Xavier, qui après sa deuxième place à l’UTMB a fait tout un discours écologique alors qu’il revenait du Japon, vient ENFIN de déclarer qu’il ne prendrait plus l’avion pour courir. On plussoie !
Après, où est la limite ? Combien de kilomètres peut-on faire en voiture pour aller participer à un trail ? Faut-il courir uniquement local ?
On ne va pas vous faire l’insulte de vous présenter Xavier. Après une année 2019 où il a remporté l’Ultra trail du Mont Fuji et le marathon du Mont Blanc, où il a fini 2ème de l’UTMB (il faut bien admettre que ce jour-là, Capell était imprenable), et où il aurait dû prendre le départ des Templiers, l’année 2020 devait être celle de la liberté, l’année où il allait vivre totalement de la course à pied, quitter Asics et abandonner son métier de prof de ski (fonction qu’il exerçait entre décembre et avril). Le covid-19 est passé par là, et l’a un peu obligé à postposer ses objectifs. Le magazine Distances+ l’a interviewé en fin de confinement, et on y a appris pas mal de choses.
Xavier : en colère
Sur toute la partie de l’interview liée à la période que nous sommes en train de vivre (et dont, j’espère, nous commençons à sortir), Xavier est plutôt véhément.
Il pointe une contradiction (tant chez les politiques que chez les citoyens), à savoir qu’on n’écoute pas les scientifiques à propos du changement climatique, alors que pendant la pandémie on les a écoutés. Là-dessus, pas grand chose à redire. Idem, il s’énerve un peu sur l’absence d’exceptions. On l’a suffisamment dit, on n’a jamais vraiment compris pourquoi il fallait appliquer les mêmes règles en Ile de France qu’au fin fond du Cantal. Il vient juste de découvrir à quel point la France était un état jacobin, avec ses avantages et ses inconvénients.
Xavier fait ensuite un parallèle qui, personnellement, me gêne un peu. Il va dans la même veine qu’Antoine en déclarant :
« Il ne suffirait pas de se priver beaucoup pour changer les choses, comme de consommer bien, en consommant bio, ou encore ne pas systématiquement acheter le dernier truc qui sort. Ça, ça aurait un impact considérable. Mais certains, la première chose qu’ils vont faire quand c’est possible, comme on a pu le voir, c’est d’aller consommer du fast food en se précipitant au McDo. La consommation de ces produits-là est bien plus délétère que le corona. Il faudrait éduquer les gens pour faire comprendre l’impact réel de la malbouffe sur notre environnement, sur les conséquences, par exemple, d’acheter une barquette de bouffe ultra transformée. »
Xavier : moralisateur du bien manger
J’ai toujours du mal avec cet espèce de complexe de supériorité que peuvent avoir les moralisateurs du bien manger. Oui, on le sait bien que consommer du macdo, c’est pas l’idéal. Après, les gens font ce qu’ils veulent, et ce n’est pas en leur disant que le fast food est plus grave que le corona que ça fera changer les mentalités.
On sent bien que Xavier est passionné, et sur le fond, je suis en accord avec ce qu’il dit, mais un peu de pédagogie ne ferait pas de mal et rendrait le message beaucoup plus audible. Car là, si je n’étais pas d’accord avec lui, je le prendrais pour un bobo écolo qui vient de découvrir que c’était mieux de manger local et de ne pas trop consommer, alors que je sais bien que c’est pas vrai.
Xavier : prochains trails
A la base, Xavier devait faire le MIUT, le Nord trail du Mont des Flandres, le marathon du Mont Blanc, la Hardrock et l’UTMB.
Forcément, ça tombe un peu à l’eau. Il n’exclut pas de participer aux Templiers (en espérant que cette fois, il ne va pas déclarer forfait le matin même), mais surtout il évoque des traversées, et notamment celle du GR20 (il l’avait fait l’an dernier avec Benoît Girondel) ; et pourquoi pas essayer de battre le record de François D’Haene ?
Un coup de coeur
On a souvent vu Xavier critiquer le mode de vie ultra consumériste et anti-écologiste. Il disait même avoir honte de devoir prendre l’avion pour faire son métier (peu de temps après avoir été au Japon pour l’Ultra trail du Mont Fuji). On s’est demandés si c’était une des raisons pour lesquelles Xavier avait décidé de quitter Asics et de récupérer une certaine liberté dans le choix des courses.
Pourquoi un coup de coeur ? Parce que quand il est interrogé sur la Hardrock 100, voici ce qu’il dit :
« Je ne suis pas sûr d’y retourner en fait. J’ai envie d’être en accord avec moi-même et je me demande si c’est très raisonnable, encore aujourd’hui, de prendre un vol long-courrier pour aller courir, alors qu’on a tout ce qu’il faut à côté près de la maison, dans les Alpes. Je me dis que c’est un mal pour un bien. Il n’y a peut-être pas de Hardrock cette année, mais ça m’évite de prendre l’avion. Plus les années passent et plus je me dis que ça ne rime à rien de faire 15 000 bornes pour aller courir à l’autre bout du monde. Ça ne risque pas de se reproduire, je pense. Je vais rester sur l’édition 2016 avec Kilian, qui était très sympa »
Plus généralement, Xavier a un message globalement assez anti-consumériste. Qu’il choisisse de ne plus faire de courses à des milliers de kilomètres de chez lui, je trouve ça très bien.