communication avec une main de maître, sa parole hors réseaux sociaux n’est pas des plus courantes. Alors, quand il se livre en long, en large et en travers dans GQ, on se délecte. Et de surcroît quand c’est pour évoquer son rapport à l’entraînement, à son rythme de vie, ou encore à sa préparation mentale. C’est une thématique qu’il approchera notamment dans Above the clouds, son nouveau livre, dont la sortie est prévue le 25 août.
Kilian Jornet et son rapport à la nature
Un des buts de Kilian Jornet est de sensibiliser les gens à la nature et à leur santé, mais avec une méthode plutôt responsabilisante et pas coercitive (souvent le problème des écologistes en général) :
« J’espère que mon livre invitera les gens à sortir au grand air et à se préoccuper davantage de la nature, mais aussi de leur propre santé. Je crois que si on s’aventure de plus en plus dans la nature, on peut développer une relation particulière avec elle qui nous fait comprendre que nous devons en prendre soin.»
L’entraînement de Kilian Jornet
De l’aveu même de Kilian, son quotidien depuis le début de la pandémie n’a pas énormément changé (au-delà du fait que les courses son annulées). Il profite de pouvoir s’entraîner chez lui et passer du temps en famille. Comment s’entraîne-t-il chez lui ?
« Je me lève à 6 ou 7 heures le matin, je prends un petit déjeuner et ensuite je débute une longue séance d’entraînement. Ça peut être une longue journée en montagne (6 ou 7 heures) ou alors 2 heures sur du plat en essayant d’aller vite. Ensuite, le soir je vais courir une heure ou faire une heure de vélo (…) Je prépare un programme en fonction de mes objectifs, qui peuvent être une course de longue distance soit une expédition. Puis je me tiens à ce programme toute la semaine. Une course tranquille le lundi, entraînement par intervalles courts le mardi, tranquille le mercredi, je travaille la force le jeudi, entraînement par intervalles longs le vendredi, longue course le samedi et longue journée en montagne dimanche. ».
Juste pour rappel, sur Sierre-Zinal, il a fini les 30km à du 21km/h. Donc sa conception du deux heures vite sur du plat n’est pas forcément la même que la nôtre…
Kilian Jornet ne veut pas tomber dans le surentraînement
C’est bien une thématique face à laquelle on a tous intérêt à faire attention. Et l’avantage, c’est que tant les amateurs que les élites sont égaux face à ce risque. D’ailleurs, Kilian le dit bien :
« Je pense que les athlètes d’élite sont mauvais pour ça. Si vous devenez un athlète de haut niveau, vous êtes habitué à accepter la douleur. Le problème est ailleurs. Quand la douleur finit par laisser place à une certaine forme de confort qui s’installe longtemps, c’est là qu’on peut ne pas détecter les signaux du corps. Si par exemple je pars pour une longue course et que je me dis que je me sens vraiment fatigué… Eh bien, si la motivation n’est pas là, ça veut dire beaucoup. Si vous manquez de motivation pendant plusieurs jours, ça veut dire beaucoup. Pareil pour les douleurs musculaires. Quand vous en arrivez là, il et temps de changer votre programme et peut-être de relâcher un peu. Mais on va souvent trop loin ».
Là, je dois bien avouer que j’aurais pas pu mieux le dire…
Le poids et l’alimentation de Kilian Jornet
C’est une thématique qui me parle assez particulièrement, car le rapport à l’alimentation depuis que je fais du trail a toujours été quelque chose d’assez problématique (du moins jusqu’à ce que je trouve un diététicien du sport hyper compétent). Interrogé sur la pratique d’un régime alimentaire, voici ce que déclare Kilian (sachant qu’il revient plus en profondeur dans son livre dessus) :
« Pour progresser, on ne suit pas une trajectoire rectiligne. Il y a des hauts et des bas. Parfois vous vous entraînez très dur, vous ne progressez pas et c’est frustrant. Dans ces cas-là, vous vous dites « ok, qu’est-ce que je dois faire ? » et vous commencez à réfléchir à des raccourcis. Ce n’est pas le bon état d’esprit. On peut être amené à penser au dopage ou bien à être obsédé par son poids. Evidemment, plus on est léger, moins on a besoin d’énergie pour bouger. Et la façon la plus facile d’être plus léger, c’est de manger moins. Ce n’est pas la bonne solution à long terme. Si vous engrangez moins d’énergie, vos muscle ne se forment pas et votre squelette se fragilise. Même si ça fonctionne pendant un court laps de temps, ça va devenir un gros problème à long terme, physiquement et psychologiquement (… Je ne compte pas ce que je mange, je mange quand j’ai faim. Notre corps communique et il ne faut pas l’ignorer. Alors pendant les courses c’est différents, je compte mes calories. Mais dans la vie non (…). J’essaie juste de manger de bonnes choses qui ne sont pas transformées. »
C’est assez chouette de voir que plus on monte de niveau, plus on s’aperçoit que l’ascétisme ne doit pas être une fin en soi pour progresser et être épanoui. Après, comme l’explique Kilian, le contexte autour d’un ultra est un peu différent, les besoins en énergie n’étant pas les mêmes. Justement, comment ajuste-t-il son régime avant un gros événement ?
Pour Kilian, le principal est de ne pas trop changer les choses. Si vous n’êtes pas habitués à manger trop de pâtes et que la veille, vous vous faites une énorme plâtrée, pas sûr que votre estomac appréciera trop. La stabilité est importante pour éviter les problèmes de digestion.
Pendant la course, il explique qu’il essaie de se tenir à la consommation de 300 calories par heure. Ça ne me semble pas énorme, cela dit. Il va essayer de consommer des glucides que son corps parvient à brûler rapidement et reprendra la dose de nutriments nécessaires quand il rentrera chez lui.
Et l’hydratation de Kilian Jornet ?
En ce qui concerne la soif, Kilian parle d’un ratio de transpiration (je ne connaissais absolument pas ça) :
« Vous vous pesez avant la course et après. Disons que vous perdez un kilo et qu’il fait 20 degrés dehors, vous savez combien de millimètres vous perdez par heure. Vous savez ce qu’il vous manque et quel pourcentage de perte vous pouvez envisager. Mais lors d’une expédition, vous ne pouvez pas transporter des litres d’eau. Il faut trouver le bon équilibre entre ce que vous pouvez transporter et ce que vous pouvez boire. Ça tourne souvent autour de deux litres. »
source : https://www.gqmagazine.fr/lifestyle/article/comment-sentraine-kilian-jornet-champion-dultra-marathon
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