Benoît Girondel a franchi ce week-end la ligne du Trail Runner Grand Valence, main dans la main avec Côme Vermeille. Ce n’est bien sûr pas sans rappeler la diagonale des fous 2018, où il avait franchi la ligne d’arrivée main dans la main avec François d’Haene.
Plusieurs personnes ayant décidé de voir le verre à moitié vide en permanence disaient qu’il ne s’agissait que d’un coup de communication (ces mêmes personnes diront que Girondel devient expert là dedans). Au contraire, pour une majorité, on voyait ici la substantifique moelle de l’esprit trail.
L’esprit ambivalent du trail
Ce que je trouve chouette dans cette symbolique, c’est qu’elle définit très bien l’aspect un peu ambivalent du trail. En effet, elle nous montre que sur un ultra (ou même sur du plus court), on est à la fois partenaires et adversaires. On a tendance à parler du foot comme du plus individuel des sports collectifs ; je reprendrais bien cette formulation pour dire que le trail est, a contrario, le plus collectif des sports individuels (et c’est pour ça que j’aime autant ce sport).
L’esprit Coubertin dans le trail
Ce que je trouve bien aussi, c’est que face à cela, les fédérations et les organisateurs continuent de bugguer. On se souvient qu’en 2017, aux championnats de trail en Belgique, les deux premiers étaient arrivés à égalité. Face à cela, les organisateurs leur avaient reproché « le manque d’esprit de compétition et leur manque de volonté à battre l’adversaire ». A part les inviter à aller jouer à touche camion sur l’autoroute, pas grand-chose à faire.
Idem à la diagonale, Girondel et D’Haene avaient le même chrono, mais sur les classements, c’est Benoît qui est marqué comme vainqueur. Cette médiocrité intellectuelle dont les organisateurs font preuve montre que le trail a un petit quelque chose que les autres disciplines n’ont pas, peu, ou plus. Alors oui, on a des histoires comme ça tous les week-end sur toutes les surfaces, mais c’est chouette de voir que l’esprit de Coubertin n’a pas encore été perverti totalement chez les élites.
Le seul cas où je vois encore un peu de ça à assez grande échelle, ce serait dans le rugby, où les joueurs s’envoient des caramels colossaux pendant quatre vingt minutes pour se faire des câlins une fois que c’est fini. Et pour moi, l’esprit sportif, c’est ça et rien d’autre.
Et rien que pour ça, vive le trail !